lundi 23 décembre 2013

Du lien



 
Rentrer vite. La sonnerie, le tocsin, le gong, le bond. Rentrer vite. Et partir. Ressortir. Les chaussures crantées avec entre les dents la boue sèche de la dernière fois. L'usure des genoux et le vide dans le jeans qui les laisse paraître. Le paraître. En sortir. La veste et son tabac, le chapeau et sa vis, le collier et son chien, la laisse en nœud en huit à la ceinture. La canne et sa propre boue. La boue du jour, des jours de ces semaines. Celles qui se sont ressemblées alors qu'elles n'auraient pas dû. Parait-il. Aller piétiner la vraie boue, qui colle comme l'autre, mais sèche au moins. S'éparpille en poussière sur le paillasson, et déborde même. Elle déborde mais ne tâche plus.
C'est parti. Très vite l'obscurité descend. La promenade à l'envers. Éviter les pleins phares, le frôlement, le renversement en ligne droite. Finir par les lampadaires, les lumières artificielles, les ombres artificielles. C'est engager. Déjà. Un bon pas, toujours. C'est toujours un bon pas, mais encore désorganisé. Il fait encore froid. Il fait encore boue. Le corps cherche le tempo dans le son humide, presque moite des feuilles empâtées sur le cavalier qui n'est plus rouge. C'est juste là, ça déborde, comme qu'i dit.
Mauvais réflexe, l'appel de l'écran, les yeux sur la surbrillance de l'écran qui indique la température : quatre degrés. D'ici quelques heures, deux. Me dis que je suis en train de tout rater, encore. Me retrouve encore en surbrillance, en sous-brillance. Les yeux se redressent mais ne perçoivent plus les moindres détails, les détails moindres qui font la marche. Je ferme le clapet aux pixels muets. Ne pas passer à côté. Être aux côtés. Ils reviennent. La vue revient sur le monde tel qu'il est. Il fait froid encore. Je me concentre. Le rythme revient, le froid part dans le cata-clop sourd des pas ponctués du bâton. Il n'y a personne, je ne suis personne. Juste une partie du défilement des images.
Des phrases viennent comme des clichés sur le rythme auquel je ne pense plus. Je n'ai plus besoin de penser. Elles seront passées, il ne restera rien d'ici en rentrant. Rien, si peu à retranscrire. A gauche l'eye-liner vert-de-gris pâle du ciel se referme sur la terre. S'en revient la réflexion d'il y a quelques jours. Le couteau et la truelle à la main. A boucher des trous, encore. Au moins une fois par semestre ces dernières années. M'étais dit que ce devait être cela, un peu, boucher des trous. Ceux des autres, de leurs erreurs, les miennes, et mes erreurs, comme je continuais et continuerai. Puis non. La pâte à joint ne fait pas que réparer, combler, embellir. Elle construit, aussi, elle finalise. Elle renforce. C'est cela, le couteau et la truelle. Des outils pour rattraper, et pour avancer aussi.
Le couteau et la truelle, le fer et la truelle. Deux organes qui associés à la tierce matière créent le lien. Ce qui fait tenir. Comme j'avais fait tenir quelques causes et conséquences. Comme si la jeunesse empêcher les vues d'ensemble. Et la taxe de parano habituelle. Tu ne sais pas de quoi tu causes petit. Tu es trop jeune. Mais non, t'imagines des trucs. Ça fait déjà un moment que j'imagine. Mais que l'imagination est bien prosaïque. Et je ne reviendrai pas avec le je l'avais dit. Parce qu'il n'y a pas de triomphe là-dedans. Juste un peu plus de désabus. C'est le privilège de si bien connaître l'abandon. Le mépris. Tout le monde n'a pas le même sensible dans les yeux.
L'accumulation, c'est comme des énergies dans les deux sens, avec deux pôles. La pile négative est pleine. Mais ça ne s'ôte pas comme ça. Suffit pas de lui mettre la tête en bas pour la décharger. Mais elle peut aussi se vider au couteau. S'appliquer. Il y a tant de choses qui s'appliquent bien à faire chier. Y'a matière à. Toujours. Ce qui se monte avec deux organes se démonte avec d'autres. Le lien, il se trouve où l'on applique la matière. Et la matière, c'est ce qui tient. C'est ce qui permet de tenir. Faire le lien, ce n'est pas forcément le plus difficile. Le plus dur, c'est d'avoir la bonne matière.



 

samedi 14 décembre 2013

Des étoiles filantes




Une étoile s'est décrochée, dans le jour est tombée. Il n'a rien souhaité, s'accroche aux nœuds de la voix du silence. Le soleil dans le dos qui pousse comme un vent dans les voiles, en proue de pare-brise un pic-vert-rouge-jaune. Où vas-tu ?

Étuve la nuit dans la passoire du réveil, restent au fond fixes et givrés les carences prêtes à être emportées dans leur sachet congélation cardiaque. Elles ne se fondront pas dans les heures. Aussi froides qu'une étoile crevée au petit matin.

Ensemble elles se filent entre les doigts des yeux, tissées dans la tapisserie mémorielle accrochée à la voûte crânienne, alors qu'on lui préférerait la voûte plantaire. Pouvoir les piétiner plutôt que le contraire. Une tapisserie au mur qui n'arrête pas les courants d'air.

Attendant, il piétine dans le froid en regardant les étoiles filer.



 

jeudi 12 décembre 2013

Le cas Leleu # 10 - épilogue

 

 
          Cette nouvelle n'est pas basée sur un article anonyme publié dans le quotidien La France du Nord, dirigé par Edmond Magnier, dans la rubrique Faits-Divers. Le journaliste n'a pas été dépêché sur une indication d'un médecin de l'Hôpital, fervent admirateur du travail de Guillaume Duchenne, et qui souhaita rester anonyme. Ce médecin ne s'était pas refusé d'adresser le cas à l'asile public d'aliénés de Bailleul, dirigé alors par Pascal Leblond, notamment pour des divergences politiques dans le climat tendu que l'on connaît, et le faible effectif d'encadrement présentement en place, à savoir, deux médecins et un interne pour plus de mille patients.


