samedi 31 mars 2012

La mue

 

Opérer la mue, en conservant la coque et la quille d'origine
Guérison en Avalon, le repos royal avant le retour promis
Passage de l'onguent sur le rouge puis faire patte blanche
Se garnir la coquille de la légende que l'on s'écrit à l'épais



Des vues

De la navigation




J'ai la barque percée, les mains pour écoper
le vent plat, les poumons pour souffler
la dérive pliée, une rame pour diriger
quand tout prend l'eau, qu'il n'y a qu'horizon
le bois blanchi flotte et finit toujours
par rejoindre la rive
la lumière sourire à la chute de l’œil
sur le désert marri et marin
l'on croise le vol des oiseaux blancs
et la migration des baleines
suivre les ours vers les côtes
dessus les glaces et les banquises célestes
le regard tendu du coucher orange
aux collines jaunes.

L'oyat frémit, l'ouïe farcie, l'onde férit
                 je sens la rive



Des vues, Brève

De la cueillette : Du dehors

Qui n'a dormi dehors en retrait des chemins, hors des regards, ne sait rien, rigoureusement, de la retraite et de la solitude.

vendredi 30 mars 2012

A la porte

Être terrestre je dirai
que la mer commence à mes pieds
finit où elle n'est plus épiée
Mais de la mer n'y connais
moi qui ne fut jamais marin
Ces mots-là sont comme une mer
miniature d'une grammaire
que ces pauvres mots de terriens
Commune ancre portée de l'être
Comme l'être doit se porter
plus loin qu'une interne portée
commune encre qu'il faut émettre
très loin pourtant d'un pentateuque
Opprimé de n'être comite
échoué de dunes troglodytes
elle ne joue de limites que
celles de l'être qui l'exprime
en marinier mouvant ses os
sur sable versé vers ces eaux
et le vin plus que dans la rime

Aussi je n'ai de prétention
de pénitence de pêcheur
ni de l'errance du pécheur
mais d'imputer cette tension
de l’apprêter de tous ces mots
Je ne gage que l'âpreté
ne joue que quelques à peu près
en caquetant dans le mélo
Ce faisant j'en garde les clefs
n'étant certain que de ne l'être
cerné englosé par la lettre
point dégagé des rocs cerclés
J'en ai ré-ouvert l'embrasure
et le courant tout s'infiltrant
reste le premier impétrant
discourant dans mes commissures
Reste en connue mon équation
d'avec mon monde néanmoins
de ce monde lointain témoin
inconnu sans adéquation



La marée

mercredi 28 mars 2012

Interme/r/de

     Et si je vous disais qu'hier je vous ai délivré le dernier mot des marées. Si je vous disais qu'il m'a fallu une année pour m'en détacher. Que si la marée va et revient, la dune aussi avance, mais elle, ne se retire pas. Que les brèves sont bien jolies, mais ne sont pas le fond de mon encre. Cette encre arrachée au couteau sur les rochers verts et noirs, et glissants, cette encre remontée dessous les eaux, moi qui n'aime pas me mouiller. A présent que la chair est extraite, reste-t-il du corail à gratter ? J'en suis à la fois dénudé, le coquillage vidé, et tout aussi désemparé que lorsque je les ai commencé. A se dire à présent à quoi bon, mais ai-je tout donné ? C'est une page revue, et pour en être revenu, ce n'est vidé ni empli, mais refait, faut-il tourner ? N'en reviendrait-il pas à retourner vainement un courant en vase clos, ainsi garder une marée en bocal ? Absurdité...


 
      Qui plus j'ai en l'esprit les mots parasités d'un autre, sa musique comme un écueil, le récif où l'on s'accroche, mais dont il faut se libérer. Alors sans l'habitude, presque à contre-cœur, je vous donnerai ses mots, les lui emprunterai, en partagerai le secret, en attendant de me renouveler. En attendant de voir si le courant peut encore m'apporter de ces vaisseaux nacrés, de ces squelettes d'oursins, d'autres os de seiches sculptés. Car il est bien vrai, «  Un bateau, ça dépend comment / On l’arrime au port de justesse »... Ainsi vous laisse à Léo...


 
La marée, je l’ai dans le cœur
Qui me remonte comme un signe
Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne
Un bateau, ça dépend comment
On l’arrime au port de justesse
Il pleure de mon firmament
Des années lumières et j’en laisse
Je suis le fantôme jersey
Celui qui vient les soirs de frime
Te lancer la brume en baiser
Et te ramasser dans ses rimes
Comme le trémail de juillet
Où luisait le loup solitaire
Celui que je voyais briller
Aux doigts de sable de la terre

Rappelle-toi ce chien de mer
Que nous libérions sur parole
Et qui gueule dans le désert
Des goémons de nécropole
Je suis sûr que la vie est là
Avec ses poumons de flanelle
Quand il pleure de ces temps là
Le froid tout gris qui nous appelle
Je me souviens des soirs là-bas
Et des sprints gagnés sur l’écume
Cette bave des chevaux ras
Au raz des rocs qui se consument
Ö l’ange des plaisirs perdus
Ö rumeurs d’une autre habitude
Mes désirs dès lors ne sont plus
Qu’un chagrin de ma solitude

Et le diable des soirs conquis
Avec ses pâleurs de rescousse
Et le squale des paradis
Dans le milieu mouillé de mousse
Reviens fille verte des fjords
Reviens violon des violonades
Dans le port fanfarent les cors
Pour le retour des camarades
Ö parfum rare des salants
Dans le poivre feu des gerçures
Quand j’allais, géométrisant,
Mon âme au creux de ta blessure
Dans le désordre de ton cul
Poissé dans des draps d’aube fine
Je voyais un vitrail de plus,
Et toi fille verte, mon spleen

