vendredi 29 mars 2013

Des prolongations




le soleil tarde à ôter le bandeau de ses yeux
lui qui sait déjà que le printemps ne sera pas là
ne prétend ni darder ni larder la terre de ses bras
tout juste s'il pointe un doigt, histoire de signer le jour

 et qui lui en voudra vraiment ?
et qui m'en voudra vraiment
de faire la même chose que lui ?



jeudi 28 mars 2013

De la bonne et due forme

 
 
 
je sais bien qu'il faux et qu'il faut ce qu'il faulx il faudra bien et la certitude et son arc je vois bien faire parti et partir ou faire parti du partir c'est qu'à force et faible même je sais bien le faux-partir en faire parti sucer suçoter l'unitaire un dans chaque joue ce qui se joue et la perte de vie de vitesse la planitude et la platitude qui devient qui est jour après jour briquée à lisser des broussailles et la faulx relevée à l'envers retournée la main vers soi la lame à l’œil et la vitre et ses joints qui s'écaillent secs il y avait le bâti pas bien important imposant quand même et à refaire pourtant sur les fondations l'épaisseur n'est plus la même ni la hauteur il en fallait il affalait il s'en faut peu à présent moins de présentoir certes maintenant mais un démontoir plus sur la détente l'autre avec un chien et un canon on peut bien se cracher à la gueule tout seul il y avait devant le bâti le passible depuis des flammes derrière les fenêtres des flammes en blanc qui allument jusque dedans le crâne leurs crécerelles ce qui reviennent il faut la retraite et le revenir mais pour ça partir ainsi moins sucer moins lécher mais plus soi et aller coller ensemble les pattes blanches et les pages blanches attendre rien et compter ou l'inverse atteindre et astreindre un peu aussi on ne peut pas dire faire le tour c'est revenir sur le même mais le même quoi on peut sentir la redondance mais qu'y a-t-il de semblable qu'y a-t-il de pareil le fond d'obsessions et leur carnation le fond avec le doigt dedans et les faux et les faut partir je sais bien les murs moins ventrus les courants d'air les courants nerfs et quelques créneaux qui montent toujours et d'autres en plus et leurs crédos qui démontent je sais bien je tire je bande et lâche et tombe ou tombe et lâche l'autre le couard dans sa couenne trouée l'épaisseur n'est plus la même qu'y a-t-il de pareil de l'appareil le fond d'aliénations et sa suggestion intégrée je vois bien faire parti du partir et c'est pas faut ni faulx c'est faux on y va j'y vais je vais et vase
 
 
 

mercredi 27 mars 2013

Des fortes personnalités




- déflagrations feutrées déplacement d'airs internes involontaire mise en perce sensorielle courants nerfs sous la couette de quiétude scories à score beurré feuilleté bien si bien doré ressort de lèse-personne à indice d'insuffisance humaine décharges à déclenchement perceptif spontané - 
 
- certains souvenirs sont comme des migraines qui se paieraient sur nos fonds une personnalité -


 

mardi 26 mars 2013

Du proliférant




nourries au cœur
excroissances d'ombre
fermentation moribonde
semonce
semence

pourri à cœur
pourriture fertile
nourriture de corps
étrangers
étranges

idiomes céphaliques
existences rétiniennes
 substantifs
substances


mots



lundi 25 mars 2013

De l'occlusion



 
le ventre au corps

les papillons fanés
remontant cendrer
farder aux yeux
pas du charbon non

le ventre au corps

le foie pâle pâteux
au bord de la bouche
à bordure de goulot
ramène à rebord

le ventre au corps

là et là il n'y a
que ton ventre
qui puisse me faire
me
         digérer



dimanche 24 mars 2013

De la cueillette : De l'objet du verbe




Il est toujours possible de circonstancier
enjoliver comme on peut
ensevelir ça n'enlèvera pas le fait
qu'on puisse les enlever
et regarder directement
ce qui nous consigne comme complément


 

vendredi 22 mars 2013

Des mines




Interstice
inter sidérant
du verbe

la mine de plomb
courante
sur la feuille

et dehors
la mine coule
sans tirant

et la feuille
dessine
dans le courant

laisser venir
l'eau
et la ride

synergie
inter cellulaires
des intervalles

et ta mine, à toi ?
tu l'as vue ?


