jeudi 31 mai 2012
De la cueillette : De la paix des chiens
- T'as beau creuser ton trou dans le trou du cul du monde, t'as toujours un connard pour venir pisser dedans -
mercredi 30 mai 2012
De la cueillette : des volontés
La volonté d'avancer n'implique pas nécessairement la volonté d'atteindre un but.
De la cueillette : des formations de troupe
- Il y a le nature et la culture, la nécessité et l'envie.
Arrive-t-on à soi lorsqu'ils se concilient ?
Du moins, on ne s'en approche pas lorsqu'ils
se contrarient. -
La troupe chemine, cahin-caha, de ville en ville. Au fil des lieux, elle perfectionne son numéro. Néanmoins, il y eut avant un long parcours. Avant le numéro, il y eut la formation. Avant la formation, il y eut le chapiteau. Et quel nœud... La première fois, il s'est effondré avant même d'avoir pu dessiner la piste. La seconde, les câbles trop tendus d'un côté ont offert une prise au vent qui en a fait un cerf-volant. La troupe réunie a alors concédé : il y a des points d'ancrage nécessaires, obligatoires, peu importe alors qu'ils déplaisent au dompteur ou incommodent la funambule. Puis il y a les points d'assurance, et ceux de renforts. Le montage se révèle, d'un sens, un apprentissage en lui-même. A chacun de la troupe, sans dire, il a enseigné. A s'abriter et profiter, il a fallu d'abord de la volonté, un oubli de soi, des coupures et courbatures. Il y eut des découragements, des pauses, des reprises. Des formes ont été élaborées, dressées, déchirées, échouées, effacées. Jamais inutilement. On en a cerné les impondérables, tout autant qu'approfondi les arrangements, les degrés de liberté qu'il offrait à l'intérieur de sa forme. Enfin, à chacun, il a été ajouté les points de confort. Ainsi arrimé, le chapiteau a vu sous son aile se construire, peu à peu, le numéro. Puis son partage, ses échecs, son perfectionnement.
Peu importe en fin de compte, qu'ils ne plaisent à tout le monde, que chaque ville ne les ait pas accueillis à bras ouvert. Ils ont été parfois chassés, d'autres retenus jusque tard dans les saisons. Ce qui importait, c'est qu'ils puissent d'abord jouer, invoquer cette circulation magique et magistrale qui leur procurait ce souffle de tourner. Ce qui importait, c'était de convoquer ces étoiles en eux, et de les voir jaillir alentours chez ceux qui étaient prêts à les recevoir.
Des arrivées
C'est tout comme comme un exil
d'un aperçu du fond et de la palette
comme la vision du rivage de l'île
c'est tout comme un kit une mallette
qu'on a pas choisi qui nous défie
un jeu de rames à la taille inconnue
une quête informelle qu'on se confie
qu'on mouline en force dans les nues
l'incongru d'un mode sans emploi
l'apprentissage malaisé d'un usage
sous lequel il arrive que l'on ploie
par lequel le cours se voit plus sage
c'est comme le transport du havre
à soi en son territoire un cheminement
plein d'obstination oscillante d'affres
l'accostage à son vrai enfantement
- mais on n'arrive jamais vraiment -
mardi 29 mai 2012
Du détail du silence, exergue
Quelles histoires, mon vieux galure,
as-tu à raconter...
et tes trous, tes perforations, respirations
tes traces de sel, de terre et ta poussière
la marque du sang, la sueur
tes plis incompatibles et ta visière
autant de visions des routes et des labeurs
et tu tiens un peu droit, un peu bot
et tu rebutes et évites le rebut
tu causes en silence
et cueilles avec moi les fleurs de peau
as-tu à raconter...
et tes trous, tes perforations, respirations
tes traces de sel, de terre et ta poussière
la marque du sang, la sueur
tes plis incompatibles et ta visière
autant de visions des routes et des labeurs
et tu tiens un peu droit, un peu bot
et tu rebutes et évites le rebut
tu causes en silence
et cueilles avec moi les fleurs de peau
Du détail du silence
il en dit long en silence
ça se porte sur la peau
dans le pli, le plein.
les grandes lignes
en détail
l'entre-deux
l'entre-eux deux
pas un mot
juste un souffle juste
comme la conduite
du vent
sur la ligne
écouter en regardant
trace du doigt sur le sable
il en dit long en silence
lundi 28 mai 2012
Du cœur
Il peut se dissimuler, il n'en est pas moins présent. A l'inverse, affiché en façade, il peut être faussé.