           Le journaliste sus-évoqué n'a pas non plus retrouvé, quelques années plus tard, dans le sous-sol du Museum d'Histoire Naturelle de Boulogne sur mer et sur indication du Docteur Hamy, un petit carton renfermant des clichés d'époque, un vieux carnet de cuir et quelques effets apparemment personnels étiquetés A. Leleu. Ernest Hamy n'attendit pas l'an 1873 pour exposer le corps naturalisé du sujet, après trois années dans une caisse en bois. Ce corps ne fût pas exhibé dans le département « Curiosités », inauguré suite aux échanges initiés entre les musées de province de pièces d'anthropologie contre des objets de curiosité.
           

          Il n'y a donc ni base tangible, ni trace aucune de cette histoire qui n'a jamais eu lieu entre 1869 et 1873.



 

mercredi 11 décembre 2013

Le cas Leleu # 9







           Je pense pouvoir affirmer sans hésitation qu'avant son internement, le sujet a eu une vie sociale, intégrée à la vie en société. Qu'il y avait même une place, voire un rôle certain. Donc par induction, une éducation et des principes. Peut-être même une famille. Les différents facteurs m'incitent à certifier qu'un ou plusieurs événements sont venus frapper psychiquement et avec force Alembert, qui dans un premier temps résista, continuant à vivre « normalement », jusqu'à ce que les premières manifestations physiques ne viennent déranger son mode de vie coutumier. D'abord de légères céphalées, qui ont empirées. Son corps a malgré-lui cherché d'autres solutions, et le monde qu'il connaissait ne correspondant plus au monde tel qu'il le concevait, il développa au détriment même de l'esprit du sujet, de son propre esprit donc, un autre mode de développement. Je ferai ainsi ce parallèle entre la structure osseuse et la croissance d'un arbre. L'individu, se protégeant de la folie du monde extérieur, s'est épaissi de l'intérieur, nourrissant sa propre folie. J'atteste ainsi de la mise en lumière du premier « homme-arbre », symptomatique d'une inadéquation à la vie moderne de notre XIXème siècle et de ses formidables évolutions.

           Vous pouvez mandater vos photographes au Museum d'Histoire Naturelle, où la dépouille du sujet est présentée au public, dûment naturalisée. Voilà tout pour notre entretien, si vous le permettez, il est l'heure d'effectuer ma ronde auprès des patients.



  

mardi 10 décembre 2013

Le cas Leleu # 8







           Comme on s'y attendait, le sujet s'éteignit avant la fin de sa deuxième semaine d'admission. Mais d'une étrange manière, qui trouble encore le personnel de l'Institut. Sa peau semblait comme aspirée par bien des endroits par son corps. Elle laissait transparaître sa chair, et à bien des endroits, ses os. C'est là que je décidais d'initier une autopsie. Celle-ci révéla deux phénomènes curieux. Le premier était cette compression des organes internes. Pas un rétrécissement non, il semble que les organes du sujet se soient comprimés intérieurement, jusqu'à diminuer. Le chirurgien-légiste, les lui ôtant, les déplia littéralement pour les étaler sur la table. Ensuite, ce dernier nous fit remarquer l'épaisseur inhabituelle des os : il semblerait que la structure osseuse du sujet ait continué de se développer, comprimant l'intérieur de son corps, et étirant progressivement sa peau. J'attribue cette manifestation à l'expression physique de l'extrême repli sur soi du sujet, et à son rejet complet du monde extérieur. J'en tirai mes conclusions.


à chaque réveil la sensation d'avoir été défenestré du sommeil
l'herbe un bruit de papier cristal
bientôt ne pourrai plus

comme une laisse s'étendre
refait à descendre
descendu défait à la montée
deux fois le jour noyé
plus que d'un sommeil
réanimé aux armes salées
asséché à la paix



 

lundi 9 décembre 2013

Le cas Leleu # 7







           Après l'injection, les soigneurs entrèrent avec le matériel, le sujet resta calme, s'allongeant de lui-même sur son lit, ailleurs et docile. Le petit maillet se leva, puis s'abattit sèchement. A notre surprise, le pic ne pénétra que la peau, arrêté par on ne sait quoi. L'os devait être théoriquement fin et aisé à transpercer, à cet endroit. Le sujet hurla. Le soigneur leva à nouveau rapidement le petit maillet puis cogna à nouveau, plus fort, affolé. Le pic s'enfonça à peine plus dans la marque précédente, et malgré la morphine le sujet hurla derechef de douleur. Il releva la tête et plus que circonspect m'interrogea du regard. Les soigneurs interdits me fixaient, puis la blessure qui n'en était une. Face à l'agitation de Leleu, et pour éviter un traumatisme additionnel, nous nous retirâmes, le laissant, le crâne bandé d'une gaze rougissante obstinément. Je jugeais indécent de réitérer l'expérience sur l'autre tempe. Ils sont rares les patients qui conservent en mémoire une telle expérience. Il me confia plus tard que ce n'était pas tant la douleur du coup porté que l'immense résonance dans son crâne, ce bruit atroce au contact. Un autre bruit commençait à courir.



