Dis voir, tu sais, tu l'as déjà vu ? Tu as déjà été là-bas ? On le dirait, tu sais, vraiment. Un soir de septembre, un soir d'été, quand il fait encore doux, tard. D'autant plus doux qu'à l'annonce de l'orage, l'atmosphère est plus épaisse, palpable sur la peau. A ce moment-là, on dirait la bataille des dragons, tu sais, celle décrite par Chrétien de Troyes, lorsque Merlin est encore enfant, la bataille d'avant le sacre d'Uther. Le jour qui se couche bataille contre cet orage qui veut précocement l'absoudre, l'absorber. C'en sont les mêmes couleurs, le rouge et le bleu d'une même brûlure qui se déchirent et se confondent. Oh je sais bien, va, qu'on y voit ce qu'on veut. Mais ce dessin-là, ces couleurs, c'est sur ma mer, là-haut, qu'on le voit, vrai. Alors tu sais, devant ça, ben tu t'arrêtes, et tu dis rien, y'a rien à dire, juste, tu regardes. Ça te donne l'impression de toucher à un secret, à quelque chose d'universel, sans savoir exactement quoi. C'est pour cela aussi que la lumière ressemble à celle d'un tableau de Turner, c'est le même ciel, la même mer. Alors vois-tu, c'est cela l'universel. Pour autant, il est difficile à formuler.
A l'intérieur, on sent à la fois l'orage et celui du dedans, sans pour autant qu'il soit mauvais, d'où vient qu'un orage est forcément mauvais ? Mais elle est bien là, l'alliance dichotomique, ou dichromatique, si on veut. Et le dire, l'exposer au regard, ça touche, impunément, le soi, bien sûr, car montrer, c'est s'exposer. Et montrer une partie du dedans, donc une partie de soi. Il est là aussi un peu, le mystère, dévoiler une partie de soi qui soit propre, et universelle à la fois. Comment est-ce possible ? Comment donc le savoir, pour le moins, ce doit être cela qui procède de l'humain et de l'art.
Là ,
RépondreSupprimerce soir, c’est tempête sur l’océan
et l’océan est aussi dans le cœur, dans les yeux délavés
Ici,
ce soir, c’est tempête dans le cœur
et le cœur fait bataille, pourfend ses démons
Demain,
donnera d’autres couleurs à l’ombre des vagues
et du poids à la nostalgie, à l’amertume
de ce vide vivant
Il y a l'orage qui rage, celui qui nettoie, celui qui verdoie. On ne le choisit pas. Il y a celui qui qu'on regarde, et celui qu'on écoute. Qui naufrage, qui décharge. Laisser se décharger le ciel, gronder l'atmosphère. Se laisser danser sous la tempête...
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=KoST92Gt9h0
le souffle des orages et sécher les plaies, je garde, merci
RépondreSupprimerA vous deux, vous composez un bien joli texte, à a fois léger et grave, en surface et en profondeur. Vous nagez dans la même eau de mer, on dirait, et il y a un phare.
RépondreSupprimerMerci infiniment, vous lui donnez toute sa grâce.
RépondreSupprimerA moi aussi de vous remercier pour ces compliments immérités, et de les recevoir avec contentement (il faut bien aussi :) )
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