De sang et d'ardoise, il est friable au temps, autant qu'effeuillé de sa circulation entre les contractions et les flux.
Sans rien posséder, il se présente comme une carte à jouer, pour laquelle on est prêt à faire tapis, se faire tapis, marcher dessus, marcher de quinconce ou de concert.
Sans rien posséder, il se présente comme une carte à jouer, pour laquelle on est prêt à faire tapis, se faire tapis, marcher dessus, marcher de quinconce ou de concert.
Ainsi, sa détention signifie la calcification du désir autour de l'organe de l'orgasme, et sa tension vivifiante.
- C'est le cachet de l'altérité -
dimanche 27 mai 2012
Des lignes de conduite
Pas ce matin, plus aujourd'hui, moins que demain. Le réveil s'est fait les mains pleines, le corps débordant, le cœur dévorant. Plus ce matin. Il n'y a pas de journée à écrire, il n'y a pas de scénario à élaborer, car pas de représentation jouée. Le réveil s'est fait avec la sensation de sa toute puissance, ceinte dans la circonvolution de ses bras. Il n' y a pas de croche, messe, de messe basse. Pas d'approche, de jeu, de jeu de rôle. Il n'y a rien à jouer. Oublier le programme, la programmation, les mains sont pleines. Ça déborde, s'écarter. Ça borde très bien ses propres contours, s'accorde très bien. Il s'écartèle au soleil, ça déborde.
samedi 26 mai 2012
Des trucs qui se lèvent
Assis dans le fauteuil, les paupières mi-closes, la tasse fume autant que la main, ou les lèvres, c'est selon. Il est sept heures. Assis dans le fauteuil, la rivière sonore encore douce atteint les oreilles, pénètre inconsciemment le corps ensommeillé. Les paupières s'assoient, laisse voir rouge, pour atténuer la lumière trop forte. Les merles debout dans le gazon prélèvent la taxe matinale des trilles, font razzia des insectes profitant de la prime fraiche. Au matin, les paupières mi-closes, il est primeur entomophage. Ce faisant, la luminosité assure sans frilosité qu'il en sera bien. Allongé dans la pelouse humide, le chien chiffonne un bras mort de ses crocs, dont on ne sait si c'est le croc ou le bras qui craque. Dans le fauteuil, adossé à la journée, le physiologique et le physique sortent du trou s'éclairer de leur envasement, sortent leurs doigts du cul pour aller l'écrire, cette journée, plutôt que d'en rester à ses pieds. Assis dans le fauteuil, il se lève. Ce n'est plus sept heures.
vendredi 25 mai 2012
Des appendices plantés
A poser la tête sur le billot, j'ai ouvert les yeux, me suis demandé, ce que je faisais la tête posée là, ce que faisais ce billot planté là. J'ai regardé derrière, vu ces rouleaux de dunes figées, devant ces collines d'eau étirée. J'ai du moins une certaine image cosmique de ce qui a été croisé jusqu'à ce billot, mais cette ligne en front tracée n'est pas plus dégagée de ce que je sais déjà avoir traversé.
A poser la tête sur le billot, j'ai ouvert les yeux, me suis affirmé, que la tête posée là n'était pas perdue, pas plus que ce billot planté là. A regarder derrière, devant, ces collines et cette ligne, sans être à moi, sont à ma vue, et que chacun m'ont appartenu et continue. Alors la tête sous le bras, le billot planté là, je me suis relevé, et le front tracé mais dégagé, j'ai repris ma traversée.