Les coquillages figurant
Sous les sunlights cassés liquides
Jouent de la castagnette tans
Qu’on dirait l’Espagne livide
Dieux de granits, ayez pitié
De leur vocation de parure
Quand le couteau vient s’immiscer
Dans leur castagnette figure
Et je voyais ce qu’on pressent
Quand on pressent l’entrevoyure
Entre les persiennes du sang
Et que les globules figurent
Une mathématique bleue,
Sur cette mer jamais étale
D’où me remonte peu à peu
Cette mémoire des étoiles

Cette rumeur qui vient de là
Sous l’arc copain où je m’aveugle
Ces mains qui me font du fla-fla
Ces mains ruminantes qui meuglent
Cette rumeur me suit longtemps
Comme un mendiant sous l’anathème
Comme l’ombre qui perd son temps
À dessiner mon théorème
Et sous mon maquillage roux
S’en vient battre comme une porte
Cette rumeur qui va debout
Dans la rue, aux musiques mortes
C’est fini, la mer, c’est fini
Sur la plage, le sable bêle
Comme des moutons d’infini...
Quand la mer bergère m’appelle

La mémoire et la mer, Léo Ferré



 Calibrage

mardi 27 mars 2012

Du piètement




Ce n'est pas parce que je suis
debout la nuit
que je me sens moins petit.
Alors, adossé, je m'accroupis,
une chaleur canine sur les genoux,
l'autre truffe, dressée, dans mon oreille.
Ainsi, nous sommes sur le même pied.



 Des vues, Quotidien

L'écume en tonneau

Toutes les empreintes de mer ne font qu'érafler les grains, toutes les morsures de mer ne font que griffer la pierre. La dune recule et la falaise s'accule, comme les rides et les plis se dessinent sur la feuille. La mine se fatigue, devant le geste inlassable qui balaie toute permanence. Mon auteur, si je te relis, tes mots ont changé. Mon aurore, ton miroir glisse sur les éclats des vagues. Mon enfant, le courant de ton regard enveloppe bien des lumières.
Le temps perce, mais l'essence ?
Les heures en perce, mais que brûle ?
Je comprends bien, mettre l'écume en tonneau...
Les vérités des autres coûtent, et nous sommes bien misérables. Le sel élime les mailles, l'eau les resserre, pourtant les toiles sont tendues, figeant partialement des images partielles. Lors en s'exposant, les tableaux s'imposent, posant la question du partage, de la persistance, mais aussi du schisme et de la violence du morcellement. Ne sont délivrées que des palettes qui se délavent, des instantanées qui s'entêtent à fixer des fuites. Et opiniâtres, les pinceaux et les plumes pourtant s'obstinent à transmettre des instants binaires et des pertinences lunaires.
Les yeux percent, et l'essence.
Les heures en perce, mais que ne brûle ?
Je comprends bien, mettre l'écume en tonneau...
La présence et ses désirs égratignent le papier, tandis que la marche abîme les traces et ses volontés. Dessous l'écume, l'eau volage vainc, si s'en va, reste néanmoins et revient de corps. Mon auteur, à te relire, tes mots m'auront tout dit. Mon aurore, les teintes des vagues se mireront du crépuscule. Mon enfant, les rais même hagards, même sans regard, n'en sont pas moins vrais.
Le temps erre, et l'essence.
La permanence perce l'Horloge et rend nul.
Je comprends bien, mettre l'écume en tonneau...



La marée

De la cueillette : De la canne II

A l'usage de la canne, par ailleurs, l'on apprend à arrêter le coup. Ceci pour éviter deux retournements : l'entraînement de l'être par le geste, et le retour du bâton contre l'être.

De la cueillette : De la canne I

 l'usage de la canne

lundi 26 mars 2012

dimanche 25 mars 2012

Démêler les fils




Démêler les fils, les dérouler
tendre les filets, les repriser,
pour cette nuit les détendre et
prendre de quoi remplir le jour.


Des vues

Mars en juillet

Te souviens-tu des tempêtes plates,
De mars paré en juillet
Et des pluies de juillet,
Où le ciel coquet s’enorgueillit
D'un duvet d'oies sauvages.
Je chantais, à côté, tu dansais cruellement,
Jusqu'à ce que les mains se croisent.
Puis j'ai laissé à la plaine les noirs corbeaux
Vers, des falaises, les blanches mouettes.
Les murs nous réclamaient.
Alors la côte m'a nourri.
Le granit gris contrastait
Avec le calcaire blanc,
Donnant à voir leurs histoires.
Les landes s'ouvraient sur de larges bois,
Qui eux-mêmes couvaient
Des cités d'ardoises et de pierre.
J'ai gouté les brumes et le blé noir,
Longé les voiliers, pris le large.
Nous mangions notre pain dur.
Lassées de sel et de salicorne,
Délaissant les larges baies,
Les oies vers l'est migrèrent.
Quittant les marées pour les terres,
Les façades grises pour l'ocre.
Du duvet ramassé, nous avons fait
Des parures délavées des nuits.
A l'automne, où le ciel se pare des victoires,
Nous marchons humbles,
Avec la faux et l'alter lacté,
Se souvenant des tempêtes plates,
De mars paré en juillet,
Et des pluies de juillet.



La marée

De la cueillette : De la tenue debout

Il n'est rien de plus droit que les colonnes des parlements, des palais et des temples. Ainsi, pourquoi attendre de la droiture de la part de l'Homme ?

samedi 24 mars 2012

De la cueillette : Cynique ? Cynique. II

Le cynisme n'est en fin de compte qu'un objectivisme poussé à outrance, ou un objectivisme outré.

De la culture des lumières




la lumière ne tombe pas que du ciel,
elle sort aussi du sol
elle perce la terre et l’œil



Des vues

Des lumières




Au couchant, l'on cherche la lumière sur la mer, se tourne vers d'autres à défaut. Papillons de nuit affairés, instincts ailés hélés. L'inquiétude cesse-t-elle lorsque l'on sait faire sans la chercher ? Lorsqu'on dépasse ce stade enfantin et acquiert la permanence des choses ? Si tu disparais, maman, ce n'est pas parce que tu n'existes plus. Je sais la lumière présente, même lorsque je ne la vois pas.
C'est ce qui troue le paysage, ce que perce le regard. Ce qui lève la main, dresse le poing du cœur.
La lumière ne tombe pas que du ciel, elle sort aussi du sol.



