Je ne peux pas te promettre, juste te dire qu'on le fera ensemble. Que si parfois, on le sent dedans que ce n'est pas ça, ça ne veut pas dire qu'on y est plus. Que si parfois, on s'est oublié, on parvient toujours à se retrouver. A ces instants, il faut tout lâcher, revenir devant nous jusqu'à s'exposer. Fatigués, on affleurera ce qu'on a fait, des temps de jeunesse aux premiers âges, sans passer les revers ni la couleur des aurores. On retrouvera la main de l'autre enveloppée dans l'endurance tendre de la voix. On penchera toujours vers de l'avant en pensant assurer le pied de l'autre, en pansant le corps de l'autre.
Je ne peux pas te prendre tes orages, mais je peux me déployer sous leur pluie clamer avec toi leur tempête. Comme on peut tresser plus loin ces branches disjointes, ces branches anarchiques confrontées aux impératifs de ces dehors abrasifs. Comment les courber devers nous nous abriter, regarder ces bourgeons sortir des tiges qu'on ne pensait plus voir renaître, et remettre plus loin l'urticant de ces foins qui nous couchent harassés. Comme tu ne peux pas prendre les miens, te confronter à mon débordement, comme pourtant on peux se les ramifier, on peut se les démembrer.
Tu sais bien, toi, que je n'ai rien de plus que des grains de sable à maçonner, mais ces murs à remonter chaque jour sont au moins les nôtres. La fondation reste soumise aux flux des courants de nos éléments. La mer vient nous ronger jusqu'au pieds, en même temps qu'elle nous nourrit. Le vent nous vient dissocier nos briques friables, en même temps qu'il nous inspire. On pourra toujours baisser la tête haute pour voir un peu plus loin, gravillonner un bout de chemin, satisfaits d'avoir défricher un peu plus de peau, d'avoir émonder un peu plus notre monde.
Je ne peux pas te promettre, juste te dire qu'on le fera ensemble, bord à bord, jouer aux équilibristes près du bord. On est bien des mers de falaises blanches sur des pages blanches, aux grains fins, aux grains grossiers des galets. On est bien fait de la silice et du calcaire, sur les bords. Ainsi, érodons bord à bord notre dehors, en appuyant notre intérieur sur notre effort. On statuera notre édifice sans forme d'un conte, sous force des vents et marées. Accolant peut-être une vue sur la mer, on précipitera notre statue, bord à bord les précipices. Tu sais, bord à bord, mon ange.
La marée
La marée
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