Des fumées profondes
A se creuser le gris pour trouver quelque chose de profond au lieu de le fumer,
c'est lui qui fume et renvoie profondément l'être au creux qui l'emplit.
Reste une phrase fumeuse et un peu creuse qui n'a rien de très profond...
c'est lui qui fume et renvoie profondément l'être au creux qui l'emplit.
Reste une phrase fumeuse et un peu creuse qui n'a rien de très profond...
jeudi 24 mai 2012
De la séparation
Je suis désolé, mon vieux, mais on ne peut pas dire que tu es encore très stable, que tu assures ta stature. Tu es encore beau, tu plait encore, ce n'est pas le problème. Sur, tu n'es ni Louis ni Voltaire, ces considérations, tu t'en fous. De toute façon, ce n'est pas la position qui penche ma décision. Puis ce n'est pas ce qu'on te demande. Seulement voilà, je l'ai déjà dit, tu es devenu vieux, tu n'es plus fiable. Tu as été le premier de la famille que je n'ai pas ramassé, que j'ai été cherché, tu portais si bien le skaï. On aurait dit de la vrai vachette, c'était classe. On y voyait déjà les kilomètres, comme sur la peau de tes bras usés, tannés. Regarde maintenant, la plupart du temps, tu me laisses le cul par terre, tu te défausses au moindre pas, au moindre mouvement tu te démontes, faut pas. Tu es encore resté un bon moment, en sécurité dans cette pièce bâtarde, d'arrière-cuisine, de véranda, c'était assez confortable. Tu avais vue sur le jardin, mais tu comprends, j'ai besoin de la place. Je sais bien que des comme toi, on n'en fait plus, mais personne n'en veut plus non plus. Ne m'en veut pas, je ne peux plus. Tu m'as porté, tu m'as soutenu, à présent, tes pieds ne te supportent même plus. J'ai été honnête avec toi, alors ne dis pas, dis, que je suis ingrat. Ça aurait se passer plus mal, je ne t'ai pas éventré, abandonné sur le bord de la route, même pas démonté. Ce n'est pas grand chose, mais en attendant que tu te retournes, je t'ai aménagé un coin, dans le jardin, maintenant qu'il fait beau. Tu ne crains rien, avec ton skaï, il est encore nickel. Puis, on pourra encore causer ensemble un peu, mon vieux, un temps. Non, ne t'inquiète pas du regard des autres, des voisins. Je m'en cogne moi. Tu sais, il y a bien plus con qu'un type qui discute avec son fauteuil dans le jardin. Dis, t'as pas du feu ?
mercredi 23 mai 2012
Des près-positions
Du avec et du sans, des jours avec le sans.
Dès l'instant où c'est pour, du moment où
c'est près. Rester prêt, prêt à. Positionnement
post-verbal. Effectif. S'en savoir se situer.
Si tu es ou pas. D'accord. Sans savoir. Rester
auprès. Non pas rester, être. Être près.
Je t'aime.
mardi 22 mai 2012
De la cueillette : De l'ordinaire
- Faire de l'ordinaire son ordinaire -
S'ordonner autour de choses
s'accommoder, accommoder
la chose, choisir, garnir le plat
se donner le moyen de festoyer
d'un rien, du rien, passer à tout
S'ordonner autour de choses
s'accommoder, accommoder
la chose, choisir, garnir le plat
se donner le moyen de festoyer
d'un rien, du rien, passer à tout
Du pouvoir
On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.
On fait ce qu'on est avec ce qu'on peut.
On nait de peu. On reste de peu.
On négocie le peu et le pue, on résiste.
Tant. On persiste.
On s'affaire avec ceux qu'on peut.
On s'affaire à ce qu'on a à faire, désolé du peu.
On perd ses vers, désolé du peut, on digère.