Je n'ai fait que passer dans les paysages
je n'ai fait que traverser comme un paysage dont je ne faisais pas parti
je n'ai fait que passer des paysages sous les paupières closes
que je repasse à présent que je n'ouvre plus les yeux
un fantôme carné dans sa pèlerine de gris élimé éliminé par la pénombre
du regard de l'autre qui se tourne alors que les pas se détournent
et s'appuient comme les ailes blanches blanches sur les épaules du vent
à migrer là où il fait toujours froid vers des cavités sans langues
sans pouvoir plus articuler autre chose que des pas à pas
un peu plus lentement loin de soi comme entre deux clignements
un peu plus loin de soi inscrit sur la terre des paupières



 

dimanche 8 décembre 2013

Le cas Leleu # 6







           Lorsqu'il revint à un état stabilisé, nous décidâmes de ne pas lui laisser d'accès aux livres, mais lui avons laissé à disposition du papier et un morceau de charbon. Comme je m'y attendais, il se saisit, entre deux crises, du morceau pour écrire. Il s'y prit à plusieurs tentatives, mais ne traça jamais plus d'une lettre, une première lettre d'un mot qui restait à chaque fois interdit dans sa main, dans son esprit. Bientôt, il chiffonna chacune des feuilles, gémissant qu'elles apportaient trop de lumière. C'est là que je remarquais que ses cernes, malgré tout le repos apporté, continuaient de s'allonger. Je crus d'abord qu'il s'agissait de la crasse du charbon, mais compris bien vite qu'il s'agissait en réalité de la propre ombre du sujet, de son humeur bileuse qui marquait physiquement ses joues. Je lui prescrit quelques cuillères de confiture de haschisch aux repas pour tenter de le soulager. Mais face aux plaintes à demi-mots répétées du sujet, sur ses yeux qui le brûlaient, son crâne qui le serrait, je décidai d'une trépanation pour le soulager. Je mandais donc les soigneurs.
 

Il y a un mauvais esprit dans le sang qui se transmet qui me meut j'ai sang mauvais qui prend aux jambes jusqu'à la tête sang qui ne se voit mauvais en moi personne pour le voir et le croire je suis moi je crois je le crois encore mais plus seul qui m'isole encore je ne crois plus être le sang mauvais expulse m'expulse l'esprit du corps qui ne peut sortir suis-je ainsi si mauvais homme mes amours d'être parti maintenant je pars de moi-même



 
 

vendredi 6 décembre 2013

Le cas Leleu # 5







 
           Nous avons donc décidé de convoquer un colloque des plus éminents confrères. Le sujet fût placé dans notre amphithéâtre privé, pour observation et partage. L'expérience a tourné court. Sous le savant brouhaha, ce dernier s'est totalement non pas renfermé mais refermé sur lui-même, les bras lui cerclant la tête, masquant comme il put ses organes sensoriels. Les personnes présentes entendirent s'échapper de ses lèvres une sorte de mélopée pratiquement inaudible «  trop de bruit trop de bruit trop de bruit trop de bruit trop trop ». Nous ne réitérâmes point l'expérience. Le sujet resta trois jours ainsi prostré sur lui-même en cellule. Lèvres mues mais muettes. Les confrères conclurent à une sorte d'autisme, d'autres à une débilité, et quelques derniers s'accordèrent sur l'une et l'autre. Je ne fus en fin de compte pas plus avancé, et regrettai même cette initiative. Cette intervention malheureuse ne fit qu'aggraver la situation. Je prescris donc beaucoup de repos, et peu de sollicitations.



Ce n'est rien
deux poings de lumières enfoncés dans les yeux
trois fois rien
la tête emprise entre les cuisses de l'extérieur
et ses deux mains plantées dans les tempes
qui tentent d'arracher la boîte crânienne
presque rien
une graine
une demie
migraine
qui te plante
dans le sol
le troisième dessous
deux fois rien
qui te couche
une petite baise
intérieure






jeudi 5 décembre 2013

Le cas Leleu # 4






           Les soins apportés se résumaient à des repas réguliers, nous attendions d'établir un diagnostique fiable avant de prescrire tout traitement. Je notais cependant que le sujet absorbait la nourriture, mais sa condition physique s’obstinait à décliner, jusqu'à devenir préoccupante. Je notais aussi que ses déplacements, la mesure de ses gestes, se raréfiaient. Se mouvoir suscitait un grimacement. Curieusement, plus les séances se multipliaient, plus nos conversations s'emmêlaient. Le sujet se renfermait visiblement sur lui-même : discours, postures, cela semblait presque se faire malgré lui. Cette incapacité à me transmettre ses sensations physiques et psychiques, de toute évidence, le frustrait. Mais bientôt je dus écourter, puis me contenter de l'observer à travers les barreaux de sa cellule, sa condition physique et mentale ne le permettant plus.


 
      Internement physique, où la conscience de la chose ne provient plus d'abord de la vision de l’œil, mais d'abord du corps. La sensation comme une annonciation non pas de la venue, mais de la vue. L'os donne à sentir puis à voir.
      Internement physique, où la chose devient consciencieuse et lente déflagration, intégrée dans la chair. La chair comme exposition de la programmation anarchique de l'os qui se modèle à l'envie. L'os donne à voir sans être vu.
Ne m'émeut plus
ne me meut plus



 

mercredi 4 décembre 2013

Le cas Leleu # 3






 
           Il était acquis qu'il sache lire et écrire, déduction logique découlant de la possession du carnet. Je me suis penché dessus, mais suis resté interdit devant les pages remplies d'une écriture fine mais tout bonnement illisible. Moi qui espérait trouver des informations nous éclairant sur ce cas, suis resté impuissant. Je persistais cependant mon laborieux déchiffrage. A plusieurs reprises je tentais, dans sa cellule, une mise en confiance, l'entame d'un dialogue. Nos premiers entretiens furent courtois, mais le sujet avait des difficultés à formuler ses différents symptômes, autant qu'il avait de réticence à évoquer son passé. Il était, entre ses crises, parfaitement capable de raisonnement. Il avait même réclamer des livres, tout en refusant les journaux.

corps boucher
crochet boucher
dans la tête le poids
pendu la main l'étau
la poigne du boucher
 du corps boucher
 
  

