jeudi 30 mai 2013

Des formés




Il n'y a qu'avant la lumière que la lumière est belle en ce moment. le temps et les mots noient le reste du jour noient l'entier du jour. le temps intemporé incorporé sur une latitude stagnante une lassitude prégnante. l'étrier qui ressemble à un étron. les mots éthérés hallucinés d'utiles connivent et les chiffres, cadres courriers tableaux rapports compte-rendus bilans livrets dossiers appréciations notes notes notes à lectures notes de lecture aux yeux fermés. Le temps minoré qui s'étire et le majeur avec. il va falloir écrire avec les formes. ça fonctionne mieux il paraît il semble il statistise non pas, un constat. il y a tout ce qu'on veut dire et qui ne passe pas ce qu'on dit de soi qui ne passe pas jusqu'à celui qui n'est pas soi. le mot séparé est un objet étranger il fige le divorcé. uniquement le divorcé. la forme fige l'ensemble il semble tout est contenu tout est transmis jusqu'à la rétine – l'autre - . en attendant il n'y a que des mots pratiques utiles outils pour faire des montages de la mécanique, de la construction d'individu qui ne parle pas de l'individu. uniquement la forme. elle prend toute la place des yeux jusque dans la tête ne laisse de place pour rien d'autre appuie les parois ne laisse de place. repasser la forme d'autres avec sa propre part de déterminisme y a-t-il une influence sur le fond ? il y en a une sur sa propre forme, repue, sur son propre fond, a pu. absorbée dans le papier. à repérer les espaces blancs trop grands entre les mots corriger des casses. à laisser le blanc s'infiltrer entre les mots du fond. il y en a une sur son propre temps. de la lumière d'avant la lumière. peut-être arrêter de chercher les mots du fond. laisser couler. le nœud. insensible. perforer le goutte à goutte lui-même.

dans chaque débordement il y a reflux à la surface.


mercredi 29 mai 2013

Des marches à suivre




il ne savait plus trop pourquoi ni en quoi il avait pris un escabeau pour toucher le ciel, lequel chut lesquels churent – chut - la marche dans le tibia le pied dans le ventre. l'impression imprimée inversée à l'intérieur descend en dedans. il marchait dès lors, il boitait depuis un œil en haut un œil en bas, poing endroit pas envers, à verser son jus dans la tasse de la veille pour se rendre à demain. c'est ça, il marchait un œil suspendu de ciel les deux fumés pour encadrer la brûlure.


 

dimanche 26 mai 2013

samedi 25 mai 2013

De l'once du drap



 
s'étire
se retire
se tord un peu
se retire
s'entend
sourde
n'ourde
s'ourle
tord un peu
l'autre
son œil
pourtant
reste

je ne suis qu'un tissu de mots
tout ce que j'ai c'est de la force de mes bras c'est la force de mes bras sans possession je ne suis que l'attribut de mes obsessions
c'est dans la paume de la main la paume du crâne
tout ce que j'ai c'est toi
je ne dirai jamais plus rien que dire je dis sans promesse juste dire la force des mots dits la force dans les mots les mots qui figurent figent mon tissu cellulaire dans la doublure de mensonge et la braguette de songe à relever quand il fait un peu froid la force de leur absence
vaisseau et sève qui est qui le mot l'enveloppe et toi le contenu et toi l'épaisseur le temps de l'écriture l'écriture dans le temps la rature le tendon à l'os mais que ronge alors
ce n'est qu'un tissu de mots qui ne savent pas se dire dire disloqués qu'on y voit à travers qui ne tient pas chaud ce n'est que les mots des autres qui tiennent chaud
paroi isolée
économie d'économie
passée à l'économe

blocs de voix voix rauque de vent des poumons de vent de poumons
à vieillir peau de rides est-ce la peau le mot qui se replie glisser le doigt entre les lignes et y lire lire le recoin le creux sentir le fin la doublure tannée derrière s'y heurter l'impression les traits du racloir les traits noirs signes encodage frontière se heurter devant au derrière
longer passer la frontière comme un mur à abattre comme battre soi et quand s'effondre retombe le tissu de mots il y a encore le mot
passé à l'économe

dis qu'est-ce que je bave
faut-il un plus gros couteau dégrossir encore le film la finesse passe ça passe déjà au travers ça ne perce pas l'opacité c'est de la lumière éteinte dans la lumière le fil a la couleur de la réfraction la couleur de la rétractation c'est que ça laisse filer autant que ça renvoie qui perçoit c'est déformé on ne connaît que ça
on ne voit que la déformation qui n'est plus que la forme et quelle est la forme alors
on ne peut quand même pas porter ses mots
on ne peut quand même pas porter ses mots sur le visage sur le corps on ne peut pas se dénuder comme ça

il en faut du tissu
et des lames pour le tailler
texture texturé texte urée absorption et déjection on ne sait plus d'où vient le travail si c'en est un une la peau du chagrin
quand je me nappe dans la peau de mots c'est toi qu'elle recouvre la peau de chaleur de mon absence
on n'a pas compris comment ça commence et on ne sait pas quand ça finit c'est un tissu sans fin déroulé d'en haut il s'enroule au bas oui au bas mot au bas du mot le pied de la lettre
la fin c'est un autre début et tout ça...

passé de travers on tient chacun son fil par le même bout touche et boute où peut-on et tire chacun dessus ça semble toujours trop court pour se dévêtir on revêt et même ce qui ne revêt pas le corps est porté avec soi tire on tire
on tire tire à vide
je tire les mains vides


 

vendredi 24 mai 2013

De la bascule des chevaux # 22



 
j'y repense j'y repasse ta voix valium dans ma tête je crois c'est ça t'es un mois de mai un mois qui se met se démet griserie éclaircie pluie glacée liqueur on the rock sueur chaude suée froide froncement de ciel résonance diluvienne programmation d'imprévisions qui font pousser la vie qui poussent la vie mais vers où t'as voulu baiser la bouteille la pénétrer de la langue la bite t'es aperçu qu'avec la taille du goulot c'est toi qui te faisait baiser encore encore tu sembles rationaliser nationaliser la pensée penser par rations de survie à la main la prescription de ta thérapie familiale tout seul à la main les composants chimiques de ta décomposition à l'amende les notes désenchantées de ta voix écartelée qui cherchent à cacher me cacher t'oublies les heures de fil je comprends je crois le croassement la protection d'eux de toi de moi faux fils quand tu t'amorces quand tu amorces l'aller-détour du fils prodigue pudding amalgame de tranches rassies rances et ses fruits déconfits tout à rassembler j'ai envie de te dire ça va aller mais sait-on où jusqu'où