Tant. On persévère.
lundi 21 mai 2012
Des couleurs de l'univers
Dis voir, tu sais, tu l'as déjà vu ? Tu as déjà été là-bas ? On le dirait, tu sais, vraiment. Un soir de septembre, un soir d'été, quand il fait encore doux, tard. D'autant plus doux qu'à l'annonce de l'orage, l'atmosphère est plus épaisse, palpable sur la peau. A ce moment-là, on dirait la bataille des dragons, tu sais, celle décrite par Chrétien de Troyes, lorsque Merlin est encore enfant, la bataille d'avant le sacre d'Uther. Le jour qui se couche bataille contre cet orage qui veut précocement l'absoudre, l'absorber. C'en sont les mêmes couleurs, le rouge et le bleu d'une même brûlure qui se déchirent et se confondent. Oh je sais bien, va, qu'on y voit ce qu'on veut. Mais ce dessin-là, ces couleurs, c'est sur ma mer, là-haut, qu'on le voit, vrai. Alors tu sais, devant ça, ben tu t'arrêtes, et tu dis rien, y'a rien à dire, juste, tu regardes. Ça te donne l'impression de toucher à un secret, à quelque chose d'universel, sans savoir exactement quoi. C'est pour cela aussi que la lumière ressemble à celle d'un tableau de Turner, c'est le même ciel, la même mer. Alors vois-tu, c'est cela l'universel. Pour autant, il est difficile à formuler.
A l'intérieur, on sent à la fois l'orage et celui du dedans, sans pour autant qu'il soit mauvais, d'où vient qu'un orage est forcément mauvais ? Mais elle est bien là, l'alliance dichotomique, ou dichromatique, si on veut. Et le dire, l'exposer au regard, ça touche, impunément, le soi, bien sûr, car montrer, c'est s'exposer. Et montrer une partie du dedans, donc une partie de soi. Il est là aussi un peu, le mystère, dévoiler une partie de soi qui soit propre, et universelle à la fois. Comment est-ce possible ? Comment donc le savoir, pour le moins, ce doit être cela qui procède de l'humain et de l'art.
dimanche 20 mai 2012
D'avant l'orage
Entre chien et loup, avant l'orage, au jardin, le foie a retrouvé le goût estompé de la Karmeliet. Entre le chien et le chat-huant, les mains pleines des blondes, le vent décharge l'air de l'averse à venir. Mais n'efface pas son parfum qui la trahit. La bouche a retrouvé le premier goût de la Karmeliet.
Tout est calme.
Des labeurs terrestres III
Il y a des journées comme la veille qui ôtent tout scrupule aux journées comme aujourd'hui de ne rien faire. La barrière toute branlante a été entièrement dévissée, démantibulée. La quarantaine de mètres carrés de terrain apprivoisée est passée du bon côté de la barrière, qui se redresse aujourd'hui toute droite, n'attendant plus que de luire de la sombre lumière du vernis.
Ainsi, d'années en congés, le terrain praticable gagne sur la friche folle. La couleur nuancée de l'herbe se déroule comme une frise marquant le labeur et le temps. Et à chaque recul, la barrière se parfait, garde son champêtre tout en graduant le possible de la course des chiens.
Le labeur, à contempler, après l'hygiène du corps, a une arrière vue quelque peu poétique, pour celui qui s'y est courbé et son œil.
vendredi 18 mai 2012
Des petits jours
Le jour se lève sur la face terrestre, sur le visage ravi. La voie lactée s’évanouit au ponant, disparaît au matin dans la même bouche qu'au crépuscule. Les sons ce matin sont comme la lumière sur la finesse de la peau. Un effleurement quiet et ambré, renvoyé par le nacre des dents en reflet. Au milieu des marais statiques, le cours du ruisseau suit la course du jour. Il y a des petits matins qui amènent de grands jours au cœur, quitte à paraître mièvre, le sel se marie aussi au sucre.
jeudi 17 mai 2012
Des estampes
Sous le vent, ce sont des pétales en pluie, à peine écloses qui s'envolent enneiger le sol.
Pas une imparfaite, toutes telles qu'elles, tel qu'un cerisier incendié dans la semaine.
Chacune renferme dans sa nervure le sang de sa connexion, le fantasme de sa substance.
La pointe de l’œil tendue pour en piquer chacune et chacune des couleurs, la teinte évanouie de l'aube.