 

mardi 3 décembre 2013

Le cas Leleu # 2








           Lorsque nous l'avons accueilli, Alembert Leleu bénéficia d'une cellule individuelle. Sur les recommandations de nos confrères, nous ne l'avions affecté à l'un des dortoirs. Le premier jour, il brisa la lampe à gaz de sa cellule. A chaque remplacement de celle-ci, il recommençait. Nous avons donc décidé de ne plus alimenter sa cellule en lumière, et avons rapidement constaté une amélioration de son état, ou plutôt une accalmie, si vous permettez. Cette amélioration n'était qu'un espacement de ses crises, qui persistaient néanmoins. Dans une semi-pénombre, les yeux du sujets acceptaient de s'ouvrir. Il semble qu'Alembert réclamait le silence, alors même qu'il n'y avait pas de bruit. Les céphalées s'accentuaient, leur intensité immobilisait complètement le sujet, recroquevillé sur lui-même, croqué de l'intérieur.

 
on peut avoir penchant pour la perdition
jusqu'à ce qu'elle nous perde
pardonnez-moi, mes amours,
d'avoir du prendre la route



 

lundi 2 décembre 2013

Le cas Leleu # 1



 
          C'est un cas bien étrange que celui d'Alembert Leleu. L’Institut a été alerté par l’Hôtel-Dieu, qui m'a aussitôt mandaté. Nous avons le jour même transféré le sujet en nos locaux, cintré d'une camisole. Non pas qu'il fût dangereux pour autrui, c'était surtout pour sa propre sécurité. A vrai dire, nous n'avons pu observer le sujet que quelques jours, son état étant plus avancé que les symptômes ne le laissaient paraître.
           L'Hôtel-Dieu nous a transmis son dossier médical, qui commença à son admission, et ses effets personnels, quelques loques maigres, une paire de binocles aux verres teintés, un gousset arrêté, une blague à demi pleine, une pipe en porcelaine, de facture visiblement flamande, une canne au pommeau sculpté et sobre et un carnet, qui permit son identification. De traces d'un quelconque passé, d'une adresse, nulle part. Son dossier narre des réactions continues de prostrations et d'asthénie, précédées de crises pendant lesquelles, d'après les descriptions du personnel soignant, le sujet se maintenait la tête, subissant des sortes de convulsions partant du crâne qui secouaient épisodiquement l'ensemble du corps. Ses propos, lorsqu'il y en avait, étaient incohérents. Le sujet était grand, maigre, d'une pilosité légèrement excessive. Sa dentition soignée nous indique qu'il n'appartenait pas à la classe pauvre. Mais rien d'altier dans la tenue qui ne laissait présupposer quelque aisance récente. A vrai dire, il n'y avait a-priori là rien de particulièrement spectaculaire. Nous avons en nos locaux bien des sujets beaucoup plus expressifs que lui. Mais j'y viens.

Je suis Alembert Leleu. Enfin je crois, encore.





vendredi 29 novembre 2013

Ni l'un ni l'autre



 
J'ai fait ma journée de 12 heures celle qui arrive pas très souvent qui arrive de temps en temps qui arrive régulièrement la journée repassait de son fer lancer saluer asseyez-vous programme affiché des mines grattées vous prendrez la séance ne pas enregistrer autrement que manuellement une seule main pour pouvoir causer attendre la parole venir claquer dans la paume rebondir dans la bouche pendant qu'ils se l'envoient dans la gueule suis resté un enfant

voulais les abandonner fichier effacé sur les lignes de ceux que je garde de côté trop fatigué à pouvoir les regarder au coucher le laps de feuilleter deux burroughs le chat a vu la lumière il tente les chiens se sont levés m'dire d'aller me recoucher mais les dents mordent si fort la tête la mâchoire et le crâne ne veux pas me redonner à la nuit qui n'veut pas dormir

puis un michaux nous deux encore m'est tombé j'en aurai presque brai c'était tout sur une feuille de papier compris pourquoi ma peau ne pouvait apparaître suis resté un enfant les mots n'ont pas plus corps que corps les uns hommes claquent du corps dans les mots les autres hommes font claquer les mots dans le corps je n'étais suis ni des uns ni des autres il n'y a jamais que ma gueule de claquée



 

lundi 25 novembre 2013

Au bout des laisses



 
Au bout des laisses. Certains ne voient rien noir comme dans le cul d'un chien. Certains y voient un collier et de l'autre côté un maître. Au bout j'y vois le mur horizontal de la mer, de l'autre côté l'horizon de la falaise le dos au mur le lieu d'où tu tombes. Entre-deux la laisse. Un bout des lèvres sur le bout de la langue, pour apprendre à parler avec au fond de la gorge la rocaille érodée verte et noire, au fond de la gorge la glaire écumeuse et stagnante. Une sorte de no man's land à prendre appréhender circuler entre les bâches et l'enfoncement du sable, accepter de laisser s'effacer les traces derrière qui se retrouvent devant, quand il faut reculer de la marée qui remonte. Une circulation malaisée dans les veines salées mais le cœur y est comme un objet perdu un peu maquillé. Au bout des laisses est un parcours où on n'arrive jamais il n'y a pas d'arrivée. Il n'y a que des points et des détours, comme des grains de sable. Ceux qui marquent les pas.