 

De la bascule des chevaux # 21


 
pas de place plus de place plusse de place il faut la trouver tu vides les choses tu essaies veux roules encore la bosse arrondis le dos bosses bosse bosse sur la route la voix du corps faible la voix du cœur faible pudique tellement déjà organisé presque dans les trous nids de poule cahots à prévoir subir perturbations dans le calvaire et ses secousses finalement ça se passera à l'ouest et train voiture ville ville refuge camp retranché trois jours trois rendez-vous avec la souche la perche redressement du tronc tes yeux hagards semblent savoir où regarder tu me racontes vite de ta voix valium ta voix de pain pas cuit on ne se verra pas tu ne veux pas tu n'allais même pas appeler tu ne veux pas demander des points à régler des poings à régler t'es moche tu dis à voir ce soir tu me dis ton arrivée tu me dis ta fausse sécurité parce que vrai tu dois te protéger tenir c'est un onze le nombre cette fois c'est onze que le foie doit tenir puis la cure la curée du corps du crâne tu me diras ton arrivée tu penses quand même au pinson chiens chat femme enfant dis-moi putain le train part tôt ce matin sans se voir


 

jeudi 23 mai 2013

De la bascule des chevaux # 20




une deux tranches de jour entre deux faux-filets de nuit la tronche sans appel sans nouvelles de ta tronche c'est parti ça doit être et ta tronche retournée sérigraphie intérieure ton pif ta bouche tes joues tes yeux à rentrer dans ton visage de vouloir sortir comme tes muscles ce qu'il reste tes nerfs jusqu'à la chair bandés tous bandés aveuglés jusqu'à t'aveugler le traitement la main du drap pour te serrer les doigts tu subis ça doit bien valoir la torsion mentale complément alimentaire d'oligos élémentaux eau feu terre air terreurs nos sœurs le revoilà le bal des noces j'imagine je suppose je suppute je suis pute du temps j'attends une deux deux trois tranches de jour entre deux grillades de nuit la tronche sans appel sans nouvelles de ta tronche j'espère bec et ongles la déchirure d'avec toi la brûlure à plein régime le régime sans cocktail le régime sous cocktail le régiment des cellules qui déflagre au front décharge ton front de tes ordures retourne laboure ta gueule de déchet pour y faire pousser autre chose vois-tu de ta fenêtre le jour fait enfin germer quelques graines de bleu sur la terre du ciel


 

mercredi 22 mai 2013

Calibrage : Parution Les Tas de mots n° 12, Printemps





Parution la veille de ce jour du n° 12 des Tas de Mots, édition Printemps

Au sommaire de ce numéro :

Jacques Allemand
Cédric Bernard
Olivier Billotet
Daniel Birnbaum
Carole Bruna
Jean-Marie Cador
Meg Campbell
Jacques Ceaux
Daniel Collin
Guillaume Decourt
Mokhtar El Amraoui
Fabrice Farre
Chantal Godé-Victor
Denis Hirson
Ludovic Joce
Perrin Langda
Olivier Le Lohé
Alain Leylavergne
Marilyse Leroux
Vincent Motard-Avargues
Jean-Jacques Nuel
Assia Ouehbi
Lydia Padellec
Morgan Riet
Guillaume Siaudeau
Carlos Tronco
et Sanda Voïca


Mes remerciements à Morgan Riet et Alain Leylavergne pour leur accueil.
On peut trouver des renseignements sur leur actualité respective ici
et la revue

La bonne lecture, la bonne journée, et à tantôt


 

mardi 21 mai 2013

De la bascule des chevaux # 19




tu es arrivé tu n'y es pas arrivé pas encore mais tu es arrivé pas ici tant pis le dernier cigare le dernier quart ça a été le front direct qu'en est-il on n'en sait y es-tu y es-tu encore il faudrait il faut ce sera après ce sera l'après on verra on fumera on aura le temps tu sais même clope même endroit j'ai attendu tard j'ai tendu le jour jusqu'à mi-nuit jusqu'à sa mie noire puis quand elle fut jetée le nouveau jour découpé elle m'a dit elle m'a vu elle m'a dit que ton frère t'avait conduit d'une traite que tu avais dormi elle tiendrait au courant elle tient le courant tu vois t'es pas seul en barque embarqué dans le déboire et j'inquiète et j'espère mais pas ce soir même clope même endroit je t'appelle demain je l'appelle demain un peu savoir être un peu savant de ton mal être un peu mal ami et partager comme on découpe les jours si c'est reparti ta gueule près du chien la douille la douleur les coups dedans ton arc-bouture ton arc de cercle tes chiens de fusil dans le lit chaud et froid en même temps valium tranxène anti-untel anti-toi qu'on te récupère que tu te repères et te récupères vas-y maintenant que t'as le couteau opère


 

De la fossette mnésique

 

 
Coup de fil
Situation initiale,
événement, péripéties, …
dénouement

« il s'est présenté comme un ami d'enfance »
« il te connaît, il me connaît »

ça se décompose
re-nouement

une enfance ?
un ami ?