Pas une imparfaite tant que la révolution de l’œil n'en circonscrit qu'un instant, qu'un aspect.
Chacune cueillie dans l'essence est comme le mot saisi et couché, c'est l'ensemble qui trace la mémoire et l'estampe.
La trace reste perfectible à toujours, autant que l'instant de l'incendie sous le vent est fugace.
La trace s'estompe, rappelée à remembrance, autant que l'instant de l'incendie sous la pluie fuit.
Pas une imparfaite, toutes telles qu'elles, tel qu'un cerisier incendié dans la semaine.
Chacune renferme dans sa nervure le sang de sa connexion, le fantasme de sa substance.
La pointe de l’œil tendue pour en piquer chacune et chacune des couleurs, la teinte évanouie de l'aube.
Pas une imparfaite tant que la révolution de l’œil n'en circonscrit qu'un instant, qu'un aspect.
Chacune cueillie dans l'essence est comme le mot saisi et couché, c'est l'ensemble qui trace la mémoire et l'estampe.
La trace reste perfectible à toujours, autant que l'instant de l'incendie sous le vent est fugace.
La trace s'estompe, rappelée à remembrance, autant que l'instant de l'incendie sous la pluie fuit.
mercredi 16 mai 2012
De la naissance du mot
Le plus bel accouchement se fait au moment où aucune assistance n'est possible. Dans l'instant moite et chaud du délavement. Sa plus belle trace s'efface dans le siphon de la douche. La mémoire est trop courte pour la conserver au sec, la sécher sur le blanc d'une feuille. Son embryon a mûri sourdement quelques jours, quelques semaines, au creux du nœud des cheveux, à l'arrière du crâne. Son embryon a chu d'une mèche de cheveu débordant de l'élastique, au petit matin, à l'instant où l'eau s'écoule ébrouer le corps contracté du premier café. L’œil a déjà bu le profil du jour. Parfois s'accouchent des idées jumelles, des idées siamoises, parfois la silhouette à peine entrevue s'avorte. Souvent, il faut une certaine violence, un état d'âme ambivalent, pour pouvoir opérer, trancher.
Une fois quitté le chef trempé, la cabine humide, le mot s'étend, tout emprunt d'encre et d'intentions. En perdant cette aquosité fraîche, il se crispe, perd l'impression de suspension gracile qu'il possédait à son éveil. Enfin, il s'en va crier son existence aux yeux du visiteur. Et le visiteur de juger de la ressemblance d'avec ses parents, et au visiteur d'en accorder le reflet de sa propre beauté.
mardi 15 mai 2012
Des trous de pelle
« Tu as déjà creusé jusqu'au fond du trou, où vas-tu creuser à présent ? »
Je creuserai le ciel, et ses dents qui me regardent. Puis je creuserai la mer, déroulerai ses rouleaux. Je creuserai son corps, pour m'y déposer à l'intérieur. Enfin fait, je creuserai mon corps, dévorerai pour reposer défait.
A souvenance
C'est brutal. Une couverture duveteuse de plomb qui s'abat dans un fracas aphone. A souvenance, ça dérange. A souvenance, ce n'est pas de ces désordres qui se rangent, comme ça. Pas un détail, une somme en sommeil qui s'éveille, pas un détail, une somme dans laquelle on passe, où nous emmène un raz de marée. C'est brutal, un silence abrupte qui dérange. Une somme qui démène la rencontre d'une magie belle et occulte, qui révèle et enfonce dans une nébulosité enragée. C'est brutal, un silence abrupte qui dérange, abrutit, sur demande. Ne demande pas, à souvenance, ça ne se range pas comme ça. Passés les détails, à souvenance, les dents serrent encore cette galaxie grise et étoilée. Passés les détails, les dents mordent encore dans la vague avant chacun de ses effondrements.
lundi 14 mai 2012
De la cueillette : Des peintures perpétuelles
Dans la course pour voir, se voir, d'aucun tend à s'emplir de ce qui le touche. Lorsqu'il n'y parvient pas, alors naît l'ennui. Un autre parfois enrichit cette course, et lorsqu'il le fait d'avec ce qui le touche lui mais pas soi, alors naît l'ennui. La course est une peinture perpétuelle. L'ennui naît dans l’œil.