- si creusée -

jeudi 21 mars 2013

Des garde-robes



 
Il s'employait
à accrocher
régulièrement
le silence
à la
patère
mais rien n'y faisait
il se sentait dans
le langage
comme dans
des vêtements
trop neufs.


 

mercredi 20 mars 2013

Du revenir



 
Se demande ce que sont devenus
pas si important même si parfois
se demande ce que sont devenus
les neiges d'antan l'ado et ses torrents
le poteau du troquet le troquet la
lanterne rouge qui pendouillait le
clodo du port l'adresse de la plage
sa harangue à l'adresse du vent entre
les bittes dressées comme des dents
cariées le pavé qui dépasse le sable
dessous qui s'infiltre et qui déborde
la face rougie un peu bouffie à la
fenêtre le foie dans la canette les
velléités conformes la forme de l'
escor la forme du pied le pied à la
grecque et sa faillite la faille et son
flux la faille dans le fût la mer couleur
d'absinthe le verre sucré d'absinthe
les caches misères qui s'accrochaient
comme des tableaux de chasse pour
cacheter ses idées cacher les trous la
chasse tirée avec son passé dedans
ce que sont devenus que sont devenus
les peaux mortes du soleil la cellule
familiale de crise la gomme arabique
la barbe arabe le rasoir dépossédé
les parois défoncées des boîtes à
chaussures dépassées qui servaient d'
étagères à désordonner le caoutchouc
de l'appartement le demi-fou dans ses
antiquités les grains de sable qui
habitaient l'escalier jusqu'au palier le
vieux béret décoloré le premier trou
dans le genou du jeans la première
bière et le premier bédo et la dernière
vapeur et les dernières fumées dans les
dernières bronchioles d'enfant les
premières insultes à l'endroit les
ultimes doigts au ciel qui n'en jouissait
même pas la rançon du rangement
ce que sont devenus les revirements
du rangement maintenant que règne
le désordre ce que sont devenus les règnes
du désordre au fond de la besace kaki
roulée sur elle-même et sa bandoulière
et ses trois grains de sable au fond qui
n'ont pas vraiment d'âge dès demain
et qui se lit quand même entre les lignes
de la feuille d'impôt et qui se lit tout de
même entre les mains du livret de famille
et la naissance de la première patte d'oie
 
 
 

mardi 19 mars 2013

De la consistance des mirages



 
ce goéland qui fait le pèlerin
lampadaire auto-routier du macadam

c'est facile il y a ceux qui rayonnent les illuminés les éteints les déteints ceux qu'on tait et les autres encore

ce goéland qui porte le bas du ciel
sur le bout de ses ailes

il y a l'obligé tenu par l'obscurité conscient de l'obscurité tenu d'en faire de la lumière pour y voir un peu clair

ce goéland qui ne bouge
pas d'un poil de plume

ténu intérieur transparent ils décochent ils décrochent les regards de travers au mieux à travers car on n'y voit