Il paraît
les fantômes se manifestent parfois
à croire que les fantasmes morts aussi



 

lundi 20 mai 2013

De la bascule des chevaux # 18


 
tu lèves le jour sur la longue nuit lui projettes encore quelques heures de répit quelques heurts à lui cogner les genoux sur les meubles les trottoirs lui laisse encore quelques heures à te regarder à travers le fond de la bouteille c'est la route ce jour pour le front et ce soir le dernier quart demain on force les portes tu t'amènes et j't'emmène demain titiller les lignes forcer les lignes et t'enfermer te fermer pour mieux cracher ton goulot tu remontes en te démontant faut être prêt pour le front tu remontes en descendant pour être sûr en attendant je ne suis pas sûr de ta route elle est muette moulée dans son silence de goudron des plumes plein la bouche dans la ouate de ta bouche pâteuse patinée d'eau de fausse vie d'eau de feu froid il y en aura pour demain il faut avaler encore pour pouvoir davantage déglutir davantage régurgiter sur le pendant sur l'avant et peut-être après après on verra demain on charge à deux mais d'abord ce soir ce soir on se fumera les deux cigares qui nous attendent avec le banc mais d'abord ce soir le dernier quart


 


 

De la bascule des chevaux # 17



 
tu soulèves ta bouteille comme si elle contenait la vie la vie comme un long fleuve tranquille sertie dans une bouteille tu lèves ta vie comme on se cache derrière une vitre tu refuses d'affronter les morts la mort et tu brandis la tienne fier sertie dans sa bouteille ce n'est que se laisser porter par un courant absent en regardant au dehors la pluie qui tombe et crée le véritable courant qu'on suit laisse filer combat contre-carre assurer assumer sa barre elle est là ta souffrance elle est là comme celle des autres elle est dans ta contradiction la souffrance ce n'est rien d'autre que de la contradiction ce que j'en sais ce que j'en sais rien comme de la vie on ne fait que des sauts de puces ces balançoires désossées d'un cimetière à un autre jardin pour un autre rire une autre joie une autre peine et est-ce que ça vaut le coup ce n'est que des sauts de puces je le referai on avance à petits pas deux pas en avant un en arrière on gère digère on oublie rien et tout passe je le referai avec des morceaux de fracasse des bouts de carcasse tout sur lequel on appuie et qui avancent et qui avancent par sauts de puce du bout du pouce à bout de bras


 

vendredi 17 mai 2013

De la bascule des chevaux # 16



 
elle soulève pour toi une montagne immense invisible invincible érodée d'amour elle soulève ton corps de ton lit de rue ton ru de macadam te sortir de tes beaux draps pour des draps propres reconnaît qu'elle aura relevé bien plus que ta bite déridée sa réponse à tes mots et tes maux c'est qu'on est quelques-uns à causer en silence et cent patiences sa réponse silencieuse en contactant ton frère en contractant l'interne la clef dans le contact ça redémarre le prochain champ de bataille plus au nord le front se déplace plus haut dans les terres plus haut vers le ciel l'éclaircie dans le gris tu te souviens le gris avec du rose et du vert du vert-de-gris c'est par ici ton psy et la guerre la colonne se redresse la colonne redémarre et deux mois deviennent deux jours et pendant quelques jours on avisera avec toi un toit le mien le tien un autre guerre éclair ça s'accélère il y a de la place pour toi un coin de fauteuil une couverture en bons chiens on crachera des bouts de nuages de nos gueules d'orages


 

Le puits



 
ma force ma colère à l'extérieur en moi le puits
l'extérieur le seau la pluie ma force mes colères
de  l'extérieur  sources  ou  causes  causent  à
l'intérieur dedans tension corde usée suée à
l'extérieur mon bonheur le pire à l'extérieur
en moi le puits
et l'effet
d'emplir
d'extérieur
Ma force ma colère de l'extérieur en moi le puits


jeudi 16 mai 2013

De la bascule des chevaux # 15



 
j'ai eu des nouvelles de ton répondeur là pour le moment car tu n'étais pas là à l'effort à l'affront au front comme un moineau dans l'hiver qui gonfle ses plumes comme un morné qui gonfle son orgueil dans son simili-cuir ce même mouvement à rentrer dans ses plumes à rentrer dans les plumes à s'imperméabiliser trucher un peu sa minceur sa pauvreté vaincre d'effets l'effort l'affront le front allongé debout dans le carrosse aux roues en culs de bouteille roulant droit vers le fond qui amène te ramène quand tu roules sur le bord de la route tes chevaux écroulés sur le trottoir tes chevaux à brouter trottoir et toi poussière de rentrer dans les auberges sans passer le relais tu radotes je répète tu répètes je radote un peu être quitte sans se quitter creuser l'écart tellement raser l’écartèlement garder le rythme jusqu'à tourner rond tourner en rond jusque dans le mot exode arrondie épisode périodique saignement masculin interne continue continue on continue ce soir ami amibe ma tournée je relève les nouvelles en me demandant ce qu'il y aura dans les mâchoires ce qu'il y aura dans le piège


 

mercredi 15 mai 2013

De la bascule des chevaux # 14



 
tu lèves ton fuseau de chaleur à la bouche ta fusée à avaler des soleils et cracher des halos de lune du bout des lèvres pas la lune ça se crache pas la lune ça se décroche ça te crochète la serrure de ta nuit s'installe t'arrache tu crois avoir rouler tes feuilles brunes d'automnes tes feuilles mortes et fier tu les fumes comme le printemps de ton temps ton renouveau de vieux garçon de vieux gars t'oublie jeune père vieux père ou t'oublie pas justement écartelé martelé entre trois temps tu tentes d'élaguer d'en abattre y voir clair et valser la bouteille en marteau sur ton crâne qui s'émiette n'oublie pas qui passe qui passe le ménage n'oublie pas de la ménager un peu elle aussi passe son temps passe l'épreuve une autre copie mais bûche et se scie aussi l'air de rien avec et sans toi l'air de rien pas pour rien oui l'ère de deux mois l'ère d'un toi d'entre deux toits et deux mois à tenir à tenir à toi sans toi si j'te le dis si t'enfumes ta vie c'est qu'il y a la sienne aussi et si j'te le dis c'est pas par envie mon ami j'te le dois crois-tu que le pinson sera là à l'été mon ami je serai là même clope même endroit