 

dimanche 24 novembre 2013

Du luxe de la poitrine



 
          Pendant que les légumes mijotaient dans la cocotte, le petit dans son bain, j'ai essayé de t'appeler. Deux ou trois fois, dix. Cette colère, ou cette honte, les deux, envers nous, se retourne en toi, contre, tout contre froidement tenue. Ce n'est pas comme la dernière fois. Tu ne veux pas parler, en parler, je l'ai bien entendu dans ton silence. Tu ne veux pas parler, tu as sans doute tes raisons. Aller au bout. En est-ce une ? Les légumes, c'est pour la soupe. Pour le repas du soir, avec du pain du jour. Elle est luxe, j'ai doré un morceau de poitrine avec les oignons. Pour la suite, ce sont les restes de légumes. J'ai ôté toutes ces parties gâtées, patiemment, au couteau d'office. Les prémices de décomposition sur le quart de potiron, les feuilles extérieures et séchées des poireaux, les étoiles bleutées sur les strates du chou, les yeux verts des carottes qui ne regardent nulle part. Que ne pourrions-nous faire de même avec nos propres parties gâtées. Ôter ce qui merde en nous, les parts putréfiées qui nous pourrissent de l'intérieur. Celles en ton cœur, celles en mon crâne. Dans une dissection appliquée au grand couteau d'office tourné et retourné en nos propres mains, envers nous, contre, tout contre froidement tenue. Tu es sur un nuage. Pas un petit, non, un bon gros nuage, gris. À te griser sous son gonflement qui t'enfonce toujours plus avant. Coincé entre orgueil et peine. A peine une mèche de tes cheveux qui en dépasse, humide, suintante, grasse. Gorgée. De vide, comme toi qui te crois trop plein, qui es trop plein. J'ai essayé de t'appeler demain. Deux ou trois fois, dix. Elle ne répond plus, la chute de tes vieux os. Tes vieux os qui te laissent tomber, et les autres autour. Creux, comme la main qui t'écrit et à laquelle tu ne répondras pas plus qu'à la voix qui l'accompagne si mal. Nos tremblements respectifs. Laissons tomber le trémolo. Dans ce tremblement, lève-la, lève ta putain de main, et décroche.



 

samedi 23 novembre 2013

Du bâtiment



 
Entendu
«  Cet établissement est un bateau qui coule ».

Bâtiment sans voile, il avançait déjà très peu,
les fondations reposant sur une fondrière,
le chavirement n'était qu'une question de temps.



 

vendredi 22 novembre 2013

Du petit déjeuner




le déjeuner
fait un bruit
de cheval
au galop :

« café clope,
café clope »



 

jeudi 21 novembre 2013

Des perditions



 
on peut avoir
penchant
pour la perdition
jusqu'à ce qu'elle
nous perde



 

mercredi 20 novembre 2013

Des mégots

  

 
on ne jette pas tous ses mégots on ne jette pas tout ce qui se consume tout ce qui nous consume dans le même cendrier le même panier ces mégots qui n'en furent qui enfument de volutes de courbes les bronches les synapses les zones inaptes de la mémoire les zones brûlées des lèvres tantôt pincées ouvertes offertes les doigts brûlés l'indexation majeure où l'on ne traîne pas ne traîne plus ou plus assez même si ce n'est pas trop ce qu'on garde au cœur le mégot mais plutôt une haleine de souvenir



 

lundi 18 novembre 2013

Des ascendants



 
Il n'écrit rien de transcendant,
non pas de peur de s'élever,
mais de peur que l'écriture
ne l'enfonce plus avant en terre.



 

dimanche 17 novembre 2013

De la décomposition de la lumière



 
Ta main comme un jour
qui me relève la tête
décompose la lumière
blanche de la nuit
permet d'apercevoir
et le début et sa fin,
et les couleurs autour


 
 

samedi 16 novembre 2013

De l'emprise de catch




Ce n'est rien
deux poings de lumières enfoncés dans les yeux
trois fois rien
la tête emprise entre les cuisses de l'extérieur
et ses deux mains plantées dans les tempes
qui tentent d'arracher la boîte cranienne
presque rien
une graine
une demie
migraine
qui te plante
dans le sol
le troisième dessous
deux fois rien
qui te couche
une petite baise
intérieure



vendredi 15 novembre 2013

Du roulage



 
Tous dans le même bateau
chacun d'un port différent
chaque hune apercevant
une rive divergente
Certains s'avancent
Combien avance ?



 

jeudi 14 novembre 2013

De la cueillette : Des mauvais cotons




Les temps font osciller entre haut et bas et parfois, entre bas et bas de laine.
Paradoxalement ce qui file entre les doigts s'effiloche aux dépens de la bobine.



 

mercredi 13 novembre 2013

mardi 12 novembre 2013

De l'ombre portée



 
Ils s'étaient attachés l'un l'autre
chacun de leur côté du prisme
pris comme dans un cristal
à le regarder rouler à la lumière
du pouce et de l'index ces facettes
le halo de l'un l'ombre de l'autre

incapables de s'y regarder
en face les regards biaisés

Elle m'a donné une image
l'image de moi en elle
ou d'elle en moi
ne sais plus trop pas trop
dénouer des nœuds
dans la gorge ficelée

une image

nouée
par des lignes



 

lundi 11 novembre 2013

De l'Auguste



 
Il y a toutes ces histoires racontées
de ceux qui partent et ceux qui restent.
Vous, toi, n'avez qu'à voir grandir.
Et ce n'est pas partir que tu veux.
Et ce n'est pas rester qui te va.
Alors tu ne vas nulle part, et ne mènes
à rien. Rien de plus de plus loin
que le bout de ton nez rouge,

ton nez rouge de clown triste.