ce goéland qui creuse immobile
un sillon sans traîne

il y a à faire ce n'est pas parce que c'est invisible que ça n'existe pas on dit le noir mais le vide est incolore et ce n'est pas s'en sortir et ce n'est pas creuser c'est remonter dit c'est transcender de la nuit blanche du noir incolore il y a la certaine transparence glissée dans une conscience alternative l'alternance des faisceaux à déguster à diriger l'intelligibilité du monde qui se braque en soi abîmée dans l'image de soi et son miroir désespéré une possession qui possède quant à quant à ce qui désespère l'autre qui s'exaspère de ne voir c'est qu'elle est nécessaire l'auto-suffisance la nécessité de l'auto-confiance l'assurance fausse faussée de soi et son absence compter dessus s’asseoir dessus à savoir se trouver dessous à côté et à regarder et à y regarder voir là-dedans la beauté y voir là la beauté et faire un peu plus que s'en accommoder et faire un peu moins que savoir l'énoncer ce n'est pas parce que c'est invisible que ça se prononce encore moins bien moins que ça se dit car comment dire quelque chose qui n'existe pas car c'est facile il y a les autres encore ceux qu'on tait les déteints les éteints les illuminés ceux qui rayonnent et quelques obligés tenus de l'intérieur tenus par l'intérieur et l'exigence du mouvement de béance il y a beau tout ingérer il y a beau se détacher l'absorption de matière doit ressortir coûte que coûte écoper il y a à échopper la matière pour déposséder un peu se posséder un peu respirer et se trouver capable de qui sait capable de quelque chose qui sait qui se rapprocherait de la beauté

ce goéland qui fait le pèlerin
tait un demi-mensonge une demi-vérité
de laisser croire fixé sur ce point
de ciel qu'il n'en a pas bougé


 

lundi 18 mars 2013

Des voies de garage




Il avait certain jour cette voix de
garage
lorsqu'il se mettait à causer
pas cette voix où l'on
décharge
mais cette voix chargée
cette voix chargée prise
de tout ce dont on
entasse
de tout ce dont on
ne peut se résigner à se
séparer

et qui roule


dimanche 17 mars 2013

De la bonne heure, en lecture



posté ici-même le 22 novembre 2012, j'ai proposé De la Bonne Heure à l'appel à texte des Écrits Vains.
Je viens de recevoir un lien qui m'ouvre une fenêtre, pour en écouter la lecture faite par Laurent Vigier. C'est inattendu. C'est séduisant. C'est étrange d'entendre ses mots par la voix d'un autre. Ce ne sera pas tous les jours. Alors je leur suis très reconnaissant.

Comme tout ce qui est posté ici, comme tout se qui se balade sur la toile, cette (belle) lecture disparaîtra. Mais je me suis permis un petit montage, afin de vous faire partager cette expérience.




Tu te couches je reste là tu t'en vas tu te couches je reste là je m'en vais de ces images-là j'en ai cent j'en ai mille mille et une des coutures confondues de tes vagues de tes clins d’œil battant entre les vagues paupières de ces images-là j'en ai cent j'en ai mille et une plus aucune sur les mots décousus des lèvres gercées j'aurai au moins été roi détrôné de tes rayons de ces images-là  j'en ai sang qui coule salé dans la chair un agneau saleté dans la matière carnassier j'en ai mille mille et une nuits des coucheries dans tes regards dans le plumard de mes lignes tièdes et affables réel ineffable j'aurai au moins été roi tonitruant en silence quelques-uns des vagissements que je te prête et que tu rends comme je viens prendre mon pouls auprès de ton cou  auprès de ta plage traîner mon cul ma matière grise et son humeur à tes couleurs j'aurai au moins été roi de rien rien d'autre que cela de ces images-là j'en ai cent encrées en quelques mots maintenus maintenant découchent et ce soir tu te couches je reste là tu t'en vas tu te couches et je reste là je m'en vais tu te couches tu restes là tu t'en vas je me couche tu restes là tu t'en viens je me couche et ce soir


les liens :
Les Écrits Vains
la lecture de LaurentVigier


 la bonne soirée, à tantôt



samedi 16 mars 2013

Calibrage : Parution Paysages Ecrits


 
Je suis ravi de figurer au sommaire de l'élégante revue Paysages Écrits, animée par Sanda Voica et Samuel Dudouit. Mes remerciements bien sentis à eux.