 

mardi 14 mai 2013

De la bascule des chevaux # 13

  
  
  
tu as levé le lièvre demandé comment je fais comment je fais comme je sais je sais pas trop je suis malade à ma manière un mur de gueule la gueule face au mur contre le mur et des colères comme les tiennes des colères qui tiennent qui écrasent bien mûres et s'étalent lentement se détachent et tâchent les vêtements gouttent sur les vêtements des autres les manteaux des autres les mensonges des autres qui n'en sont pas ou pas encore le seront on serre panse cautérise et se consume décosse se brûle à en causer la stature en statue on la voit salue parfois puis fait comme si elle n'était pas là tu sais la négation de la place occupée la place bousculée niée et toi accueillir tout ça recueillir tout ça avec le sourire ouvrir la porte de ton monde ton monde émondé ton monde qui n'est plus le tien sur lequel tu n'as plus la main plus de mains plus de bouche parce que t'as rien à dire tu connais comment je fais je fais comme peux je fais pas j'abnégue porte supporte le legs sinon ce n'est plus eux c'est moi ceux qui paient font toujours payer et je passe à la caisse -classe – je fais comme toi même si parfois je ferai bien un peu plus comme toi
  
  
  

De la bascule des chevaux # 12



 
tu soulèves un rayon de verre qui se reflète tu soulèves un verre de lumière serti de soleil tu essaies de dessiner c'est difficile de dessiner une bouteille c'est difficile les desseins d'une bouteille ça va ça va à peu près et les analyses et l'analyse de la situation et le sang et les pensées qui coulent de ta bouche à tes veines de tes veines à ta voix quelque chose comme ça à peu près on va dire que on dira que t'as raté une marche de l'escalier en remontant que c'était pour ça le remontant que tu descends que tu crois mais qui te descend mais tu vois clair de claire voix tu dis que tu vois clair et je crois et ce palier ou cette porte vers laquelle tu te portes et deux mois et deux toi à gérer digérer jusque là comme un sursis une prison une absence volontaire et ensemble on y va mais toi d'abord bien sûr c'est la première fois qu'on aborde ta mort ensemble en s'en marrant ensemble je veux dire ce faisant même ce projet stipule que tu dois être vivant et moi ça me va puis entre les deux on verra entre deux on serrera les fesses des jours pendant les nuits


 

lundi 13 mai 2013

De la bascule des chevaux # 11



 
tu lèves ton verre comme on brandit la victoire de sa défaite tu trônes couché tu trônes avachi vache si vache avec toi tu brandis en baissant les bras sans plus de courage que je n'en ai pour te raconter la journée pourtant tu sais je l'ai touché l'inviolabilité et son putain de mot son putain de silence tu sais comment c'est dans ces cas-là les cases qui tournent et les visages grimaçants du carrousel tout autant rupestres que burlesques et droit au micro et debout au micro et ma face en face le bruit du silence qui efface les sons des autres le bruit de mon silence dans leur bouche et leur impuissance et les mots amour famille respect et leurs avatars et leurs avaries debout je te dis toute la journée durant et le menton triomphant non pas d'eux mais de moi-même et sans ouvrir ma gueule je l'ai levé avec le poids de sa palpabilité qui appesantit l'autour et je sais bien quand même ce qu'il y avait derrière les yeux et nous savons très bien mais ils se sont baissés et ce n'était pas les miens qui se cachaient tandis que dans d'autres ils rayonnaient et ce fut dur tu sais et ce fut liberté


 

De la bascule des chevaux # 10



 
le jour ne se lèvera pas aujourd'hui je veux dire ne pointera pas sa gueule ciselée de rayons et de sourires tandis que je lave celle de la veille la gueule je veux dire et la nuit avec comment vont tes cellules dans le bordel de ton corps comment va ton corps dans le bordel de ta cellule tu crois que tu jouis du jour crois-tu que tu jouis le jour tu esquives tu éludes tu dilues c'est que tu les arroses tes fleurs tu sais que je te les ferai bien bouffer tu sais mon ami mais debout c'est trop facile par la racine et la tête d'abord c'est trop facile de cramer les deux bouts de chercher le lion par la dent de chercher le pissenlit en jouant les lions je serai quand même un con plaisant si je te disais pas ta complaisance mais tu m'auras pas comme ça c'est trop facile se cogner tête à tête avec les autres les renvoyer dans les cordes semer le désordre et dedans toi et dehors tu peux tourner je vais pas détourner les yeux comme l’œil de ce jour gris prêt à recevoir ta griserie bien que le jour n'en a rien à foutre il a son propre foutre à disperser tu me baiseras pas comme ça je veux dire ta colère de toi me baisera pas comme ça ce soir serai là


 

dimanche 12 mai 2013

De la bascule des chevaux # 9



 
à quoi tu t'accroches à quoi tu t'écorches gueule argentique bain à négatif qui ne supporte plus son image le pire c'est la nuit la nuit sans nuit sans jour et tu vois noir tu crois vraiment que je vais arroser tes fleurs on sait pas trop qui tient l'autre la nuit qui te tenaille ou toi qui t'y cramponnes tandis qu'elle te file des coups de crampons dans le corps accroche-toi mon ami qu'est-ce que tu veux que j'te dise pourquoi à toi c'est parce qu'il faut bien une raison et t'es la meilleure fors le reste le reste dont tu veux plus entendre parler force en soi à cran monter le créneau cerné si y'en a si t'en es des vivants t'as beau te retourner la douleur elle est là la douleur atroce elle sera là t'auras beau te retourner elle sera là t'auras beau la détourner te noyer elle sera là sans ivresse la cohérence c'est des conneries le sens c'est des conneries il n'y a que la consistance que tu donnes que la consistance et la constance que tu te donnes faut pas croire que ça se fait sans douleur que ça fait fi il y a toujours des feux tu le sais bien sûr que tu le sais guère que la guerre qu'est-ce que tu veux que j'te vomisse il n'y a pas qu'une eau pour cramer battre croiser le fer l'enfer les mots mon père


 

samedi 11 mai 2013

De la bascule des chevaux # 8

 
  
la nuit vêle son œuf ça fait le jour que le lac à présent avale tandis que tu tournes et tu retournes une idée chasse l'autre en fait sa proie la poursuit balaie et mord comme le vent le plat de l'eau qui reforme ton visage difforme valium tranxène anti-untel ne déportent pas le poids des paupières le poids dedans le pois des yeux pas plus que le lexomil exile la haine ta haine que tu me tends que j'entends que je tremble toujours moins que ta voix ça c'est passé ça c'est mal passé les yeux les vœux les cœurs l’écœurement des autres avec le tien en trop c'est trop secours crève-cœur et deux bouteilles et un jour de plus la mer impétueuse la mère dévastatrice des houles de colère sur des remous de mots non-mots qui ne font que transvaser les maux sans perdre une goutte et plus même qui en rajoutent à faire grêler le corps entre barreaux et exil où l'absence de barreaux est peut-être le vrai mors allez mords les dents mords dedans et demain sans fautes en passant tu m'as pas dit quand t'as fini de faire tourner le lac et le jour