Des vues

vendredi 23 mars 2012

De la cueillette : De la tangente

Soi n'est pas assez tangible pour se contenter d'y croire.


                  - l'autre non plus d'ailleurs -

Du puzzle

Comme si tout était simple
comme si tout s'emboitait sans effort
comme si toutes les pièces découlaient d'elles-mêmes
comme s'il n'avait pas besoin de rabot, de lime, de papier à poncer
comme s'il ne fallait rogner aucun angle, ni arrête
comme si les mains étaient exemptes de coupures, brûlures, ampoules
comme si le corps, dedans, dehors, ne fournissait aucun effort
comme s'il y avait une notice, un modèle
comme si tout était facile, rapide, sans réflexion, sans erreur,
comme s'il en avait toujours était ainsi
comme s'il ne fallait jamais changer de pièces
comme s'il ne fallait jamais refondre une pièce
comme s'il n'en manquait jamais
comme s'il ne fallait faire sans certaines pièces
comme s'il ne fallait jamais extrapoler un peu, imaginer, inventer
comme s'il ne fallait jamais risquer, échouer, recommencer
comme s'il ne fallait aucune crasse ni sueur, aucune odeur

Le puzzle, c'est un jeu
c'est un jeu long et guerrier
une ébénisterie où l'on monte
une marqueterie patiente
des bouts de soi et d'autres en
perdant des bouts de soi et d'autres
la pièce finale n'existe pas
pas plus que de cadre en bois
et ça y va, et ça ira
j'aime bien travailler le bois
et ça y va, et ça ira
je suis le fil
puis on verra
ce qui restera
des dix
doigt


Brève, D'être

jeudi 22 mars 2012

De la basse-cour




   C'est le jour, c'est la saison, les portes s'ouvrent, comme les pores. Chacun se retrouvent dehors et cherchent et picorent. Les poules grattent le sol, gloussant sous le pavane des coqs, la poitrine cherchant à rattraper le menton. Les dindes parées déambulent groupées. Les poulets circonspects surveillent l'ensemble. De temps à autre, sur une réserve fière, le paon roule ses états sous les regards dédaigneux de cet état. Tout là haut, survolant la mascarade, quelques canards sauvages passent dessus sans s'émouvoir plus avant. Bientôt poussins se joindront au tableau, ainsi que piaillement. Puis le fermier n'aura que choix pour assouvir rôtis et ripailles.
   C'est le jour, c'est la saison, les portes s'ouvrent, la basse-cour s'ébouriffe, s'exalte et exulte.



Des vues

De la cueillette : De la dérive appropriative

La philosophie et la religion sont paroles et rites. Le sentiment de sectarisme nait de la régence de ces derniers par un groupe d'individus.

Dialogue : La déclaration de l'épouvantail

Amarrés à la dune, sable trop fin, aujourd'hui et demain,
En bute aux marées qui l'érodent sans fin,
les doigts gourds,aveugles et sourds aux vaines sépultures,
graveront sans trêve, en crêtes, rides et gerçures.

du regard aveuglé
des doigts trop fins
des bouches creuses
sortiront, enfin,
du fond de nos jours et de nos nuits
fantômes d'écume
pour toujours
en nous
retenus

 Regard à la hune, sable trop fin, aujourd'hui et demain,
En lutte aux marées qui l'érodent sans fin,
les doigts gourds,aveugles et sourds aux vains souvenirs,
graviront sans trêve, en crêtes, rides et gerçures.

du regard dévoilé
des doigts sans fins
des bouches pleines
sortiront, enfin,
du fond de nos jours et de nos nuits
fantômes d'écume
pour toujours
en nous
dé-tenus

 merci à Christine pour sa participation involontaire
Quatre rames

mercredi 21 mars 2012

Du passage

Pas sage,
parfois
passeur,
sans foi,
passant
ci et là
gîte et gît
en pensée.
Passant.


 Brève, D'être

Philosophie, deuxième heure

Le phénix dans son vol s'éloignait, battant de ses flammes pétales d'oranger.
Il laissait derrière lui dans les nues grises quelques spectres indemnes de toutes brûlures.
Deux trainées s'opposaient, pastelles dans un banc de ciel.
Un bleu nuancé veillait, tranquille, sur la seconde, la couvrant d'une paix divine.
Un rose épuré chauffait, paisible, la première, la réchauffant de sérénité céleste.
La lumière réverbérée par les nuages ternes reflétait pâle dans ce lointain.
Le foyer s'épuisait, se dressant péniblement.
L'océan grisâtre étendait son empire, combattant les bords sablés.
Les mornes soldats allaient, guidés par le vent naissant, celui-ci jouant de leur docilité.
Les nuances pâlissaient progressives.
Le maussade envahit la voute, poursuivant le soleil dans sa fuite vaine.
C'était un matin.

2000

Reliquat, Brève

Philosophie, première heure

Les vagues de velours de leur écume chaude battaient les bordures célestes.
Les nues ardoisaient d'un feu de braises, et s'étendaient loin, portées par la bise matinale.
Les cieux se striaient de ces flammes courantes sur les nuages, se teintant de pétales de roses.
Des trilles d'or s'élançaient parsemées sur des lys bleutés.
Le foyer ardent de l'Astre envoyait loin ses flammes.
Des fantômes avançaient désordonnés, poussés par cette même brise, l'éclat pâle de leurs torches s'allumait doucement.
Le ciel s'embrasait de plus en plus, mordorant ses limites infinies. La fusion se répandait d'or et de lumière, pour illuminer ce matin.
Une main invisible levait sur ce feu, pour qu'il se propage et s'apoge de nuances et lumières sous la voute.
Les chimères fuyaient cette chaleur, se réfugiant dans l'ombre.
L’éblouissante clarté s'élevait orangée, brulant lentement d'un combustible inexistant.
Un ange levait ses ailes blanches sur ce spectacle, bénissant la pureté de l'aurore.
Cette sublimation arrivant à son apogée cristallise de neige claire ce qui fut un instant rougeoyant.
Le phénix inonde l'univers de ses ailes de lumières.
C'est le matin.

