Le plus bel accouchement se fait au moment où aucune assistance n'est possible. Dans l'instant moite et chaud du délavement. Sa plus belle trace s'efface dans le siphon de la douche. La mémoire est trop courte pour la conserver au sec, la sécher sur le blanc d'une feuille. Son embryon a mûri sourdement quelques jours, quelques semaines, au creux du nœud des cheveux, à l'arrière du crâne. Son embryon a chu d'une mèche de cheveu débordant de l'élastique, au petit matin, à l'instant où l'eau s'écoule ébrouer le corps contracté du premier café. L’œil a déjà bu le profil du jour. Parfois s'accouchent des idées jumelles, des idées siamoises, parfois la silhouette à peine entrevue s'avorte. Souvent, il faut une certaine violence, un état d'âme ambivalent, pour pouvoir opérer, trancher.
Une fois quitté le chef trempé, la cabine humide, le mot s'étend, tout emprunt d'encre et d'intentions. En perdant cette aquosité fraîche, il se crispe, perd l'impression de suspension gracile qu'il possédait à son éveil. Enfin, il s'en va crier son existence aux yeux du visiteur. Et le visiteur de juger de la ressemblance d'avec ses parents, et au visiteur d'en accorder le reflet de sa propre beauté.
Etre où le mot est une chambre.
RépondreSupprimerLui voler sa blancheur, son dallage, sa table.
Où peut-on imaginer que je sois avec mes mains de maçon ?
(...)
Seul contre son âme un homme ne pèse pas lourd.
Lettres à la bien-aimée - Thierry Metz
pour cela, il s'étoffe de plâtre, de peinture, de papier, de champlat et autres moulures, d'éclairages feutrés et vifs, d'abats-jour derrière lesquels se cacher.
RépondreSupprimer"Seul contre son âme un homme ne pèse pas lourd."
et la consolation de sa création n'équilibre que maladroitement cette balance partiale