 

dimanche 10 novembre 2013

De la descente



 
Je vais bien ne m'en va pas
de ce qui parle j'entends si peu
de ceux qui parlent je t'entends si peu
de ceux qui parlent si peu s'adresse
reviens-moi à toi
ça bascule dans ton fauteuil immobile



 

samedi 9 novembre 2013

Du ciel barbier



 
sur la joue du pays
la mousse sale du ciel
le joug du blaireau


cette lame d'eau
qui rase la terre
et noie les murs



 

vendredi 8 novembre 2013

Du fromage à la découpe



 
Il débitait consciencieusement le pavé de cheddar en tranche fine et équitable, comme autant des heures de la journée. La main gauche appuyait fermement du plat de la paume sur la lame pour accompagner avec application la droite. La dissection se faisait silencieusement, avec mesure et une sorte de recueillement. Les effluves de bière montait du réceptacle mitoyen, à demi masquées par celles de la moutarde qui marquaient les instants les plus dijonnais, voire mitigés. Et bientôt toutes iraient se fondre à la chaleur confortante du foyer, avant d'être absorbées, englouties.



jeudi 7 novembre 2013

Important




Le fondement et son assise

                        son  usage
                        son  usure


                                         
                                                 contorsion
                                     et la                          au coin
                                                   de l’œil





mercredi 6 novembre 2013

Du développement personnel, ou la poésie comme une tartine de sucre



 
Il n'y avait aucune culture particulière à bêcher la poésie, ses terrains. Le premier goût fût poncif, fût court, de cours, institutionnel et baudelairien d'émoi. Un peu bas de laine encadré de casse-magie. L'exagération des exégèses. Un peu niais et nié. La poésie, la poésie hésite à dire. T'es bizarre dans ce rapport aux mots t'es bizarre dans ce rapport aux autres. A 17 ans quand tu rimbaudes tu minaudes mais n'empêche ça n'empêche. Et le cul se bascule et bouscule entre la culture scolaire et la bénédiction des maudits. Ils sont tous morts mais bien vivants dans la bouche et le goût. Le goût de creuser un peu comme peut, une arrière garde de Lagard et Michard aux tranches un peu moisies. Parce que parce que ça fait des choses des choses qui ne se disent pas. Puis t'éloignes tu t'éloignes encore à lire autres d'autres la peau hésite cales aux mains cale. Les terrains sont vastes. Avoue à 18 ans t'as autre chose à foutre. Puis on oublie on garde le souvenir, un souvenir comme le tout premier cendrier froid. C'est d'écrire réécrire, krill à crayon qui interroge. Quoi d'autres qui d'autres et comment qu'on écrit aujourd'hui ? C'est qu'il n'y a plus de poètes encore moins de poésie mais qu'il y en a. Ça démange alors on gratte. Et on en trouve, des cellules, unicellulaire, cellules unies, des peaux mortes, des vieilles peaux et du renouvellement. Le tri se fait laborieusement, on continue à gratter, puis on trouve des chemins, déroule des plis, lisse le tout et trouve un compte jamais rendu. Des bogues à pic en blog, des passages en revues sur des feuilles papier ou plasmique, des écueils au chaud entre deux couvertures, des livraisons d'ivres et d'instantanés statues sociales. On s'éduque des périodes par époque. Lire lyrique maudit beat dada existencialistiquement quasi dépendant de près ou de loin. Parallèlement l'activité nourricière en scène scénarisée sur écran led ou laid c'est selon, les nouvelles des copains sur écran même quand ils ne sont pas loin pas si loin. Enfin et surtout la vie la véritable, une fois et avant le reste passé. La vie comme le tamis et ce qui reste au dessus pour construire, en dessous l'allée des sorties. C'est pour cela que la poésie devrait être comme un tartine de sucre. Quelque chose de simplement compliqué, qui n'est ni si difficile ni si simple qu'il n'y paraît. Et le choix du pain, celui du beurre et celui du sucre. La manière de la préparer, la manger ou la donner à manger. Il y a beaucoup de temps passé à observer des lignes de code, à décoder, encoder, paramétrer, programmer, déprogrammer, se pasteuriser avec des rages en sus et les dents serrées à brosser. Lire écrire et partager la poésie, ce devrait être comme une tartine de sucre.



 

Matin et noir



 
chaque soir une pluie d'étoiles sur un ciel noir
chaque jour météores d'eau sous un ciel noir



 

mardi 5 novembre 2013

Du développement personnel



 
La poésie, ça devrait être comme une tartine de sucre
Le développement ce qu'il faut de beurre
La suite, sensation personnelle



 

samedi 2 novembre 2013

Des habitants




A lu la question : "Qu'est-ce qui vous parle ?"
Ne peut s'empêcher de penser "Cette petite voix étrange, étrangère, intérieure qui dit : " Non tu n'es pas schizophrène, non tu n'es pas schizophrène, non tu n'es pas...""


Des grenouilles



 
Ainsi est-il. Chaque jour se dire d'arrêter, que l'on arrête s'arrête arête de travers arrêter la traversée d'aller de travers droit devant au devant des murs. Qu'il suffit suffisait suffisance en question. Mais poursuivre des rêves des chimères comme Harry mortel pousse du coude sa mort à demain. Qu'il n'y aura rien de mieux qu'il n'y a rien de mieux que tout se dit mieux ailleurs. Qu'ailleurs n'est pas là ni là-bas qu'il n'est pas trop tard ou peut-être que si que c'est pour plus tard. Qu'il viendra le jour qu'ils viennent détiennent mais ne donnent pas on ne sait pas pour quoi. Alors s'escrime à double lame à la mine de déterré de déterrer tu trouves pas moi tu ne trouves pas moi pas. Tu décides de pousser du coude lever t'accouder à la mort l'accoler la coller tu crois crois-tu rien. Rien ne croit. Tu croasses et c'est tout.


jeudi 31 octobre 2013

Du compensatoire




          J'aime l'ordre, comme une sale manie. Une dérive maniaque. Que la maison soit rangée, ordonnée, même dans le dérangement de son quotidien, dans ces zones dédiées au bordel organisé. Rien à voir avec propre sur soi. Que l'environnement dans lequel mon corps évolue soit relativement sain. A plus forte raison que mon esprit est retenu dans le taudis de ma tête pour perpéte.


