De novembre à aujourd'hui, si peu de changements. Cela a un goût de déjà vu pour certains, pour d'autres, il y a peu ou prou de cynisme ou de pessimisme. De février à quelques mois, voire plus loin, quels changements ?
Je ne demande qu'un petit effort, celui d'une lecture consciente. Pas d'adhésion, ni critique, ni invitation à un quelconque engagement moral ou d'acte. Juste la capacité de partager une constatation, voire un sentiment.
Du bas de mes pauvres vues, et de la piètre conscience que je puis avoir des faits et de l'ordre mondial, il y a comme un clignotant dans le brouillard, faible et fluet, qui turlupine mon regard. Sans faire étalage de la situation actuelle, que tout à chacun à cet instant connait ou presque, nous traversons une nouvelle période de crise économique historique, et par conséquent sociale. Cette dernière est liée, comme les précédentes (liste non exhaustive : 1929, 1974, …), aux contingences des mouvements boursiers, du jeu d'un nombre restreint d'individus aux prérogatives bien trop importantes pour être concentrées en si peu d'avidité de pouvoir et de richesse. Mais passons, il ne s'agit pas d'un plaidoyer anticapitaliste.
Les brises de protestations s'élèvent, doucement, voire doucereuses, des mouvements d'indignés, des avis partagés, quelques mouvements sociaux, et globalement une insatisfaction générale et purement occidentale. Chacun voit fondre ses acquis sociaux presque aussi vite que les glaciers de l'Antarctique, son ''pouvoir d'achat'' stagnant au mieux, voire plus fréquemment en baisse face à l'inflation des prix, bref, le ''coût de la vie'' augmente, devient cher. Mais depuis quand la vie devrait-elle avoir un coût, ou plutôt depuis quand a-t-on accepté de payer pour vivre ?
Oui la vie devient difficile. Nous payons sans cesse, c'est un fait. Nos aïeux se sont battus pour obtenir des droits sociaux que l'on pensait acquis. Mais ces droits ne sont-ils pas aller trop loin ? Les ''pays développés'' n'ont-ils pas trop profiter de ce confort, jusqu'à en perdre le sens qu'ils avaient lorsqu'ils furent obtenus ? A trop tendre la corde de l'arc, il se brise. Alors oui, ce n'est pas juste de ne pas être payer lorsque l'on est malade, parce que l'on n'a pas choisi de l'être et que l'on a le droit de se soigner, mais il ne s'agit pas de faire une liste de tous les dysfonctionnements émergents et ceux à venir, mais de décentrer un tant soit peu de ces préoccupations pour regarder un peu ce petit clignotant que j'ai éludé depuis le début.
La crise est une affaire occidentale, mais dont les vagues viennent aussi lécher et éroder les pieds des autres populations. Nous voudrions maintenir une certaine ligne de vie, en incorporant des notions de développement durable, parce qu'il faut être politiquement correct et appartenir à son époque, nous acceptons des ''efforts'' en fait imposés, qui en fin de compte servent plus à maintenir une ''note'' et un engrenage bien établi auxquels de toutes leurs forces s'accrochent, ou plutôt se pendent quelques individus sus-évoqués.
Alors nous éludons, en dehors des sacro-saintes fêtes, les populations décimées de guerres civiles et vaines, de famine et des maladies que l'on croit disparues chez nous. Ils ne nous apportent de toute façon tout au plus qu'une réduction d'impôts de part notre don annuel, voire une conscience tranquille si l'on fait parti d'une association militante. Les plus débrouillards finiront bien par échouer dans les jungles en périphérie de nos foyers, à profiter de la grâce alimentaire de quelques hors-la-loi (oui, il est interdit de nourrir ou de loger un sans-papier). Mais cessons là le pathos, je poursuis.
Alors nous éludons les sociétés qui depuis leur établissement vivent sans les devises, sans les acquis sociaux, mais aussi sans laisser de traces, dans les traces du développement durable (En Terre Inconnu est un exemple de vulgarisation de ce qui est ici évoqué). Alors certes cette vie peut être plus difficile, sans électricité courante, parfois de maigre pitance, avec un système de santé plus chamanique qu'autre chose... Le malheur et la misère frappent-ils, ou plutôt frappaient-ils ces populations ? Étonnamment non, et pas si étonnant que cela. Mais ne devons-nous pas tirer les enseignements de nos pères et de nos pairs ? Comme si le tout puissant homme blanc, pardon, homme moderne était incapable de concilier le meilleur de ses avancées avec le meilleur du mode de vie des sociétés dites finalement péjorativement primitives.
Alors pleurons nos misères, nos factures et nos fractures, cherchons du jeu et des applications nouvelles, convoitons la dernière technologie superfétatoire, contractons des crédits afin de nous acquitter de notre participation à l'effort national, ou tout simplement pour avoir un meilleur Noël que notre voisin. Payons notre voiture, payons le droit de la conduire, payons le carburant pour la faire avancer et par la taxe, payons le droit de payer ce carburant (c'est marrant, ça marche aussi avec le logement, les loisirs, la santé, et même le travail dis donc...).
Car il est bien plus facile de rester sur ce que l'on connait, courir après une certaine idée de l'ère moderne dont en fin de compte de moins en moins de personnes profitent, et ce, ce qui tout de même abracadabrantesque, au détriment de ces sociétés qui n'ont jamais demandées à être incorporées dans ce nouvel ordre sociétal. Donc ce qui survécut de façon autonome et séculaire, et là j'étends de la dimension communautaire aux écosystèmes, a un prix véritablement moindre que les évolutions occidentales abrasives et insatiables. Peu nous importe somme toute les considérations relatives aux modes de vie autonomes, la perte de traditions et de savoirs ancestraux, les poumons de notre planète et sa richesse végétale et animale.
Nous emplirons nos cerveaux de médicaments, et nos poumons d'huile de palme, équipés de lunettes 3D qui nous projetterons soit dans un ''monde meilleur'', soit dans le souvenir de mondes qui furent, mais dont si peu eurent conscience. On remerciera l'Unesco d'avoir cataloguer ce que nous laissons souiller et dissoudre. Nous nous satisferons du jeu en courant après le pain. Parce qu'il est tout de même plus confortable, même ruminant à propos de ses dysfonctionnements, de rester dans cet ordre connu, où se désagrège ce que devrait véritablement être la vie : la conscience de ce qui nous entoure, la sagesse et le savoir d'en profiter, et l'enseignement de cela à nos enfants.
vivre, trouver et donner l'essentiel
RépondreSupprimersurtout garder les yeux, les oreilles et le cœur ouverts...
Christine
C'est résumé, l'essence, et non pas le pétrole...
RépondreSupprimerraffiné(e) toujours...
RépondreSupprimerChristine
:-)
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