2000

Reliquat, Brève

mardi 20 mars 2012

De la cueillette : Conjugaison

Il est toujours possible d'être sans avoir; d'avoir sans être.
Il est toujours possible de savoir sans faire, et de faire sans savoir.
L'accomplissement doit certainement se situer dans l'équilibre de ces actions.

Enragement domestique

   Qu'ils croient, qu'ils croient. Ils seront bien fins, aux heures propices, de surprendre l'envol. Ce n'est pas parce qu'on n'entend pas une voix qu'elle n'existe pas. Ce n'est pas parce qu'elle ne prononce pas qu'elle ne parle pas. Quelle sottise de cueillir un bouquet sans boutons, quelle sottise de cueillir un bouquet. Il n'est que déplacé de sa nature. Je me souviens de cette ancienne histoire, que racontaient les cols blancs, avant leur éradication. Cette histoire sur ce personnage oublié jusqu'à son nom, mais qui puisait sa force en ce qu'il avait réussi à faire oublier, refuser, récuser son existence. Grand bien lui fit d'ainsi pouvoir œuvrer à sa guise.
   Ils ne misent que sur l'apparence, et bien soit, ils sont pourtant incapables d'en déceler les signes. Garder l'essence, oui, conserver la braise, oui. D'où tout peut renaître. Il sera bien temps. Préservons, persévérons, avec constance. Patience, mon poil, patience, mon croc, bientôt vous jaillirez. Tu continues à croître, tu continues à luire. C'est ce qui importe. Bientôt, le déploiement du dedans débordera au dehors dans un ravage sourd. Bientôt.



Brève

lundi 19 mars 2012

L'anniversaire





    Hier c'était un anniversaire. Cela fait six mois. Sans formation, avoir et assumer le titre. Un apprentissage sur le tas. Un tas d'angoisses et de rires. Une profession sans diplôme, pour d'autres, un sacerdoce, rémunéré au tracas et au bonheur. Un état perfectible peut-être, aussi un état d'être. Cela peut tout aussi être une fierté à brandir, comme une banalité à sourire, qui ne s'appréhende que lorsqu'elle nous touche. Une touche majeure, que cette note mineure, qui joue, qui joue sa musique. Et l'on compose. Pour l'instant, depuis six mois. Un ballon qui gonfle d'orgueil, un œdème qui gonfle d'appréhension. Une fébrilité inquiète. Cela fait six mois que je suis père.



Des vues, Quotidien

Du crépuscule

      C'est à l'heure où il ne reste que l'espace d'un coup d'aile, que la paupière du ciel regarde. Et dans ce regard, elle empreinte à ta peau son grain. Celui de lorsque tu es heureuse. Alors ce regard brûle fugace, il faut s'en saisir. Vite, très vite, il se fait diaphane, diffus, et se perd dans la cendre. Si dès lors le soir est seul, c'est là que se retrouve cette braise éphémère, que j'aime à tenir dans les yeux.



Brève, Quotidien

Important

 La cacophonie de l'aube

- le capharnaüm du ciel -

dimanche 18 mars 2012

Des cultures

Faire parti du monde, peut-être. Prendre part au monde, certainement. Mais d'abord, élever son monde, y prendre part, le faire évoluer, progresser, progresser avec lui. Après la première tonte, viennent les premiers semis. Avec eux, déjà les bourgeons. La saison morte se finit, et les pluies viennent impromptues concerter avec la lumière. Bientôt, les premières tailles, ensuite, les fleurs, et les fruits. La beauté de l'accompli. Sa saveur.



Brève, Quotidien

De la cueillette : Du jeu d'enfant





Il y a ce jeu enfantin qui consiste à frapper aux portes, et puis s'enfuir. Lorsque la porte s'ouvre, l'enfant a deux réponses, qui le distinguent. Le premier s'en trouve bien confus. Le second, se porte, et salue.



De la cueillette, Des vues

Du duel






Je ne suis qu'un conflit. Un chien et un loup qui cohabitent. Un loup qui apprend l'être, un chien qui s'apprivoise. Un élan de flux et de reflux, la marée qui apaise ou gonfle au vent. La pression des fibres d'une voile à tendre, une volonté et un désir de tendre. Et ces fibres sont tissées des dedans et dehors. La construction d'un espace simultané dans une place qui ne m'est pas créée et qu'il me faut conquérir. Tout est ainsi conquête, sur l'intérieur et l'extérieur. Ainsi guerre où perdre des miettes et dévorer d'infimes parcelles, sous des formes posées ou gagnées.
Je ne suis qu'un conflit silencieux dont l'écho résonne dans l'acte. Le mot n'en est qu'un reflet, une image sur laquelle s'appuyer et renvoyer comme la pierre sur le chemin. Et dans la besace, j'amasse librement les galets de ma plage. En délaisse, en échange, en une mosaïque constituant un trésor. L'objet de la conquête. La falaise est le pas de la marche à gravir, non pas l'ennemi. C'est déférent que je me présente devant cette marche. Muni de la compréhension erronée et fluctuante. Le conflit est le mien, interne, et je ne peux suivre le fil si je le renvoie sur l'autre, je ne l'assume.
Je ne suis qu'un conflit. Un chien et un loup qui s'apprennent. Et la paix de l'un et de l'autre, de l'un avec l'autre est la condition pour qu'ils cohabitent avec les formes de la liberté externe. L'équilibre du dedans est les pas de l'équilibre extérieur. Chacun ensemble est prêt à prendre sur soi, non pas se soumettre, une abnégation sans abdication. Non pas soumettre, prendre la dépendance de l'autre, mais filer le fil de sa propre indépendance pour tendre sa voile. Le jeu des lumières sur les miroirs, les ombres pour les révéler. Non pas être vu. Être capable de se voir et voir.