Cette parution est d'autant plus agréable que l'accueil y est chaleureux et attentif, le contact, humain. Cela paraît simple, mais n'est pourtant pas évident.

pour télécharger la revue, voici le lien : Numéro 13 / MARS 2013.




Bonne lecture,

et à tantôt...

vendredi 15 mars 2013

De la cueillette : Des directions




Le sens n'est pas tant dans ce que tu dis, mais plutôt dans la direction qu'il prend une fois prononcé.


 

jeudi 14 mars 2013

Du petit du jour



 
instants d'un clope à écailler ligne après ligne par le feu
écailles de nuit grattées de l'ongle à couper de l'éveil
arène d'étoiles charriée dans le marre du jour filtré
trame de ciel au bleu profond à y faire tomber l'horizon
prendre place et corps sur terre un fauteuil à bascule
à se balancer, s'y vaciller d'un peu plus d'un sourcil
céder céder sans ciller à l'avant basculer à s'y suspendre

instants d'un clope à écailler ligne après ligne par le feu
écailles de nuit grattées de l'ongle à couper de l'éveil
arène d'étoiles charriée dans le marre du jour filtré
trame de ciel au bleu profond à y faire tomber l'horizon
prendre place et corps sur terre un fauteuil à bascule
à se balancer, s'y vaciller d'un peu plus d'un sourcil
céder céder sans ciller à l'avant basculer à s'y suspendre

instants d'un clope à écailler ligne après ligne par le feu
écailles de nuit grattées de l'ongle à couper de l'éveil
arène d'étoiles charriée dans le marre du jour filtré
trame de ciel au bleu profond à y faire tomber l'horizon
prendre place et corps sur terre un fauteuil à bascule
à se balancer, s'y vaciller d'un peu plus d'un sourcil
céder céder sans ciller à l'avant basculer à s'y suspendre

                                                                                                                                        et lâcher


 

lundi 11 mars 2013

Du syndrome de Diogène



 
          Il conserve toujours les dernières feuilles des carnets. Il préserve toujours quelques feuilles du bûcher. Pour les « au cas où », pour le confort de savoir qu'il en restera dans la petite boite en bois. Le temps maigre, étiré, les a réclamés. Il a du aller chercher les carnets aplatis, désarticulés, au fond de la boite sculptée. Il a du se décider à faire disparaître les derniers espaces à noircir les blancs. Puiser dans la réserve des plis où il n'y a déjà plus rien. Il appuie dessus du dos de la main, lisse lentement la virginité des rides, puis enroule des doigts. Au bout des doigts des plumes noires et blanches, blanches des faisceaux évacuées du gris, noires à inscrire leurs empreintes. Lente distillation du gris. Elles font tourbillonner les poussières d'eau. Des poussières d'eau en grains instables, en grains de sable. Qui miment de micro-dunes qu'un râle, une expiration déplace. Alors que le pied lui s'embourbe, s'y enlise. En attendant, les arbres tournent le dos.

          Il conserve toujours les dernières feuilles des carnets. Comme une marge. Comme une façon de se dire que ce n'est pas fini. N'était pas. Seulement le temps maigre les réclame. Il les déroule, les extrait des carnets pour tenir chaud. Les unes contre les autres plaquées en couche. Seule, la luminosité transperce. Ensemble, elles sont comme une fenêtre opaque. Et qui protège. Qui donne l'illusion d'une protection. Le blanc reste mais reste noir. Tandis que les rues se costument en plages. En plages satellites, un peu lunatiques, lunaires. Mais sans suspension. Où tout retombe froidement, sans résidence d'âme ni réelle gravité. Sans résidu ni résistance... Rien ne tient sur les plumes, les poussières d'eau glissent à tremper les feuilles. Rien ne tient plus sur les feuilles, les particules de noir auréolent, s'éthérent et marquent, essaient. S'essaiment. De manière éphémère. Avant de voleter, comme les petits grains de feu mort des dernières feuilles du carnet.