 

vendredi 10 mai 2013

De la bascule des chevaux # 7



 
je me lève avec mes inquiétudes tu n'as pas répondu as-tu décroché c'est trop tôt je me lève avec les inquiétudes pourtant tu es entouré et de mystère avec encore deux jours je sais au moins ça deux jours encore et le reste de ta vie à lutter maladif à butter maux contre maux mots à maux c'est pas pour rien tu n'as pas répondu et j'entends toi t'entends c'est pas pour rien la moiteur les courbures les courbatures les entrailles la tenaille ce qui prend enferme et sors de corps et à cris le bordel des cellules maison close sans promesse à jouir il n'y a d’œuvre en soi qu'en eux les siens notre cercle et notre encerclement quelques parts de soi quelques parts les siens les soins les suées l'assurance assurer il n'y a d’œuvre en soi qu'en eux où se trouve l'heure le matin le jour la nuit demain à se taper la gueule avec hier si ce n'est pour eux à quoi en quoi se taper la gueule et plus ça dure et plus c'est dur et le manège à entretenir pour que ça tourne rond au moins pour que ça tourne encore quelques tours valium tranxène anti-untel la griserie et la nausée ce sont les deux toujours


 

jeudi 9 mai 2013

De la bascule des chevaux # 6



 
tu lèves les yeux de ta tête baissée vers les leurs tu affrontes homme homme diminué les paires de morale et d'amour c'est comme tu as dit lui te prend et te serre c'est comme tu as dit il serre fort te fait mal tu n'aimes pas ça et tu aimes comme tu as été là ils sont là elle est là tu es là nœud entier corps noueux langue et cœur noués tu veux sortir tu veux t'en sortir tu vas vingt ans à descendre et remonter s'en sortir vingt ans et tes artères qui ne les ont plus qui ont les colonies de tes dépendances des comptoirs pour les escales de tes folies les escarres de tes bonheurs il y a toujours quelqu'un qui part il y a toujours quelque part ici ailleurs d'ailleurs tu sais déjà le bal des fins des années de tes parents qui ne le sont pas a commencé elle aura besoin de toi elle aura besoin que tu sois là tu redoutes déjà alors que t'es pas encore sorti tu redoutes déjà de devoir assurer le devoir l'amour est la souffrance et seul c'est pareil et seul ça vaut pas le même coup ça vaut pas le coup il pleut sur la mer tu te souviens ça la rend belle aussi n'oublie pas ton portable et ton chargeur j'ai pas envie raccrocher
  

 

De la bascule des chevaux # 5



 
tu lèves le combiné j'entends ta bouche en carton-pâte valium tranxène anti-untel le carton dans ton crâne dans ton corps tu lèves la langue dans ta bouche essaie de lever la voix t'excuses déjà pas grave tu sais c'est pas grave tu truches prends des nouvelles tu détournes ne veux pas dire tu douilles finis quand même j'entends j'en tends les mots la douleur valium tranxène anti-untel ça devait être minuit à midi ce fut midi toute la nuit les suées la chaleur valium tranxène anti-untel jusqu'aux lèvres et des litres d'eau la traîne des allers-retours la salle les toilettes les toilettes la salle le couloir le cauchemar les cauchemars ça tourne un autre manège et tu prends des nouvelles t'as réussi un peu si peu à reposer si peu déposer décanter c'est dur elle a appelé t'as appelé elle vient te chercher elle vient t 'emmener t'as vu il y a des mains t'as vu prends la main prends sa main ils seront deux ils seront trois pour toi là-bas c'est bien tu me le racontes lui il comprend aussi il est passé aussi valium tranxène ani-untel on a des pères où on peut on est père comme on peut si dur


 

mercredi 8 mai 2013

De la bascule des chevaux # 4

  
  
  
tu lèves le cocktail de nuit à la gueule de la nuit c'est encore la veille il n'y a pas d'aujourd'hui il n'y aura pas tu lèves les cachets de nuit vers la nuit de ta gueule en suée de ta gueule en sueur valium tranxène anti-untel tu as bu trois soupes de la soupe avec quelque chose dedans je veux dire autre chose de plus consistant des soupes qui ne font pas de toi un légume ce soir ça démarre valium tranxène anti-untel ce soir tu démarres légume à une autre sauce un autre feu c'est fini tu crois c'est fini se marrer je sais je sais rien on ne sait que quand on le fait ce soir ça démarre la guerre ce soir c'est la guerre valium tranxène anti-untel c'est pas gagné on sait seulement le nom de gagner le dire LA GUERRE redis-le moi la guerre ambulatoire à peine déambuler mort-vivant moribond bond de vivant une vapeur une autre vapeur valium tranxène anti-untel je t'ai même pas dit moi je suis content c'est pauvre de le dire c'est vrai je ne peux rien dire je ne peux rien dire de mieux que ça juste ne pas tenir ta main parce que je suis pas là et toi tiens toi tiens bien ta tronche évaporé reviens


 

Calibrage : Deux - trois nouvelles




La journée débutera par deux - trois nouvelles de la veille. Ne pas s'inquiéter, c'est encore tout chaud. Chaud dedans. Chaud devant.

Prosaïsme : le blog a atteint sa vingt-cinq millième page lue depuis sa création. Les visites ont ralenti, qu'importe, je sais qu'il y a d'autres lectures ailleurs. Je sais aussi qu'il y aura d'autres lectures. D'autres visites. Entre les réguliers, les régulières, les spontanés et les tannés, bon an mal an, si la lecture progresse, l'écriture aussi, et c'est très bien. C'est qu'on y trouve bien son compte, sans avoir besoin de relevé. Mais je ne peux m'empêcher d'y voir un peu comme une paie. C'est que, c'est que, la poésie, ce n'est pas, ce n'est plus ce qui se lit d'abord.