Des vues, D'être

samedi 17 mars 2012

De la cueillette : De l'altérité

Les relations entre individus ne devraient pas reposer sur ce que l'on reçoit ou donne, sinon on aurait appeler cela les relations mercantiles, et non les relations humaines...

Des rondes

Le sommeil avec elle
Le café avec le merle
Le lait dans mes bras
Les chiens dans mes pas
La clope et le rouge-gorge
La tâche dressée à la forge
L'ambition avec ou pour la leur
Le jeu des fils en tisseur
Les prépositions en chemin de ronde
Pour sûr, je procède du monde



Brève, Quotidien

vendredi 16 mars 2012

Du manège des ménages


Remplir le tambour, le voir tourner, le vider. Défroisser et étendre, décrocher, plier et ranger. Recommencer. Monter le cheval, avancer. Descendre, puis remonter. Chaque jour, desseller, déceler, seller, monter. Suivre la boucle, le cul d'un autre, son propre cul. Puis celui d'un camion aux couleurs fluorescentes. Voir l'astre qui s'agite, tenter de le saisir, les lumières qui tournent. Remplir le plateau, l'entendre tourner, le vider. Essuyer et effacer les tâches d'eau, empiler et ranger.
Recommencer. Monter le cheval de bois, avancer. Descendre, puis remonter. Chaque jour, quérir et acquérir le ticket, monter. Suivre la boucle, le cul d'un autre, son propre cul. Puis celui d'une soucoupe volante clignotante. Voir l'astre qui excite, tendre à le saisir, les lumières qui tournent. Remplir les yeux, entendre, tourner, vider le superflu. Essayer, effacer les tâches, empiler et se déranger.
Recommencer chaque jour, monter, descendre du carrousel. Manège ménager, manège quotidien. Intégré au carrousel à prendre chaque jour, cérémonial rythmé, mécanique huilée. Huile dans le rouage. Courir sur la grande roue.


Brève, Quotidien

De la cueillette : Du Verbe IV

Les mots sont comme les pierres. Lancés en l'air, ils retombent. Pour suivre leur chemin, chacun doit être porté.

jeudi 15 mars 2012

La déclaration de l'épouvantail



Écrivons nos rides dans le sable,
Nous recommencerons demain
Jusqu'à ce que nos doigts soient trop fins.
Épouvantail de vent et de paille, j'égare les mouettes et écarte le monde. Je n'invite que le rêve et n'invente que la rive où étendre nos châteaux espagnols. Après la marée, ensemble amarrés, nous referons les rondes tours de sable. Patiemment attendant la prochaine montée, nous creuserons, raconte, le feras-tu, nos sillons.
Écrivons nos rides dans le sable,
Nous recommencerons demain
Jusqu'à ce que nos doigts soient trop fins.
Époumoné des gens et des failles, je garde les mouettes et regarde l'immonde. Je ne vends que la rive et n'évente que le rêve où étendre nos châteaux de sable. Face aux marées, je n'aurai à t'offrir que des grains et de la poussière. Sciemment, pas à pas, attendant la prochaine montée, nous creuserons, compte, le feras-tu, nos chemins.
Écrivons nos rides dans le sable,
Nous recommencerons demain
Jusqu'à ce que nos doigts soient trop fins.
En lieu de bouquets de nerfs, des bouquets d'oyats et de sel, nous garnirons de lumière nos yeux et nos mains. Si sur la crête des dunes, nous trébuchons d'autre part, aux creux des versants, j'irai peut-être plus loin repriser mes draps, et au bras de mer jeté, au-delà des brises lames, je te tendrai la voile.
Écrivons nos rides dans le sable,
Nous recommencerons sans fin
Jusqu'à ce que nos doigts soient trop fins.
Conte, le feras-tu, tenir sans retenue ni retenir l'amarre de l'épouvantail des écumes ?



La marée

De la cueillette : Du Verbe III

L'économie du Verbe n'est pas forcément un gain pour l'humain.

mercredi 14 mars 2012

De la cueillette : de l'amitié II

L'amitié est une notion qui rassemble bien des idées. Elle peut-être la personne que l'on connait depuis des années comme l'inconnu qui t'ouvre la porte un soir. Elle est d'abord celui qui ne juge pas.

Aparté

Alors les gens, cette reprise ?
Et vos déménagements, vous avez eu assez de bras ? Il reste des cartons je présume ? Et vous, mesdemoiselles, mesdames, vos grossesses ? Ça commence à se voir, n'est-ce pas ?
Ouh, et bien demain déjà, les vacances seront oubliées, ce sera comme si elles ne s'étaient jamais passées. Bien sur, on se souviendra de ton anniversaire, de toute cette terre remuée, peut-être de ce temps qui nous a cloîtré. Les prochaines arriveront vite, oui. Et bien alors, aux prochaines...
Les couloirs seront certainement déblayées, les cartons aplatis et emportés. Les ventres arrondis encore, ou mieux encore, les yeux pleins. Le gazon aura poussée, la barbe aussi.
Et bien alors, aux prochaines, à tantôt...


Des substances





Subvenir à mes besoins devint un jour essentiel.
Puis, pluriel, ça ne devint que substantiel.
Venir à nos moyens devient alors l'essentiel.


Des vues

mardi 13 mars 2012

Des rires des arbres




Si ils vont et viennent, les roues avancent comme les rires sous les arbres. Et d'est en ouest et d'autres tendres temps, ils balanceront encore complices leurs rires légers ou graves sous les arbres, comme du temps où il était bambin, où elle était jeune, où ils étaient enfants. Là il n'existe que ce rire et le rire de l'autre, et l'importance de ce rire. Peu importe les badauds, les gens satellites, la rumeur extérieure, rien n'existe d'autre que le prix de ce rire. La dépense n'a prime devant cette éternité volée.
Les roues avancent, entrainées par le balancement des arbres, leurs pleurs roux et leur réminiscence florissante,  entrainées par ces instants dont les traces invisibles restent offertes, palpables.



