dimanche 2 septembre 2012

Des bradeux

  
Ça commence toujours par une odeur de déodorant bon marché, d'un agglutinement au corps à corps, dans un tangage réchauffé. Et déjà la montée d'une certaine exultation, entre les maugrées de l'organisation de la SNCF. Premiers effets sardines dans l'exhumation des  tournées précédentes.
Puis c'est le lancement, tous s'élancent à la sortie du quai s'accoler aux autres dénicheurs itinérants, le nez à chercher les bonnes affaires, et éviter celles des transpirations acres. Regards avides et pas hagards, d'entre les hautes, si hautes façades de pierre grise et de briques. Poussées de coudes, de cordes vocales, ventes à la criée de moules et d'improbables, multiplication des clichés dans la soustraction des pieds. Mais à part le touriste monté spécialement pour le folklore, peu y prennent garde, au tableau. Plutôt garde aux sacs et cabas qui s'emplissent tant que les poches se vident.
A qui de s'extasier devant les trésors antiques, les souvenirs caustiques, la résurgence spasmodique des vieilleries déterrées, et des nouveautés branchées.
Ça finit toujours par une addition. Celles des aisselles, de la pisse et la bière, dans les rues pavées et les wagons distendus d'être repus. Et ce petit ballon orange rempli d'hélium, qui tangue au plafond, solidement et transitoirement amarré à l'exploit d'une poussette réchappée.
C'est toujours une aventure, même si ce n'est plus la première, ça reste pour le bradeux une première division de rentrée. La génération d'un partage intime et généreux.
  
 

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