          Il conservait toujours les dernières feuilles des carnets.


 

dimanche 10 mars 2013

De la chasse



yeux de biche dans un regard de loup

et qui demande
et quand quitte-t-on la tanière
courir les cavaliers
chasser un peu de chasseur ?
et qui demande
et quand quitte-t-on la tombe
monter les cavaliers
chasser un peu de mort ?

et qui demande
à sortir du bois de son état tapis
courir les sentes à l'envie
que je me sente un peu de vie ?
et qui demande
déplier les mâchoires des membres
dans les mollets de la forêt
retrouver les yeux du loup ?


 

samedi 9 mars 2013

De l'assise des fondements



Vois-tu, j'y pensais depuis quelques jours. J'avais bien compris l'injonction, mais avais bien du mal à y répondre. C'est que je suis d'une nature un peu lente. Il faut toujours un certain temps d'intériorisation. A ressasser, ça s'est enfin éclairé, en travaillant une photographie. Ça semble facile, parfois, écrire. Ou non, justement. A écrire régulièrement, depuis certes peu, je reste impressionné par ceux qui trouve le bon mot, jour après jour. Je dois trucher, pour ma part, pour être honnête. Quand rien ne vient, ce qui arrive assez souvent, quand l'image mentale ne s'impose pas d'elle-même, je cherche à l'extérieur, dans les vues glanées ci et là.
Et ce matin, j'ai ouvert cette photographie d'arbre, ce détail de tronc pris pendant le grand froid, dont la couleur m'avais frappé. Je la passe en niveaux de gris, et contemple, espérant le déclic. Ça a toujours été un motif important, l'arbre. Il figure d'ailleurs dans le premier texte de ma remise en route. Ainsi je contemple, et rien. Alors trêve. Il ne sert à rien de creuser le vide, s'il ne soulève ni poussières, ni matière à.
Puis l'article lu au matin sur la poésie et les poètes d'aujourd'hui m'est revenu à l'esprit. Avec ce court entretien où l'on m'invitait à proposer des textes pour défendre « ma poésie ». Et tout s'est mis en place. J'ai compris pourquoi j'avais eu temps de mal à trouver quoi en dire, à trouver quoi proposer. J'ai compris pourquoi, si on me le demandait, j'aurai tant de mal à parler de « ma poésie », comme j'ai tant de mal à me considérer « poète ». Alors quand il s'agit de défendre « ma poésie »...
C'est elle qui est une peau, comme le lichen au tronc de l'arbre. Comme elle est aussi un composant de la sève. Qu'entre autres mousses, elle me colore, autorise des nuances. Un cardinal additionnel. Un Nord nécessaire. Tout comme la mer. Celle d'en haut. Celle qui porte le bleu, le vrai, je veux dire. Celui qui ressemble aux bleus des corps, avec ses colorations changeantes. Bref, celle qui porte des bleus qui ont toutes les couleurs, sauf le bleu.
Je veux bien admettre être auteur, comme l'auteur d'une lettre, d'un courrier. Ce ne sont que des courriers, que j'écris. Expéditeur, l'instinct, la viscère ; destinataire, l'inconnu, le miséricordieux, le curieux. Il me faut bien le reconnaître, j'ai repris l'écriture comme elle m'a repris. Elle était nécessaire, impérieuse. Il était nécessaire de réajuster les cadrans, de rééquilibrer les câbles, pour reprendre la large. Oser reprendre le large. Il me faut bien le reconnaître, abstraction toute faite des contingences de qualité ou d'intérêt pour l'autre, la poésie est viscérale. C'est elle qui me défend, et qui pour une part, permet d'être. Peut-être un jour serai-je assez grand pour m'émanciper, alors peut-être serai-je capable de la défendre à mon tour.