Des vues

Syntaxe marine

les marées roulent
déroulent le suspens
promesses d'inachevé
contre ses mers arrêtées
où viennent se buter
l'abandon des questions
le tranchant exclamé
ainsi qu'un regard
elles arrivent délasser
la ride en sable
la ride des âges
l'aride sage
portant en ses yeux
les obscurités et les blonds
du nacre et de l'opale
rien n'y finit



La marée

lundi 12 mars 2012

Un lieu




 
Un lieu qui n'en est pas un
Un lieu sans mur, sans graphes
et sans agrafes
Un lieu sans temps, fors
celui de la lune
Un lieu sans laisse où les
conventions se délaissent
Un lieu d'où l'on hume la mer
Un lieu sans expectative, où
rien n'est et tout peut, tout devient
Un lieu de soleil et de pluie chaude
Un lieu sentant le bois et l'iode
Un lieu où tu me tiens, où
je te tiens, sans tenant
Un lieu où les papillons sont
empereurs, colorés de liberté
Un lieu de partout, parenthèse
sur les trottoirs, où ensemble
s'endormir le soir
Un lieu présent quand tu es là...



La marée

Important

           Le pas de danse

- les seuils à franchir, ou pas -

De la cueillette : Du docte

Docte dogme n'est à même que de n'être autre chose que borne borgne peu amène.

dimanche 11 mars 2012

Des tours élevées





      L'ermite et le termite dressent leur tour, du labeur labile, atrabilaire parfois. Ils élèvent l'agrégat de leur nature en souverain dépourvu. Libéré du regard d'homme, ils éprouvent la vue réprouvant des hommes. Ils discourent des natures et se secourent de ses fruits.
Néanmoins de tempérament les uns survivent d'ensemble, l'un semble survivre. Néanmoins de tendance les uns s'infiltrent dans les bois et subissent les tempêtes, l'un filtre ses tempêtes et se suffit du bois.
Et chacun de sa pierre, se ramasse et s'achoppe, ramasse et chope, amasse et matelasse une geôle hospitalière où s'amasse leur reste.




Des vues

De la cueillette : Du plein

Toute plénitude est enviable, non par son objet, mais par sa nature. Mais son accession ne passe pas par l'envie, l'imitation, ou l'appropriation, qui engendrent une mécanique violente. Elle passe tout au plus par la compréhension, et un cheminement de soi.

De la cueillette : du nécessaire et du vain

Se suffire est souvent salutaire, cependant, la suffisance ne suffit pas.

De la cueillette : Du cheval et de la soif

Ne prend de leçon que celui qui est prêt à se la donner.

samedi 10 mars 2012

De la cueillette : Des esprits

Le bonheur n'est pas la concomitance d'événements extérieurs, induits ou arbitraires, mais un état d'esprit.

Calibrage

La fonction libellé ne s'affichant plus (allez savoir pourquoi), je vais re-titrer un certain nombre de posts, comme ces petites pensées, qui n'ont de titre que parce que le blog en demande un. Ils seront à présent "De la cueillette". D'autres libellés figureront au bas des posts.
Fi de ces questions de formes, bonne visite...

Du partage des espaces





    De voix claire, de notes en trident, tu emplis l'impalpable. Tu remplis l'air de l'ordonnance désaccordée de tes gestes. D'abord tu tiens, puis tu appris à gratter, fouiller, taper. A présent, tu apprends la caresse. Jusqu'à ton parfum parfois controversé, qui s'étend, s'étire, sentant l' affairement de ton expansion. Tu prends place, une contagion continue, considérable. Tu prends de la place, insigne et signifiante, m'accule aux recoins, mais ouvre les angles. Me hisse modique à me contenter de cette posture, me hisse immense et tutélaire sous ton ombre grimpante.
Jusqu'au jour où tu me lâcheras la main, me délaisseras ta voix qui aura perdue de son strident. Où tu me laisseras écrasé et vaste me cogner dans ce nouveau vide libéré. Et nous sourirons.
 


Des vues

Calibrage

Relativement étranger à cela, c'est assez important et nouveau pour moi pour que j'en évoque rapidement le fait : une première publication dont je ne suis pas l'éditeur. C'est-à-dire que quelqu'un a estimé (peut-être jugé, mais quelle importance, en fin de compte) qu'un de mes textes était assez valable pour être diffusé à une autre échelle que ce blog...
Bon, ce n'est en soi pas grand chose, mais cela provoque humainement un élan d'auto-satisfaction...
C'est comme dire, "c'est bon, à présent, je peux arrêter d'écrire". Mais ce n'est pas une fin en soi, surtout un jalon jouissif sur le chemin de la plage.
Mordre du sable, se frotter aux marées, avancer au vent, et aussi, atteindre le haut d'une nouvelle dune...

http://www.fpdv.net/article-fpdv-n-25-cedric-bernard-anne-lise-pelabon-101060094.html

vendredi 9 mars 2012

Canal

Les mots posés comme un psyché
pour renvoyer la simple idée
que ce reflet est consistant
Constituer l'empilement
de mots sensés et mal scellés
pour répondre du vide blet*



 brève

De la cueillette : Des épices

Le conditionnement est un condiment. Si l'assaisonnement ne sied pas ou plus au goût, il faut travailler encore à une nouvelle accommodation. Passer sa vie à s'enrichir de nouveaux condiments développe le goût, sans pour autant permettre le changement de condition.
On s'accommode d'une condition, mais on se complait d'un conditionnement.

Vigie de Saint-Pierre





   Sous l'ombre des terrasses s'échangent des secrets de théâtre à faire en oublier le moite printemps. Les yeux captifs s'enroulent autour des sons, et même Pierre de sa tour ocre et ornée est attentif, ses anges vers eux enjôlés. Il n'y a plus de toile de fond, et néanmoins toutes perspectives ouvertes se racontent silencieusement, intimes. Tout s'absorbe chaleureusement et les minutes se résorbent. Tout est quiétude, et promesse induite d'aube nouvelle, d'un automne lumineux.