- cherche images à crever les yeux -
dimanche 13 mai 2012
De ci, de là
Là, la ligne a vieilli. Elle s'est épris de ridules, et le passant n'y voit que le bois. La ligne à l'endroit a pris la courbe de l'horloge, encollée à la gueule. Les yeux qui penchent, qui grattent du doigt la matière. Et l'ignorance. Ça se croise. Rien à faire du miroir poli. Là, c'est ma gueule qui sourcille.
samedi 12 mai 2012
Des angles de vues
A son pied, on y cherche un angle, pour se recroqueviller, on s'y cogne. La main dessus, on le longe, en longueur, en aveugle, à la recherche de la porte. A son pied, on s'impressionne de sa hauteur, de l'équilibre de ses pierres, ou le maugrée d'être si haut, à surmonter.
A son corps, on y cherche une voie, un accès, on y écope d'une arrête, d'un interstice où on glisse l’œil, le doigt. A son corps, on déchiffre les marques, du temps passé et qu'il fait, des vies incrustées, graminées semées par un coup d'aile ou de vent.
A son chef, on se satisfait d'y courir, d'en parcourir les alentours, sans comprendre toujours ses atours. Le pied dessus, on le longe, à la recherche du terme. A son chef, on s'y sent puissant, dominant les contours, et infime lorsqu'on lève et se lave la tête.
Et du pied au chef, lui n'attend qu'une chose, qu'elle vienne, sa régulière à l'horaire variant. Qu'elle vienne l'embrasser, de bise délicate, en caresse bruissante, d'embrassade écrasée, en tempête fracassée. Pourvu que, pauvre pier, il ait son quota de marée.
vendredi 11 mai 2012
Du sens des chants II
Le chant de l'aube qui se laisse entendre
n'a rien à voir avec le chant du soir
Et l'oiseau au matin pépie l'or du soleil
Et l'oiseau au soir s'incline de son déclin
Fait face à plus petit, croassement de marais
Fait face à plus grand, ululement de l'ombre
n'a rien à voir avec le chant du soir
Et l'oiseau au matin pépie l'or du soleil
Et l'oiseau au soir s'incline de son déclin
Fait face à plus petit, croassement de marais
Fait face à plus grand, ululement de l'ombre
De la déraison
la raison d'un instant
je m'en vais loin de moi
je m'en vais au devant du dedans
projeter quelques rivages
passant en kaléidoscope
série d'images comme une
fin défilée. Je les vois au loin
et m'y amène immobile
alors je ne suis plus là
et puis puiser dans ces formes
et souvenirs quelques odeurs
quelques brises, des terres
et des mers tant caressantes
tant endolories qui me rendent
quelques parts en moi
et devant n'est plus là, percé
et le regard devant perce
et l'intérieur
puis
enfin
me ramène à moi
jeudi 10 mai 2012
Du sens des chants I
Le chant de l'aube qui se laisse entendre n'a rien à voir avec le chant du soir.
De même l'odeur du chant de l'aube ne se goûte de la même manière que le chant du soir.
Et chacun de ces chants touche indifféremment de différentes manières selon le jour.
De même l'odeur du chant de l'aube ne se goûte de la même manière que le chant du soir.
Et chacun de ces chants touche indifféremment de différentes manières selon le jour.
mercredi 9 mai 2012
Des post-it
Les post-it
en bois
ont eu
d'autres mérites
que d'aider
à recouvrir
la mémoire.
L'inconvénient :
le temps efface
le message.
- l'usage en est plus aujourd'hui de surface (vitrée) -
Du prétexte
Pédagogiquement, le texte prétexte est un support dont le fond n'est pas tant l'objet que la forme. C'est un média servant l'apprentissage. Pragmatiquement, ce texte prétexte est une médiation qui me permet d'apprendre à écrire. Il n'invoque à l'écriture aucun enthousiasme particulier, non plus qu'il n'évoque aucune émotion particulière à la lecture.