Rêverie : Parution du numéro 2 de la revue de Jérôme Pergolesi17 Secondes, qui poursuit clairement, nettement son but, et elle a bien raison, et elle le fait bien.


Elle est téléchargeable ici.
On y croisera les auteurs suivants : Bruno Lomenech, Fanny Didelon, Jean-Christophe Belleveaux, Marlène Tissot, Philippe Païni, Jean-Marc Flahaut, Christine Spadaccini, Olivier Lecca, Sabrina Ambre Biller, Laura Vazquez, Alice Hugues, Sanda Voïca, Apolline Heudré Le Baliner, Alain Cotten, Marlène Tissot, Gérard Kerdanoff, Alexis Rosier, Laurence Ducos, Alain Cotten, Éric Dubois, Perrin Langda, Guillaume Decourt, Christophe Bregaint, Sophie Nicol, Florian Tomasini, Jetacoviri, Alexandra Bouge, Rodrique Lavallé, Perrine Le Querrec, Pierre Scanzano, Séverine Landry, Fabrice Farre, Alexis Denuy
Ainsi que trois de mes textes, ce dont je ne m'habituerai pas de sitôt (et c'est pas plus mal).

Mes vifs remerciements à Jérôme pour son accueil (je vais éviter les épanchements, deux - trois nouvelles ont une tournure un peu mièvre qu'il va falloir éviter de sucrer...)

Intérieur :  Celle-ci, ne m'en veuillez pas, je la garde pour moi. Cocktail de joie et de frayeur dans le shakeur, deux - trois comprendra comprendront. Si les lunettes ont besoin de deux branches pour s'équilibrer, l'humain a des ramifications plus complexes. Disons que l'irrigation a parfois des teintes amères et qu'il est bon quand la sève se sucre. Voilà, ça y est, dernière touche de glucide dans la perf.


Comme un gentil garçon, je dis merci, une dernière fois (ici, parce que...), et à tantôt

mardi 7 mai 2013

De la bascule des chevaux # 3




je lève les yeux ankylosés et le reste avec et le reste un peu plus vers l'ecchymose nocturne vers le coup à la nuit donné par le jour à cet instant on ne sait pas encore s'il virera bleu-jaune ou bleu-violet et là es-tu bleu ou violet mais déjà s'appuie d'un doigt sur la douleur la persistance marquée de la nuit et ici et là-bas les relents de la veille régurgités les relents resurgis un peu plus morcelés bien plus nourrisson pour moi que pour toi tu peux emprunter tu ne peux pas perdre tes années et si tu as mal ce n'est plus de toi c'est de ton corps ce n'est plus que de ton corps tu ne peux plus sentir le reste tu n'es plus que ce qui reste pourtant tu sais tu sais tu n'es pas un reste un rebut un refus et même si tu joues l'infusion t'es plutôt mieux dans l'effusion alors fuse et fuse ailleurs les cours d'école aux yeux ouverts c'est pas des cages c'est des devenirs et on sait bien tous deux qu'on peut devenir toute la vie qu'on devient toute la vie faut juste y venir faut juste en venir et même avec les mains s'il le faut il y en a des tendues il y en a à tenir



lundi 6 mai 2013

De la bascule des chevaux # 2



 
je me lève dans la nuit vaporisée qui perle aux yeux de la terre qui perle aux coins de nos gueules me demande où toi tu es où tu en es tu nais à ramasser rassembler tes grains de connerie éparses par terre prêt à la renverser retourner à nouveau la regarder couler s’égrener te gangrener lentement alors que le soleil est encore dans son verre de jour je lève la main vers toi à la main la morsure de l'aube et du chien de la veille la main douloureuse c'est la gauche attention à la droite il faut que tu percutes pas que tu cognes tu sais je t'entends je sais que toi tu fais semblant ça t'arrange c'est commode gros buffet impossible à bouger remuer re-muer tu remets ta peau de tonneau celle qui suit avec la gueule de bois il y a du monde autour oui celui-là on s'en fout mais il y a l'autre monde notre monde autour il t'importune parce qu'il t'importe il a du poids la preuve il pèse bien plus lourd que toi plus lourd que moi je sais bien qu'il devrait nous aider à se sentir plus léger oui je sais qu'il peut nous aider à se sentir plus léger appuie-toi puise dedans on connaît nos histoires on peut pas s'en raconter


 

dimanche 5 mai 2013

De la bascule des chevaux # 1


 
je me lève dans la courbature du soleil je sais déjà que toi là-bas aussi te lèves dans un cachet livide caché liquide dans ton brouillard dans ton jaune différent bien trop aqueux et je me demande à faire et quoi toi quoi faire fer toi ferré dans ta bascule sur le manège prêt à tourner encore et qui descend et je descends avec toi qui ne veulent pas pas vraiment même si c'est des loups en cartons des chiens un peu sauvages que l'on chevauche toi là-bas avec le chat noir et son fantôme dans le mur de la tour la jambe et la gueule de bois les yeux jaunes du jour et l'inconstance tu sais c'est pas l'inconsistance on sait bien si tu descends je descends un peu beaucoup avec toi dans le trou ça résonne mieux pour ça qu'à chaque fois tu dis rien je l'entends tu dis je t'aime et moi aussi tu sais bien on sait bien alors les bateaux c'est pas fait pour rentrer dans des bouteilles ça c'est des mirages des vinaigres il y a toujours quelqu'un qui part il y a toujours quelque part c'est pas des raisons c'est pas déraison à pour tu sais bien quoi vite je réponds vite je t'appelle quoi alors lèves lèves-toi lèves tes yeux laves tes yeux putain ce sont les miens