Des vues

jeudi 8 mars 2012

Important

       jouer l'échéance


- se jouer de l'échéance -

Des barbes

Je n'ai jamais été drôle, c'est ainsi, le comique est une nature.
Je peux consoler mon image de soi en sachant que la barbe
portée n'a rien à voir avec le fait que je sois barbant.
Mais cela n'en flatte pas pour autant mon estime de soi...
De là à dire que je suis sinistre, ennuyeux est suffisant,
en plus d'être suffisant (didascalie : ton ironique).




Quotidien

Coursiers voilant




Voyageurs célestes nous courrons colorer de nos nuanciers les yeux du monde,
avant de nous voir liquéfier en larmes nues et lourdes vivifier les épidermes découverts.



Des vues

mercredi 7 mars 2012

Recette naturelle

Estimer la brûlure jaune du gel sur l'herbe,
assister au déluge d'une nouvelle glace
de la lourde fusion en plomb d'eau
considérer la baignade du soleil
s'illuminer de la vigueur et de la verdure
recrudescente du vivant envahissant.
prendre du sol la lumière aux yeux.

De l'opiniâtreté

L’opiniâtreté, pourvu que le prix en soit acquitté, offre toujours un fruit, palpable ou non.

Perspectives



Écouter parler de création, accepter l'abstraction de la foi sans la comprendre
découvrir Adam et Ève européens puis Lucie et les hommes préhistoriques
idolâtrer la parentalité, s'en remettre sans condition au plus fort, à la plus belle
distinguer les anicroches, les accrocs, percevoir la contractualisation de l'accord
surprendre puis sonder les soubassements des lettres, la résurgence des mythes
se confronter  à l'altérité, réaliser la réalité en y perdant des pans et plumes
absorber la liesse, la nuit, user les manches et les yeux au comptoir
faire les comptes, mettre en lumière la vanité de vouloir brûler sans propager
se mettre à jour, ôter des paradis, retrancher les paradigmes, recentrer le spiralaire
tâtonner sur le rivage, ramasser des galets, les amasser, en chemin jusqu'en bâti
se confier sûr de son incertain, le regard avant en gardant une pensée pour l'avant

mardi 6 mars 2012

Conjectures, glose



Auteur,
littérateur, ratureur, celui qui crée, cruciverbiste, celui qui définit le tour de pensée de l'autre, suicidaire, dernière bière, celui qui fait le point avec lui-même et s'excuse ou pas de faire valoir son droit à l'échéance.
Passant immobile sous le mobile silencieux des pensées
Personnage de la rue, passant statique plongé dans un nuage de pensée qui stagne autour de son chef, son esprit.
Infime
penseur, reprise du paradigme précédent, lien entre les deux strophes, demandeur, celui qui remplit perplexe un dossier administratif, en proie aux méandres, infirme, de quoi que ce soit, personnage solitaire accompagné d'un verre, hypothèque, chèque, celui à qui il ne reste rien, et abandonne ce qui lui reste.
Passeur malhabile sur l'alibile terrasse tançant le passé
Tueur de temps comme il peut, sur une plateforme destinée à sustenté la fois soif et faim, tergiversant sur ses erreurs passées, inhumant mille regrets passés.
Amour,
quêteur, celui qui cherche l'autre, décocheur, celui qui cherche à viser le cœur de l'autre, peut-être à travers d'un manuscrit satiné, découcheur, celui qui cherche l'alibi parfait, rémanence, persistance d'une sensation vécue et passée, réminiscence d'instant, dernière chance, tentative de planification de correction.
Patient cantabile dans le labile aphone de cette stance rancée
Objet de cette étude, à l'activité langagière interne prolixe, tant que les bruits extérieurs ne l'atteignent pas, que le spectateur n'entend pas du fait de la nature de l'objet, une photographie, objet de l'essai boiteux que vous venez d'achever...

Conjectures



Auteur,
littérateur, ratureur, cruciverbiste, suicidaire, dernière bière
Passant immobile sous le mobile silencieux des pensées
Infime
penseur, demandeur, infirme,  hypothèque, dernier chèque
Passeur malhabile sur l'alibile terrasse tançant le passé
Amour
quêteur, décocheur, découcheur, rémanence, dernière chance
Patient  cantabile dans le labile aphone de cette stance rancée

Du Verbe II

L'on devrait peser les mots comme les ingrédients, car on oublie souvent que toute formule produit des effets.

Celui qui porte

la bataille sous son chapeau ne le quitte que rarement. Il voit les couleurs du monde par le mélange de sa palette. Il prend le monde et sa beauté à travers un objectif, car il connait derrière le glacé sa misère et sa rudesse. Il sait faire chatoyer les clairs et les obscurs, rendre lumineux les ternes et les gris. Sur le tableau dérisoire de son visage, il cache la touche de révolte qui le travaille, et œuvre en art pour colorer son monde. Il a porté le trop plein et conquiert le débordement, le goûte comme à ses vingt ans, pigmenté de l'expérience du presque sage.
Ainsi, il voit comme il peint et vit comme il peine, il compose le rire, et s'il donne peut-être à sourire, à connaître, il fait grandir.

lundi 5 mars 2012

A l'entrée



                Chaque vue n'est que la troncation d'une suggestion, l'assujettissement à un songe.


          - je suis un ciel d'été, un bain de juillet, un vent digéré, un canin interdit, un chalut arrimé -

Corrida blanche, variation

Alors c'est tout ce que tu trouves à faire ? Vraiment ? Tout l'hiver t'avons attendue. Deux fois misérables, tu as daigné nous rendre visite. Nous sommes donc des enfants indignes ? Des visites, parlons-en, une journée à chaque fois ! Cela t'aurait coupé les lèvres, de rester au moins une semaine à chacune, au moins ? Mais non, il ne fallait pas profiter de toi, ça aurait été trop te demander.
Puis tu te rends compte qu'on parvient très bien à s'organiser sans toi, que la vie reprend. Et là, au lieu de t'effacer, tu reviens, plus furieuse que jamais ! Mais qu'attends-tu vraiment, quel accueil penses-tu que nous pouvons t'offrir ? Repars, très chère, tu es oubliée, c'est un combat inutile... Reviens à ta saison, juste cette fois-ci. Offre-nous de ton temps comme nous étions prêts à t'en donner.
Là, c'est trop tard, et tes dentelles brillantes, et tes souffles et tes humeurs tempétueuses n'y changeront rien. L'étable est déjà prise, l'invité est bien plus chaleureux et présent que tu ne l'as été. Puis lui nous aidera pour le labour à venir. A part vendre du sommeil et du rêve, tu ne nous a jamais été de grande aide. Pas même à nous rapprocher cette année... Reviens à ta saison, te dis-je, là, tu nous as perdus, ce spectacle est dépassé, gâté...


