- Il y a le nature et la culture, la nécessité et l'envie.
Arrive-t-on à soi lorsqu'ils se concilient ?
Du moins, on ne s'en approche pas lorsqu'ils
se contrarient. -
La troupe chemine, cahin-caha, de ville en ville. Au fil des lieux, elle perfectionne son numéro. Néanmoins, il y eut avant un long parcours. Avant le numéro, il y eut la formation. Avant la formation, il y eut le chapiteau. Et quel nœud... La première fois, il s'est effondré avant même d'avoir pu dessiner la piste. La seconde, les câbles trop tendus d'un côté ont offert une prise au vent qui en a fait un cerf-volant. La troupe réunie a alors concédé : il y a des points d'ancrage nécessaires, obligatoires, peu importe alors qu'ils déplaisent au dompteur ou incommodent la funambule. Puis il y a les points d'assurance, et ceux de renforts. Le montage se révèle, d'un sens, un apprentissage en lui-même. A chacun de la troupe, sans dire, il a enseigné. A s'abriter et profiter, il a fallu d'abord de la volonté, un oubli de soi, des coupures et courbatures. Il y eut des découragements, des pauses, des reprises. Des formes ont été élaborées, dressées, déchirées, échouées, effacées. Jamais inutilement. On en a cerné les impondérables, tout autant qu'approfondi les arrangements, les degrés de liberté qu'il offrait à l'intérieur de sa forme. Enfin, à chacun, il a été ajouté les points de confort. Ainsi arrimé, le chapiteau a vu sous son aile se construire, peu à peu, le numéro. Puis son partage, ses échecs, son perfectionnement.
Peu importe en fin de compte, qu'ils ne plaisent à tout le monde, que chaque ville ne les ait pas accueillis à bras ouvert. Ils ont été parfois chassés, d'autres retenus jusque tard dans les saisons. Ce qui importait, c'est qu'ils puissent d'abord jouer, invoquer cette circulation magique et magistrale qui leur procurait ce souffle de tourner. Ce qui importait, c'était de convoquer ces étoiles en eux, et de les voir jaillir alentours chez ceux qui étaient prêts à les recevoir.
Le grand barnum s’accommode difficilement des individualités, la « grande famille » laboure les désirs particuliers, ne se sert des particularités qu’à fins de spectacles et non d’épanouissement de soi ; tout pour le spectacle, pour l’illusion, les paillettes et malheur à celui qui osera le renier …
RépondreSupprimerChacun de nous ne vit-il pas dans son « barnum » ? Tenter d’y faire sa place, d’y jouer son rôle, s’y donner en spectacle, jusqu’au jour où…
Parabole pour un barnum personnel...
RépondreSupprimer(Quoique, vous ne connaissez pas la troupe des Romain et Michel, où il n'est pas question de paillettes ou de reniement...)
pas besoin de s'appeler Roman ou Mitchell pour avoir l'âme vagabonde, l'errance n'est pas affaire de volonté ou de but, elle est constutive de nos personnalités
RépondreSupprimer( la toile du barnum est plus ou moins tendue, plus ou moins résistante ou perméable)
Bien entendu, les Romain et Michel ne sont cités pas pour l'errance, mais pour l'absence de ce qu'on peut trouver dans par exemple le Cirque du Soleil.
RépondreSupprimerEt oui, cette image du chapiteau est bien là pour illustrer la même image que vous utilisez ci-dessus, par contre, ce n'est pas une image de l'errance, mais de la construction personnelle. Cette constitution se construit et se déconstruit, constitue un apprentissage où la volonté peut être de mise.