 

samedi 4 mai 2013

De l'intérieur # 2




A l'instant du virage suivant, une voix. Mon prénom. Elle a du crié fort. L'unique feuille dure de la cocotte ( quoique... ) a saisi, attrapé au vol. Ou la voix s'y est heurtée. Pleine de sympathie. Marche arrière, en avant. Pas en avant. Alors que. Et je sais qu'elle va encore parler. Et la mienne aussi. Je me suis annoncé. Je me suis déjà avancé. Ne pas glisser. En fin de compte, qu'ai-je à dire ? Juste l'admiration devant les brides virtuelles que je fréquente. Même pas encore, à cet instant du virage, de matière palpable, de pages cornées et déjà soigneusement archivées dans la bibliothèque appropriée, prêtes à reprendre la poudre d'escampette dans le cornet des doigts. Pour une prochaine détonation. Mais pas le temps. Ma gêne, la sienne. Elle prend les devants. Presque aussi vieux lecteur que vivant, le contenu d'un ouvrage a toujours été une sorte de magie. Les auteurs des magiciens. Bon, pas tous. Mais ceux dont les mots se transforment en images dans le cerveau. Et les images en sensations corporelles. Et les sensations en... Ceux dont les mots... Et bam. Me retourne. J'aime être lu aussi, mais reste surpris quand l'est. Interdit. Et bam. Confondu. Con fondu. Reprise, ça reprend. Le fil. Tire, y arrive. Ensemble, enfin, il me semble. Dans le même sens. Une conversation. Rien d'idiot, enfin, il me semble. M'a semblé. A côté, on trinque. Pas de bières. Dommage. Déformation régionale, sans doute. On s'attarde encore. Perrine signe. Humainement. Je veux dire, avec la récalcitrance humaine de l'embarras, des touches de pudeur dans les mains. Mais s'exécute. Puis spontanément. Le fer est là encore bien chaud. D'ailleurs il se sent, s'y lit. Et mon sourire équidé en miroir. Je crois que ça me fera toujours la même chose. Je crois que c'est normal. Entrer pleinement dans un texte, c'est entrer aussi dans son auteur, en sorte. Ce n'est pas si anodin. C'est lui aussi qui nous laisse entrer. C'est toucher le risque de l'autre. Et pour l'autre, offrir à toucher. Et le danger (si cela en est), pour l'un comme pour l'autre, de se rater. Manquer le contact. Pourtant je suis content. Ça a l'air de fonctionner. Les yeux de ma femme se réjouissent en même temps qu'ils s'amusent de moi. Et c'est très bien. Puis le tantôt. Une prochaine fois, avec le plaisir avec. Avec la richesse avec. Il fallait partir d'ailleurs. Les yeux croisaient d'autres noms encore. Mais non. Encore un livre en prévision, et le budget alloué du mois est déjà cramé. Pour trois mois. Puis il sera peut-être possible de croiser untel ou untel, ils ne sont pas si loin. Un autre aquarium, ailleurs. Avec d'autres galeries, avec les mêmes galeries. A creuser dans d'autres crânes pour s'enrichir encore.

Nous ne l'avons pas entendu, mais le beffroi croque une nouvelle heure, alors que deux artistes de rues croquent une scène burlesque dehors. Respirer un peu. Nous nous annexons dans une photographie de bocage écossais. Moutons parsemés parmi les moutons. Nous sommes dans le tableau. Les gens s'arrêtent, nous regardent, chacun, en passant. La Pierrot verse de l'eau sur l'Auguste. Son parapluie. Déformation régionale, sans doute. Nous retournons dans la cocotte. Raccourcis. Anarchie circulatoire dans l'anarchie circulaire. Ombilicale. Même insectisation. Avec des antennes de lassitude ici et là de délaissés. Presque taciturnes. Mais pas que. Toujours des queues comme des récifs où se contrarie ou ravit le courant. Esprit volé momentanément par un autre. Nous retrouvons à nouveau Lucien, avec ce qu'il convient. Installé comme il l'avait annoncé. A l'exacte symétrie d'où son nom souligne la dernière publication. Avec humour. Du même avec lequel nous échangeons à nouveau. Qui rend à l'aise. Qui mystifie peut-être -j'en doute- mais démystifie. Instaure un nouveau mythe personnel. Ça ne peut pas être faux, une intimité. Approfondissement du trou dans la poche. Clefs tombées dans la doublure. Stop. Chacun ses impératifs, ses sujétions. Et ses libérations. C'est bien. Ça reste dans le thème. Nous initions un nouveau brisant. Nous augmentons les retours d'eau. Il va falloir céder. De toute façon, érosion. Le beffroi n'a encore rien dit, mais ne devons pas l'entendre.

Il restait des cités, des pays à voir, visiter. On devinait les faîtes d'autres auto-cuiseurs blancs sur la Grand-Place, et sur l'autre, et l'autre encore. Et des termitières de papier et de sueur sur les pavés des rues étroites. Mais la vie d'une après-midi est trop courte. Sur la route, l'autoroute, automatisme, digestion cognitive. Tourbillon de tout ce qu'il y a d'humain à l'intérieur. L'aspiration, ses dérivés, ses antonymes. Il me faut encore creuser. Y-a-t-il un travail en cours plus long ? Une sorte de travail au long cours, je sais. Pense. Espère. De quand la promenade a été bonne. Peu importe la mer et ses états, au contraire. Il faut encore creuser. Alimenter les braises, le barbecue. Cuire lentement. Un feu de sable. Puis peut-être, creuser son trou dans l'arc-en-ciel noir et blanc, nuancé ( nuancier ? ) haut en couleur des auteurs, se colorer, percer, percer comme un bouton et libérer le pu, le plus, à tâcher un peu plus que les doigts, détacher un peu plus loin de soi du soi.

Ouvrir encore.



vendredi 3 mai 2013

Parution : Revue Gelée Rouge



On en a entendu parler, elle a interpellé, les auteurs ont répondu (massivement d'ailleurs), la revue Gelée Rouge n° 1 est parue... 88 pages d'Art, à lire et relire, garder et regarder, écouter, voir même.

J'aurai, j'ai déjà fait, bien transmis le sommaire, c'est qu'il est long ! ( et annonce déjà la couleur...)

J'ai aussi le plaisir d'y voir l'un de mes textes, peut-être l'aurez vous aussi.





Le numéro est visible ici
Le lien du site de la revue est

Ainsi mes sincères remerciements à Séverine Castelant de m'avoir accueilli pour la naissance de ce très bel objet, qui apparaît comme prometteur, et bien plus.
 
 
 

De l'intérieur # 1


 Mai là, rien. Il manquait à ses « obligations ». De celles qu'on se crée, comme les besoins. Qui installées, nécessitent. A moins que. C'est selon. Selon où l'on place l'hygiène, l'équilibre interne. Et elles lui manquaient aussi. Quant à y quantifier une échelle d'un côté ou l'autre du versant, il en aurait été incapable. Et quel concours d'ailleurs ? Les deux concouraient vers un même point.