 

vendredi 8 mars 2013

Des coupes aux lèvres



 
brouillard capiteux
lumière capitonnée
robe pâle profonde
jour en verre ballon
remuer le tanin de soi
parthénogenèse d'émoi
 
 
 

mercredi 6 mars 2013

Des rires du printemps



 
Deux canards ricanent
dans la poix du noir

le soleil tape dans le
dos depuis la fenêtre

la bise de nuit du
premier moustique

un peu comme si
le printemps s'était
entendu avec l'hiver

pour se foutre de nos
gueules
 
 
 

mardi 5 mars 2013

Des coutures du temps



Il entendait
partout parler
du fil du temps
il se le figurait
en couteau
mais pensa
bientôt
qu'il était plutôt
    aiguille

et qu'il cousait
tantôt sur l'être
tantôt en l'être
quelques perles
quelques ourlets

que le couteau
ne pouvait
    tranchait


  

lundi 4 mars 2013

De la reconnaissance du jour




Il ne perce encore
que le reflet d'une fesse
sur le gel livide
promesse en l'air limpide
que le jour offre
déjà le premier présent
le chaleureux
rougeoiement du boyau d'une
souris crevée
déposée avec affection sur
le seuil de la baie
entr'ouverte de nos sommeils



dimanche 3 mars 2013

De la cueillette : De l'étonnement


la 101ième pétale prête à faner...

 

L'étonnement de l'homme
à propos de l'homme
n'est pas son espoir.
S'il en vient à s'étonner,
c'est qu'il n'a pas conçu.
S'il n'a pas conçu,
c'est qu'il a oublié.
S'il a oublié...
  
  
  

samedi 2 mars 2013

De ce que brûlent les yeux



 
Je ne pose plus la question, à quoi bon ? Résoudre le comment est déjà bien étrange. Dans les rues, les cafés, les cours..., au volant, aux WC, dans la cour, la ruée, le café, au PC, dans le carnet, un bout de papier. Avec ou sans, les points, poings, pointillés, point y est, et même l'idée, avec ou sans. D'avoir commencé, recommencé, on y prend goût, d'arrêter, reposer, on y prend goût. Sans savoir où cela mène, si cela mène, les bouts de nez sur les lignes, les bouts de doigts à la ligne, des doigts en feuilles jaunies, cornés. Jaunis de tabac et de temps passé. A ce que les yeux brûlent. Ah ce que les yeux brûlent.

Le petit texte, le petit rassemblement. Des instants dans un moment, des instances d'indispositions à disposer. Aux dépens. Tu me suis ? Et la dépendance. Il me faudrait rassembler. Moins assembler, moins ressembler. Je m'en suis aperçu. De n'avoir ces quarts d'heure juste à cela, juste à rien. Pouvoir poser, sans reposer les yeux. C'est ceux-là qui écrivent. Et qui ont besoin de rêver, de ne plus bouger pour mouvoir. Avoir ces quarts sœurs pour modeler les fonds en formes. Ratisser. Qu'ils puissent retomber. Que je puis être frère. Et moi. Je ne pose plus la question. Si cela mène, mais où se mène ? Il faudrait rassembler plus que cela, visiter à nouveaux, remuer encore les traces dans le sable pour ajuster le chemin, ajuster la ligne du rivage, toucher au tableau. Laisser voir la vision. Cela mène-t-il à cela ?

On en parle, un peu, doucement. Ce serait à faire. Ce serait affaire. De délaisser les fils pour tisser les mailles. Se mettre à tendre la toile et y appuyer la couleur. Il arrive d'en avoir l'aperçu. Une fulgurance derrière l’œil. Qui n'existe pas. Qui le pourrait. Une fulgurance qui a corps au dedans. Et qui attend. Qui pousse aux parois. Crève les membranes pour sortir. Crève de ne pouvoir sortir. Il faudrait rassembler. Les instants dans un moment. Un instant d'enfantement. Se mettre aux dimensions. Mais révéler les facettes. Admettre le miroir. Qu'il reflète, et les autres dedans en soi. Savoir qu'il n'y a peut-être pas de reflet. Que la mise dans l'abîme. S'abîmer encore les yeux. A ce que les yeux brûlent. Ah ce que les yeux brûlent.

