samedi 25 mai 2013

De l'once du drap



 
s'étire
se retire
se tord un peu
se retire
s'entend
sourde
n'ourde
s'ourle
tord un peu
l'autre
son œil
pourtant
reste

je ne suis qu'un tissu de mots
tout ce que j'ai c'est de la force de mes bras c'est la force de mes bras sans possession je ne suis que l'attribut de mes obsessions
c'est dans la paume de la main la paume du crâne
tout ce que j'ai c'est toi
je ne dirai jamais plus rien que dire je dis sans promesse juste dire la force des mots dits la force dans les mots les mots qui figurent figent mon tissu cellulaire dans la doublure de mensonge et la braguette de songe à relever quand il fait un peu froid la force de leur absence
vaisseau et sève qui est qui le mot l'enveloppe et toi le contenu et toi l'épaisseur le temps de l'écriture l'écriture dans le temps la rature le tendon à l'os mais que ronge alors
ce n'est qu'un tissu de mots qui ne savent pas se dire dire disloqués qu'on y voit à travers qui ne tient pas chaud ce n'est que les mots des autres qui tiennent chaud
paroi isolée
économie d'économie
passée à l'économe

blocs de voix voix rauque de vent des poumons de vent de poumons
à vieillir peau de rides est-ce la peau le mot qui se replie glisser le doigt entre les lignes et y lire lire le recoin le creux sentir le fin la doublure tannée derrière s'y heurter l'impression les traits du racloir les traits noirs signes encodage frontière se heurter devant au derrière
longer passer la frontière comme un mur à abattre comme battre soi et quand s'effondre retombe le tissu de mots il y a encore le mot
passé à l'économe

dis qu'est-ce que je bave
faut-il un plus gros couteau dégrossir encore le film la finesse passe ça passe déjà au travers ça ne perce pas l'opacité c'est de la lumière éteinte dans la lumière le fil a la couleur de la réfraction la couleur de la rétractation c'est que ça laisse filer autant que ça renvoie qui perçoit c'est déformé on ne connaît que ça
on ne voit que la déformation qui n'est plus que la forme et quelle est la forme alors
on ne peut quand même pas porter ses mots
on ne peut quand même pas porter ses mots sur le visage sur le corps on ne peut pas se dénuder comme ça

il en faut du tissu
et des lames pour le tailler
texture texturé texte urée absorption et déjection on ne sait plus d'où vient le travail si c'en est un une la peau du chagrin
quand je me nappe dans la peau de mots c'est toi qu'elle recouvre la peau de chaleur de mon absence
on n'a pas compris comment ça commence et on ne sait pas quand ça finit c'est un tissu sans fin déroulé d'en haut il s'enroule au bas oui au bas mot au bas du mot le pied de la lettre
la fin c'est un autre début et tout ça...

passé de travers on tient chacun son fil par le même bout touche et boute où peut-on et tire chacun dessus ça semble toujours trop court pour se dévêtir on revêt et même ce qui ne revêt pas le corps est porté avec soi tire on tire
on tire tire à vide
je tire les mains vides


 

3 commentaires:

  1. J’enlace les mots
    je rêve
    qu’ils soulèvent le drap
    ces mots, qui dénouent le dedans, tiraillent le tissu à l’intérieur et s’accrochent comme peau de chagrin
    leur ardeur est désir d’oubli, éclair, fin de nuit, murmure dans les roseaux.
    Ils sont ma nudité
    jouant de ma peur, de mon corps
    frénésie
    terre, ciel et eau, air et feu.
    solaires
    pluie râpeuse
    glissant sous le drap
    acropole de l’aube offerte à tous mes dieux

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  2. Magnifique échange. L'écho de Christine est tendrement sulfureux et frissonnant d'érotisme.

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  3. je partage votre avis, JM, ce qui invoque ma pudeur à garder des mots aux joues qui en rougissent encore...

    Amitiés à tous deux !

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