Ça semblait si facile avant. Semblait, ne l'était pas tant. Tant, encore une masse, un poids. Qui pèse. Avant quoi, aussi ? Chut, pas de réponse. Écoute. Non, rien. Il manque, mange, déguste, à petits feux les pots, rempote, brûle. Des tas de départs avortés, oubliés, noyés dans le siphon de la douche. C'est qu'elle est passée, l'heure de prédilection. Entre le café et le clope, pendant le café et le clope, avant la douche où tout part. Si ce ne s'est écrit. Des tas de départs arrêtés. Quand il n'y a pas le flot, le flux, l'épanchement, l'épandage quoi. Le fumier fertile. Mais un fil de maille qui passe, traîne jusqu'à dépasser du crâne et sur lequel il n'y a plus qu'à tirer pour dérouler le reste. Ou presque. A peu près. A peu de choses, ou de lignes près. Écrire comme tirer le fil, ou s'y faire mener, suivre. Faire semblant de s'en contenter. Jusqu'à ce qu'il rompt et que le texte s'achève. Se clôt et les yeux avec dessus.


Départ de bon heur, mais un peu tard. Un autre. Salon du livre, un vrai. Ça commençait à remonter. Nous serons en retard. Avec de la chance, nous pourrons prendre la lecture en cours. Route et place plus rapide, finalement. Retard quand même. Zut. Enfin non, ça n'a pas commencé. Les sorties de table, ici et là-bas, ça traîne, et c'est bien. Nous n'avons rien rater. Saluts. Ça fait plaisir. Il se souvient. Je suis content. Présentation. Ma femme. Et la lecture à suivre. Installation : café, prise de place, prise de parole. Lucien d'abord. Je retrouve les intonations du mois précédent. Ça s'entrechoquent. Les mots. On y est. Nouveau départ. En bus. Direction Sénégal. Et les sons résonnent jusque dans les fanfares et le brouhaha de la rue. Superposition. Aspiration. A la fois ici et là-bas. Tout de suite et avant. La narration déroule une fourmilière de sensations, entraperçus. C'est ça, ça fourmille. Comme dans la rue. Où humains fourmillent entre des termitières de livres. Des piles, des colonnes, des lignes, des chevauchements soubassements, tasseaux linteaux. Des maisons de pensées d'autres. Des demeures de mots. Anciens et moins, neufs ou recyclés. Et entre ces termitières les touristes fouinent, s'extasient, se retournent, se détournent, pointent et parfois tirent. La tête d'épingle pour se l'entrer plus tard dans leur propre tête. Comme le récit de Lucien qui pénètre. Puis Dominique. Qui se meut peu à peu, qui se mue tandis qu'il avance plus avant, qu'il devance quasiment du corps la parole sur laquelle il s'incline, scande. Transporte l'auditeur en Afrique. Ou l'inverse. Non, dans le bon sens, à rester humble. C'est bien un dépaysement. Il faut faire l'effort du déplacement. L'effort de se placer, et de sentir le déplacement des lecteurs. Auteurs. Partager vraiment. Un peu. Puis retour à Lucien. L'heure se referme. Le beffroi rappelle la temporalité nordiste. Dernières touches pour la vision d'ensemble par les digressions, les précisions, le retour, encore pour eux, sur l’anecdote. Le vivant. Puis le temps aux autres voix, qui parlent habituellement noir sur blanc. Qui parlent couchées sur des pages. Avec là des visages en plus.

Il fait bon, et le soleil sourit aussi. Les fourmis circulent à petits pas, en files indiennes. S'entrelacent tandis que chacune poursuit néanmoins sa propre route. D'apparence. Elles se défont parfois aussi spontanément qu'elles se reforment ailleurs. Parfois elles s'agglutinent en plus de se coller. Les premières sûres de la bonne proie, ceux derrière, l'espérant. On entend encore le concert, derrière l'hôtel de ville. Un autre groupe. Tonalités différentes. Électricité dissimilaire. Électricité quand même. Nous passons du journal de bord à notre propre voyage. Lucien m'a dit « je serai dans ce coin du chapiteau, là », en pointant. « A tout à l'heure sûrement. ». Tabac. Chapiteau. Chaleur. Un peu de touffeur africaine, en somme. A droite, à gauche. Déroulement de stands. Des piles, des colonnes, des lignes, des chevauchements soubassements, tasseaux linteaux. Des maisons de pensées d'autres. Des demeures à mots. A gauche, à droite. Non, tout droit. Engouffrement indien. A travers les différentes cités, les différents pays. Premiers mots. Seconds mots. Rendez-vous à prendre. La poésie a ses maisons officielles. Tiens, c'est juste à côté. Le chien connaît déjà d'ailleurs. Il y a pissé sur le grillage cet hiver. Et dans la neige. Tandis que j'hésitais. Passe, passe pas. Plus tard. Juste une remise à plus tard. Quand je serai plus vieux de quelques mois. Un peu plus mûr. Apte non pas à être cueilli, mais à cueillir. Coïncidence, ironie. Quitter la mer, se retrouver à deux pas, à deux bois et trois marais de la Maison de la Poésie. Et ce qu'il y a entre les deux. On reprend. Coïncidence, la même tunnel rassemble les pépites. Y'a plus qu'à. Faire le pas. Non, elle est partie se promener. « Ce n'est pas grave, nous repassons ensuite ». Sourires. Sourires. Un peu l'effet d'une transfiguration en midinette. Pourtant les cheveux ne sont pas encore assez long pour autant boucler. Pas encore. Juste la prime voûte de la clef. Bref. Braquage. Une première fois. Une seconde. Apostrophe d'un auteur à notre niveau. Seul. Il ose. Nous respectons. Nous écoutons. Presque une défense. Cela se sent. J'ai envie de lui dire « Pas besoin, raconte juste ». Il n'y a pas d'attaque d'indifférence. Nous ouvrons. Et ça parle. Imprévu. Une aiguille. Un appétit déguisé. Un voyage Africain sur les traces de Rimbaud.