À chaque révolution pensive, à chaque réaction de courant, il y a eu un type suspendu, il y a eu un groupe de types en marge pour dire : « La poésie, c'est ça ! ». Le poète monte aux nues, le poète se met à nu, le poète pète, le poète pue. Dans sa tour d'ivoire, il montre à voir !
La poésie, c'est libre.
Pour écrire, pour écrire, le type doit concourir, rentrer dans le cadre. Trente lignes, dix pages. Thématique ou champs libre, thème à tiques, quoi. Des mathématiques. Il doit soumettre aux revues. Ligne éditoriale, vingt lignes, cinq pages. Thématique ou champs libre, thème à tiques, quoi. Des mathématiques. Si vous n'avez pas de réponse dans les six mois, ça ne nous intéresse pas. Sachez tout de même que la ligne éditoriale est complète pour les deux ans à venir. Mais n'hésitez pas. Si vous n'êtes pas retenu cette fois-ci, ce sera peut-être la prochaine. La poésie est une case qui n'entre pas dans les cases. Par contre il faut qu'elle rentre dans la casse. Cochez ! (comptez un caractère supplémentaire).
Pour circuler, être partagée, lue, connue, il faut être connu, il faut se faire connaître. Passe par les concours, passe par les revues. Mathématiques : respecte la casse, la case. Si vous n'avez pas de réponse d'ici six mois. Et puis, et puis, lorsque ça y est, le type y est une fois, deux fois, trois fois, ce qu'il a écrit, ce qu'il a retranscrit, il doit le dire. Rendez-vous pris, rencontre, lecture publique, explication, exégèse, exagération. Le poète est un inhibé exhibitionniste. Il remet une couche sur ce qui lui a déchiré la tronche et le corps pour sortir. Accouchez ! (comptez avec les caractères).
Le poète doit casser les codes, le poète doit rentrer dans les codes. La poésie n'a pas de définition, elle est. Elle naît d'un besoin. Mais il n'est pas forcément besoin de la montrer à tout le monde.
Heureusement, je ne suis pas poète, alors, je m'en fiche !