Autrement, ce peut être aussi le prétexte de pouvoir poster ce jour.
mardi 8 mai 2012
Des cuisines
Les goélands eux
aussi ont droit
à leur cuisinière
fumoir à hareng
dessus les toits.
Les goélands eux
aussi parfois
accommodent la pêche
et se chauffent les fesses.
De ladite heure
Au coude à coude, ils se tiennent le bras bien serré. L'un contre l'autre, les deux vieux gris avancent, s'enfoncent dans le bois, c'est l'heure. Ils s'emmènent dans le bois, l'un d'eux en ressortira, c'est l'heure. Les deux vieux gris s'enfoncent sur le petit chemin, dans l'après-midi de la campagne embrumée. Ils ont quinze ans. Ils ont l'âge d'avant les promesses. Ils ont l'âge de toutes les promesses. Et l'heure d'en regarder les plis et d'en démarquer les rides.
Au coude à coude, ils se tiennent le pas assuré. L'un contre l'autre, les deux vieux gris devancent, s'enfoncent dans le temps, c'est l'heure. Ils s'emmènent dans le bois, elle d'eux en ressortira, c'est l'heure. Les deux vieux gris s'effacent sur le petit chemin, dans l'après-midi de la campagne chagrinée.
lundi 7 mai 2012
De la cueillette : Du principe d'éducabilité
Tout comme la culture, la politique est un savoir. En cela nous devrions croire au principe d'éducabilité. Néanmoins, l'on ne se heurte pas qu'à une représentation, mais à une force bien plus subjective et puissante : la conviction.
Du temps à passer
Il y a cinquante ans de cela, j'avais juste quinze ans. Après l'école, j'allais labourer. Là j'étais pour les betteraves. J'étais jamais à rien faire. Même le dimanche, on s'occupait des chevaux. Une après-midi, je m'en souviens, il était quatorze heures, c'est devenu noir. C'est tombé pendant deux heures.J'ai essayé de relever la charrue, qui s'était embourbée. Je me souviens, on n'avait pas de voiture, j'allais à pétroleuse par tous les temps. On le sentait, on se préparait pour, on avait toujours de quoi. Aujourd'hui, tout le monde a des voitures, on ne sent plus le temps. Ouais, en francs, ouais.
Avant, quand on voulait parler, on allait se voir, on discutait, aujourd'hui, il y a les téléphones portables. Le mien, il y a rien dedans, il est cassé, je paie une assurance d'un an, c'est des plateformes. On ne s'en sort plus. Une fois j'ai appelé, je me suis retrouvé à Cherbourg. Je paie une assurance, mais j'ai pas de téléphone.
Il est seize heures, il boit un rouge et l'autre une pression. Il y en a déjà un de payé. L'un parle haut, emplie le troquet, l'autre sourde, répond par mono-syllabes. Frais rasé, la coupe courte, poivrée. Le menton est bas, le front dans la connivence. Dessus les verres plats, l’œil pétille. Ces dames ont le petit jaune et la teinture vive.
Un à un, les cheveux gris passent le seuil, des yeux cherchent une place, un ami s'installant pas trop loin de l'autre, au cas où. Au cas où elle sera à être payée.
La solitude, même colorée, est un moment qu'on repousse le plus tard possible dans la journée.
dimanche 6 mai 2012
Des carrières
Pour faire carrière
nous n'avons besoin
de leurs bâtons, juste
de notre pas, partition
nos bâtons, nos crayons
notre propre écriture
dans les yeux et ses yeux
les nuances à ne pas
perdre de vue
le fil de l'eau
y allons
nous n'avons besoin
de leurs bâtons, juste
de notre pas, partition
nos bâtons, nos crayons
notre propre écriture
dans les yeux et ses yeux
les nuances à ne pas
perdre de vue
le fil de l'eau
y allons
Des frontières
On attend toujours beaucoup de la légende. Il n'en vient jamais l'attendu, souvent beaucoup moins.