 

lundi 28 octobre 2013

Front de mer




 



c'est un front de mer un front qui ne porte rien, un front froncé de vagues, de leurs murmures. D'y être les siens ne s'apaisent pas ça pèse mais ils se confondent. Il n'y a pas de vrai silence le bruit bruissement grondement continu porté par le vent continu, un continuum d'espace dans un temps à marcher dans les traces disparues de la veille et du lendemain comme de marcher dans sa propre tête en dehors


de n'entendre plus vraiment d'être confus confondu cela calme s'apaise de ne plus savoir vraiment peser, de ne savoir si le bruit vient de l'intérieur ou du dehors. Il y a juste ce bruit et nul autre plus d'autre, même l'orage est au large est sans bruit distancé distancié, qu'une vue et l'esprit au large avec lui les nues en photophore l'esprit large bien moins auto-vore ou le corps entre estran et laisse délaisse du moins


partage et le retrait et l'écrasement lithophage l'impression la pression sur les arrondissements calcique ou calcaire. Que s'érode ? Des grains dans les reins arène à venir sable à s'enfuir. Le front de mer enlacé des bras de même de la même mer, des lacets d'eau délassés que ce soit d'autres par d'autres que ses propres bras ses propres mains qui n'ont plus à tenir car tenus déjà ténue déjà atténuée presque


il elle la mer retirée avait laissé dans les bâches ses yeux regarder le ciel qui voyait dans la terre des flaques de peau et de nuages. Le front de mer ne porte que lui-même, y confond s'y confond les bras à baigner les pieds le front en tête les vertèbres d'une colonne de terre qui n'en est pas qui est plus dure. L'absence des feuilles s'écrit avec le sel, chaque os à sa place se déplace à chaque jour rejoignent les bras le corps


la chair dans l’œil c'est ici que ça palpite tenter de nommer ce qui tape l'attente ce qui tape la tempe. Le front de mer s'apprécie mieux quand il est à l'extérieur de soi adjoint rejoint par le sien quand ni corps ni tête ni queue ne font la distinction. C'est un front de mer qui ne porte rien qui ne se supporte et mal à mal, un front froncé des murmures qui ne s'absentent pas et qui clapotent clappent tapent obstinément le front le front le front sa mère
 
  


samedi 26 octobre 2013

Des sangs te -



 
ce qui te tient
te désarme
tient ses armes
contre ta tempe
ta bouche
le canon
le goulot
qui tire et reçoit
le cœur impuissant
du corps armé
emmêlé de marne
humide t'imbibe
vers un fond
deçà dedans
la cave le mauvais
blockhaus éventré
éventant cette langue
tournante léchante
qui te recule
le front bas
dans le bas-fond
en perce percé
de cette méchante
perfusion qui
t'effuse à mal
armé que tu es
du mauvais sang
ne te perds pas
c'est par où
tu iras


 

vendredi 25 octobre 2013

Des roches tendres








Chairs de nos ombres
nous nous gravons
dans la pierre de nos cœurs


Une étoile dans l'oreille




A (ré-)écouter à loisir, l'émission 4.2 de Franck Oslo-Deauville, avec au sommaire :
.

Muse – Apocalypse please
-> Mike Kasprzak  –  Boulot, ivresse et autres bizarreries / Apocalypse (extrait n°1)
Thee Oh Sees – Floating Coffin
-> Mike Kasprzak  –  Boulot, ivresse et autres bizarreries / Apocalypse (extrait n°2)
Zigwann – IntrigOne
-> Mike Kasprzak  –  Boulot, ivresse et autres bizarreries / Apocalypse (extrait n°3)
Dante Tsalaka – Joe le bagnard
Obits – Spun Out
-> Julien Soulier – Arrachoir / Auteur Ego
R.E.M. – Lotus
Arcade Fire – The Suburbs
-> Julien Soulier – Arrachoir / Absence
Anna von Hausswolff – Mountains Crave (live)
-> Cédric Bernard – C’est le matin que l’on grandit (extrait)
Agnes Obel – Tokka
Agnes Obel – The Curse






 peut-être arriverai-je un jour
à lui rendre ce qu'il m'a apporté,
même si j'en doute.


 

mercredi 23 octobre 2013

Une étoile dans la gorge




Demain la mer est belle
où qu'elle soit

hier soir au large
dans l'absence de voix
mais le frou grave
de sa robe
des éclairs d'un orage
silencieux au large
servaient d'étoiles
et les nuages
de photophores

demain l'étoile
est dans la gorge
de Franck Oslo-Deauville
qui brillera des textes
de Mike Kasprzak
et Julien Soulier
grandira des matins
qui ne m'empêcheront pas
de me sentir tout petit

Demain la mer est belle
où qu'elle soit

et moi je serai .



jeudi 24 octobre 21h00


 



lundi 21 octobre 2013

Chronique




Un très bel article de Séverine Castelant, qui cause mieux que je ne pourrai jamais le faire de "C'est le matin que l'on grandit".

C'est à lire ici, au Bal des poupons à corps souple.


Ma reconnaissance et mes remerciements, pour être si joliment défloré dans la critique littéraire.


mercredi 16 octobre 2013

mardi 15 octobre 2013

De l'aentre




un peu de lecture ?
les yeux supportent mieux le noir
alors, le mieux est de se rendre ...

puis un jour, un autre, je reviens.


 
merci à Jean-Marc Undriener, à qui je n'ai pas demandé de me prêter ces mots, et que je passe quand même.