Regarder devant le rictus qui dit poète. Railler ce rictus. Et quoi ? Et puis ? Et les dérivés, les dérivations. Encore se faire ramener à. Comme s'il s'agissait d'une espèce. On en dit bien la particularité, et l'extinction. Se faire amener à. Exposition encore. Foire. Cage ? Avec un prix. Code barré. Voir déjà un peu où cela mène. Le maudit c'est des conneries. Pourtant il effleure, il affleure, même. Dans la prédisposition de l’indisposition. Dans l'à-côté d'être. Dans la vie de l'autre. Dans l'égoïsme du partage. Dans la claustration animée. Dans sa fragilité ferme. Il est pour l'autre. En étant seulement soi. Et la juste dose d'injuste pour les deux.

Mais il n'y a rien, suffisance de projection. Que la première ligne blanche de la route sur la feuille. Il faudrait échanger le crayon pour le pinceau, pour se faire poète. Transformer le rouge des joues, transformer le rouge des yeux en encre noir. Mais il n'y a que ces flirts de semi-écriture, des sursauts d'électrons, de déplacements atomiques qui n'explosent pas, qui infusent tout au plus. Des satisfactions instables.

Je sais qu'il faudra. Mise en pression, à sentir, démentir, y tremper lèvres après avoir racler la mousse, l'écume. Fracturer d'avec le fantasme et réaliser. Ne plus maintenir. Laisser derrière pour la première fois. Tu me suis ? Accepter la paternité d'un abandon. Et sa vanité.

Comme si l'aboutissement pouvait être un emboutissement. Un embourbement. A nouveau ce sectionnement nécessaire. Cesser de s'émouvoir pour voir peut-être d'autres s'émouvoir. Cesser l'incertitude pour l'incertitude. S'en remettre à ces autres scènes qui percent aussi vers dehors. Et leur inconsistance. Miser sur les scènes assoupies. Miser sur ce qui dort. Jouer à nouveau. Jouer encore. A la gestation. Indéfiniment. Lassablement.

J'en sais qui ont dormi longtemps, que tu sais à présent. J'en sais qui dorment encore. Qu'il y a des tableaux dans les miroirs. Qu'il faudrait les peindre, les prendre pour les abandonner. Au risque qu'il n'y ait plus rien après. Il y a d'autres cloisons à démonter à remonter un peu plus loin de soi. Des cloisons creuses qui cachent, qui ne cachent pas grand chose. D'autres atomes de l'échec. D'autres fulgures d'échecs à réussir. Mais d'abord, échouer là. Là où rassembler les yeux abîmés. Là où les yeux brûlent et les doigts jaunissent à vouloir équarrir les couleurs en noir et blancs.


 

vendredi 1 mars 2013

De la cueillette : Des rencontres




- rencontrer, c'est faire tomber un autre mur de soi -


- exposer un peu plus au risque du vent 
au risque de ne montrer que du vent -
  
  
  
  

Des éclairages




Mises en lumière des parades obscures
des atours que l'on masque en plein jour
des ajourés qui éblouissent de mal
des intimités infirmes peu partagées
d'infirmités de vie voraces

jusqu'au jour
se présentent
les atours
et les chairs
et les chers
bien vivants

on se connaissait de nos morts-vivants d'abord
on se connaissait par ce qu'on tait habituellement
et inversement
envers de décors
jusqu'à quand
l'on se montre en scène
timidement
l'on se monte en scène
extérieurement

cheminement étrange de partager
plus inquiet
la lumière de son foyer
que les nuits de sa pensée

comme si le bonheur brûlait les yeux de se regarder

                                                                                                            et son souvenir pour s'y réchauffer