En attendant la nuit, la lumière se fond, et le décor floue. Et la silhouette n'est pas sûre de la frontière entre le tronc et l’œil. Bientôt le plafond sera au sol, l’œil couché peut-être, sans plus attendre.
On entend toujours beaucoup de la légende. Il n'en vient jamais l'attendu, s'en venir à l'écrire.
Suis bien sorti du Val sans Retour.
samedi 5 mai 2012
Des Labeurs terrestres II
Un geste en balancier. Il part d'avant vers l'avant, rase le sol et fait table rase du présent. Un immense pendule axé sur l'être, mue par l'amplitude des bras. L'un qui soutient, l'autre qui souligne la lame.
Un geste en balancier, séculaire et successible. Un geste d'avant, affecté des labeurs paysans. Un immense pendule, mue en mécanique du temps. De sexte à Vêpres, avancer le pas et le champs.
Le pas sur le foin qui craque comme la flammèche du feu, le pas qui rythme le champs, l'après-midi qui passe comme un temps sédentarisé sur une image d’Épinal. Et pourtant encore le son de la coupe.
vendredi 4 mai 2012
Des bascules
Je pense souvent à ces instants. Ceux où tout bascule. Le passage d'un instant à un autre, irrémédiable. Ce passage d'où il n'est plus possible de revenir en arrière. Il invoque un déchirement, entre le corps, l'intérieur et le temps. La charnière entre deux points, fugace et marquée, grinçante, huilée.
Je pense souvent à ces instants, puis, après d'autres, peux me dire, me dis, c'est bien.
De la cueillette : Des inters
Si un proche interpelle ta personne, tu t'interloques. Si un second proche interpelle ta personne, tu t'interroges. Si un troisième proche interpelle ta personne, tu t'introspectes. Ce sera un pas pour ton intellect.
jeudi 3 mai 2012
Des retours d'être allé
Nous sommes assez vite sortis de Rouen, la route normande fut bien maussade, quoique rapide. La végétation est encore jaune, elle suggère, même foisonnante, qu'il a beaucoup plu ici. Le pays nous a accueilli d'une vaste brume, avant de nous rendre les vues bien connues. Nous avons fait un crochet par notre côte, grise, un peu triste, égale, mais pas assez pour en emprunter l'humeur.
Les bagages sont déjà déballés, le lave-linge tourne, lessive les derniers rayons qui tenaient aux fibres. Les souvenirs peints sur la céramique rangés sur les étagères. Ce sont les dernières traces tangibles de notre errance, celles encore palpables.
Mon ami, ta région et ta compagnie ont toujours un goût de trop peu. Je sais bien, et retiens bien, qu'il y en a encore autant. Il y a tant de choses à voir, et tant à raconter. On s'en racontera, toutes les pierres ne sont pas retournées. Chez toi, c'est un peu un val sans retour, on n'en revient pas totalement. On t'a pris quelque chose, mais on en a laissé une autre.
mercredi 2 mai 2012
A la sirène
La sirène bat le rappel
appelle au rassemblement
cent et cent fourmis
à grouiller d'affinités
à s'affilier par labeur
à s'engouffrer en file
par les doubles battants
la mesure du programme
appelle au rassemblement
cent et cent fourmis
à grouiller d'affinités
à s'affilier par labeur
à s'engouffrer en file
par les doubles battants
la mesure du programme
mardi 1 mai 2012
De la voracité
D'abord quiet comme une aube. Son horizon embrumé renvoie des rayons vifs là où il voit, dans une lande encore pastelle. Un gazouillis vient tailler sporadiquement cette campagne. Puis un peu léger, en brise, puis affirmé, en rafales, un vent vient hacher la sérénité. Il vient taper le tambour, réclame sa pitance dans une accentuation exigeante. Lorqu’il dévore enfin, l'horizon avale la mixture de sa composition. Et fripon et satisfait, joue sa culpabilité sur la balance de son illumination tendre.
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