Jean-Marc Undriener, in Fibrillations & autres arythmies.


samedi 12 octobre 2013

Du corps d'automne




il a le corps
de saison
un crâne chargé
comme le ciel
il perd des glaviots
comme des feuilles
jaunes et rousses
la terre de la langue
qui colle  aux semelles
des mots
une humeur de bogue
à ne pas toucher
les poings prêts
aux marrons
il a le corps accordé
à la petite mort
d'automne


 

mercredi 9 octobre 2013

D'un cheveu



 
Les fils qui nous tiennent
sont les cheveux qui nous
                                      décoiffent
Il suffit parfois d'un cheveu


 

lundi 7 octobre 2013

Des vieux jean's

 

 
Elle a beau être grande et ourse, elle finit toujours par passer à la casserole du jour. Il a beau être grand et ours, le temps lui a aussi bouffé une partie du plat et de la résistance.
Il se pencha sur la source, remonta, cherchant où comment il avait sombré, remonta, suivit le cours jusqu'à la mer. Enfin tu crois, fuir à quoi cela a-t-il servi ? Il a récupéré le sommeil. Le psy à creuser le déséquilibre financier, au mieux, mettre à jour des évidences. Des fausses preuves, des décharges avec leur odeur. Les marées avaient tout effacé, mais n'efface rien. Il creusa pour chercher dessous les laisses, n'y trouva que la sienne. S'inclina alors sur son retour au rivage, les cloques dues aux rames, les poids qui entraînent, les plombs de flottaison, les hauts-fonds, le tirant contraire. C'est d'avancer. Se tira de l'eau, tira de l'eau de quoi s'éclairer s'éclaircir du trouble. Mais quand tu plonges ta main que se passe-t-il ? Il restait ces marques qui ne sont pas physiques. Il tira les restes de coque envasée sur le rebord, les enseignements s'ils en étaient. Pas même un radeau alors que les tentacules l'agrippent. Calfeutrer, calfeutrer, chauffer et sentir encore le goudron cette fois sans plumes. Enfin sécher décharné, redresser les barres. Ça, la gaule a mis un peu de temps à revenir. Vidé il a fait le vide encore, à remplir d'autres espaces, encore la rengaine. Du rien. Il a parcouru encore jusqu'à se laisser lui-même emplir. Du rien. Jusqu'à être reconnaissant d'avoir été recraché. Sur le dos d'autres pluies. Les toiles se délavent et ces images, de nouveaux grains, les mêmes, déplacés. Le ciel comme un vieux jean. Comme un vieux jean même si c'est lui qui t'enfile. La mer se retire et l'être finit lui aussi, tôt ou tard. Par se retirer. Il reste qu'il perpétuait ce défaut de retourner à ces lieux liés à ce qui le bouffe, comme l'on appuie pour tester si le mal y est encore. Il n'y a pas de crime ni de victime. Il en demeurait quelque chose de coupable. Avec de mauvais chefs et de mauvais mots. Quand t'es creux, ça résonne et ça résonne. Même sous l'eau les sons se propagent. Tout est différent. Se voudrait. Il se souvint encore de ces pages qu'il avait lu sur l’idolâtrie. Elle se pensait là attachée à une personne, un ouvrage. Des textes. Lui s'était alors effrayé. C'est donc ça. Puis comprit plus tard qu'il n'en était rien. Ce qu'il idolâtrait, c'était le mot en lui-même. Comme l'on pèse consciencieusement le poids de chaque chose, séparément ou dans la perspective de transformer ces éléments en quelque chose de tout nouveau. Il aimait le mot pour ce qu'il était, et ce qu'il devenait aligné auprès d'autres. Le mélange d'essence. Néanmoins, il s'aperçut aussi que cela ne convenait pas. Ne pouvait pas convenir. On ne peut pas transcrire des images, une photographie d'instants. Quelque chose se perd de l'instantané. Qui laisse seulement une tannée. Mais les instants sont passés, et la linéarité de l'écriture ne permettait pas de fixer les polychromes de sa pensée rétinienne. Ce n'était que des miroirs qui s'allongent. Tu délites mon gars ! Mis en abîme, chacun de ces miroirs balançait une part de reflet. Les mots se pèsent, mais gauche il n'est véritablement capable de s'attarder assez précisément, précieusement sur chacun.
La mer se retire et le jour bouffe la grande ourse inlassablement. Tandis que le miroir s'est complété, complètement assemblé, ajusté de quelques coups de poing, il attend une lumière. Alors que lui n'est plus capable de la regarder. Lui sait déjà qu'il ne pourra s'y regarder. Rien de ce qui était lorsqu'il a commencé n'est plus. Les empreintes extérieures auront déjà changé, bien moins qu'à l'intérieur. Doigts plus fins plus longs plus plissés plus pliés. Que ce n'est pas si grave. La déformation. Se tourner vers elle, c'est vouloir se regarder. C'est remâcher. C'est dégueulasse. Encore une chose qu'il ne veut plus partager avec l'autre. L'importance des choses réside aussi dans leur absence. Alors, il est là, mais s'absente, sans importance.


 

dimanche 6 octobre 2013

Mgv2_74 octobre 2013



 
Parution ce week-end du n° 74 de Mauvaise Graine version2>datura, conduite par Walter Ruhlmann

Mammifères d'outre-monde


 
Mes remerciements à  Walter d'y avoir laisser entrer un mot des marées.

Le numéro est disponible à la commande, ainsi qu'à la lecture.


 

vendredi 4 octobre 2013

Text-urée # 3



les temps lépreux accumulent
les suées des hommes environ
les pesanteurs atmosphériques
les transpirations moites et in-
-quiètes les temps lépreux
accumulent engrangent débris
rétrocédés lambeaux anémiés
rognures d'angles arrachés puis
encore tant que tant qu'à
même le jour s'incline de faix
jusqu'à ce que tantôt tel orage
vient se déverser entier sur un
coin de gueule
lesquelles


 

De la cueillette : Du beau et du bien




Il est beau, bien beau, de se battre pour des principes,
il est parfois bien de savoir se battre pour du pratique.


 

mardi 1 octobre 2013

U-poesis




le matin se balade aussi par ici, une cité qui produit une poésie pleinement ancrée dans son monde, et le monde. Une cité passerelle entre texte et homme nouveau (nouveau parce que je n'aime pas le terme moderne).




Merci à lui de tendre les lignes et les mains comme des ponts