     - alors je noierai ton ciel -

Du Verbe I

Le Verbe, le langage est précieux. L'évolution de l'espèce humaine (par la communication des expériences) lui est redevable. Dans les mythologies et genèses religieuses, il est souvent la base de la création du monde. Par la banalisation de son usage, l'homme en a perdu le sens; les mots ont un pouvoir, il s'agit de les employer avec conscience ( les politiques, les avocats, ... l'ont toujours en tête).

Corrida blanche

      C'est une corrida perdue qui se joue. Le drap est blanc, entrainant ses derniers élans. Il se secoue dans une fureur froide, essaie de tempérer ces longs égards de vie qui le défient, à perte. De plus en plus dru, le rideau s'abaisse dans un son vibrant et sourd, pour s'évanouir sur le sol. De plus en plus crue, l'atmosphère porte ce combat, pour donner gageure au spectateur. Ce sera la robe luisante, lustrée des flocons, qui sortira de la boue grandit, cornes dressées. Ce seront les bourgeons, debout, qui sailliront de terre. Acculé, le toréador blanc tremble en dernière danse sa vigueur terrifiée devant cet œil, cet œil si blanc et si vivant. Le sabot s'est déjà posé sur ce pas dégelé, passé. Ce réveil tardif, mauvais, n'y pourra rien changer. Vient tantôt le temps du labour.

dimanche 4 mars 2012

Motronome

Jusqu'où portent les mots, jamais bien loin
D'où partent les mots, jamais de très loin
Dedans, derrière, d'avant soi, à l'avant
Combien seront les mots
toujours moins que de maux et vaux
Pour d'instants, ils disent, ils se disent
et nous sommes là, et c'est certain
et toi aussi tu repousses et tu dis
nous dis nous sommes aussi
chaque jour tu te dis et qu'importe
N'importe à en pousser la porte
du moment que tu nous portes
et quand bien même si tu nous tues
tu porteras le silence
et nous hourderons, dix ans
encore s'il faut un retour
Tu porteras ces mondes
les dedans les dehors les unissons
Alors d'instants, réguliers
en métronomes  nous sortons
portons partons d'ailleurs en ailleurs
vides, vidés, videurs plein pleinement
en plaine en phrases emphase aussi
et assurons, tu es là et sans même théâtre
tu apprends la danse...

Du seuil

Ouvre ta porte au monde, mais ne le laisse pas rentrer.

samedi 3 mars 2012

Nulle part

Nulle part se rendre sans être poursuivi,
Nul rivage baiser sans la pression des lèvres,
Nul endroit arpenter sans l'image spectrale
D'un fantôme charnel nullement dissolu.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

Nulle part le rendre, le poids de la nausée,
Nul paysage rêver sans embrasser les dunes,
Nul envers retourner sans en miroir pâlir
D'un sourire effacé, d'une âme résolue.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

Nulle part les rendre, les mots, la paix, les armes,
Nul présage mentir sans l'illusion du son,
Nul revers essuyer sans que brille l'absence
D'un billet mal écrit de maux infirmes et vides.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

Nulle part à rendre, quand il ne reste rien,
Nul visage franchir d'une geste inverse,
Nul détroit charpenté sans robe des marées
Décolorées, grisées d'un mutisme salin.
Si l'on se perd, on s'est perdu :
On sait perdu les âges nus
Où l'on entend les pas perdus.

D'en devenir

Nous sommes d'abord ce que l'on fait de nous, à nous ensuite de faire notre réel, dépasser de son intelligence le simple fantasme afin d'être plus que passif.

vendredi 2 mars 2012

Du sommeil

Comment t'en vouloir, après tout, tu dormais. Après tout tu dormais, près de nous, du sommeil juste. Après tout tu dormais même râlant. Que tes lèvres décochent cette tétine obstinément, qu'en puis-tu ? C'est ta voix qui la réclame, ton esprit dort, enfoui dans ce berceau. Et chaque heure volontaire cette voix réclame, ces lèvres se jouent de moi. Et chaque heure de mon berceau je me décoche au tien relier ces rebellions à ce caoutchouc qui remporte bien plus de réconfort que mon corps.
Comprendre la relativité du temps. Longue nuit nerveuse, repos sporadique, voire spolié, pourtant en corps encore si courte.
Comment t'en vouloir, après tout tu dormais, dans ce décor calibré, cette chambre chaude et abritée de l'inquiet du dehors. Et après, tu souriais quand enfin au jour les yeux de la maison se sont éclairés. Malgré tout, j'en voudrai, sûr, encore un peu, du sommeil.

Du partage

Il faut vivre pour soi. Soi prend tellement plus d'ampleur et d'intérêt avec un(e) autre...

Programme sylvain

Étirer les bras, perdre quelques feuilles, porter son ombre, balancer au vent, regarder au loin, s'abreuver de la terre, puis surtout, abriter son monde...

jeudi 1 mars 2012

De la cueillette : Des choses de...

Il est aussi vain d'idéaliser les racines que d'aduler les avancées. Il est nécessaire de comprendre l'essence, car rester à la surface n'empêche pas de toucher le fond.

Du serrement

Les serrements sont nos battements
le serment d'être en vie encore
le serment d'autres songes à venir
sur le souvenir de cœurs serrés