samedi 4 mai 2013

De l'intérieur # 2




A l'instant du virage suivant, une voix. Mon prénom. Elle a du crié fort. L'unique feuille dure de la cocotte ( quoique... ) a saisi, attrapé au vol. Ou la voix s'y est heurtée. Pleine de sympathie. Marche arrière, en avant. Pas en avant. Alors que. Et je sais qu'elle va encore parler. Et la mienne aussi. Je me suis annoncé. Je me suis déjà avancé. Ne pas glisser. En fin de compte, qu'ai-je à dire ? Juste l'admiration devant les brides virtuelles que je fréquente. Même pas encore, à cet instant du virage, de matière palpable, de pages cornées et déjà soigneusement archivées dans la bibliothèque appropriée, prêtes à reprendre la poudre d'escampette dans le cornet des doigts. Pour une prochaine détonation. Mais pas le temps. Ma gêne, la sienne. Elle prend les devants. Presque aussi vieux lecteur que vivant, le contenu d'un ouvrage a toujours été une sorte de magie. Les auteurs des magiciens. Bon, pas tous. Mais ceux dont les mots se transforment en images dans le cerveau. Et les images en sensations corporelles. Et les sensations en... Ceux dont les mots... Et bam. Me retourne. J'aime être lu aussi, mais reste surpris quand l'est. Interdit. Et bam. Confondu. Con fondu. Reprise, ça reprend. Le fil. Tire, y arrive. Ensemble, enfin, il me semble. Dans le même sens. Une conversation. Rien d'idiot, enfin, il me semble. M'a semblé. A côté, on trinque. Pas de bières. Dommage. Déformation régionale, sans doute. On s'attarde encore. Perrine signe. Humainement. Je veux dire, avec la récalcitrance humaine de l'embarras, des touches de pudeur dans les mains. Mais s'exécute. Puis spontanément. Le fer est là encore bien chaud. D'ailleurs il se sent, s'y lit. Et mon sourire équidé en miroir. Je crois que ça me fera toujours la même chose. Je crois que c'est normal. Entrer pleinement dans un texte, c'est entrer aussi dans son auteur, en sorte. Ce n'est pas si anodin. C'est lui aussi qui nous laisse entrer. C'est toucher le risque de l'autre. Et pour l'autre, offrir à toucher. Et le danger (si cela en est), pour l'un comme pour l'autre, de se rater. Manquer le contact. Pourtant je suis content. Ça a l'air de fonctionner. Les yeux de ma femme se réjouissent en même temps qu'ils s'amusent de moi. Et c'est très bien. Puis le tantôt. Une prochaine fois, avec le plaisir avec. Avec la richesse avec. Il fallait partir d'ailleurs. Les yeux croisaient d'autres noms encore. Mais non. Encore un livre en prévision, et le budget alloué du mois est déjà cramé. Pour trois mois. Puis il sera peut-être possible de croiser untel ou untel, ils ne sont pas si loin. Un autre aquarium, ailleurs. Avec d'autres galeries, avec les mêmes galeries. A creuser dans d'autres crânes pour s'enrichir encore.

Nous ne l'avons pas entendu, mais le beffroi croque une nouvelle heure, alors que deux artistes de rues croquent une scène burlesque dehors. Respirer un peu. Nous nous annexons dans une photographie de bocage écossais. Moutons parsemés parmi les moutons. Nous sommes dans le tableau. Les gens s'arrêtent, nous regardent, chacun, en passant. La Pierrot verse de l'eau sur l'Auguste. Son parapluie. Déformation régionale, sans doute. Nous retournons dans la cocotte. Raccourcis. Anarchie circulatoire dans l'anarchie circulaire. Ombilicale. Même insectisation. Avec des antennes de lassitude ici et là de délaissés. Presque taciturnes. Mais pas que. Toujours des queues comme des récifs où se contrarie ou ravit le courant. Esprit volé momentanément par un autre. Nous retrouvons à nouveau Lucien, avec ce qu'il convient. Installé comme il l'avait annoncé. A l'exacte symétrie d'où son nom souligne la dernière publication. Avec humour. Du même avec lequel nous échangeons à nouveau. Qui rend à l'aise. Qui mystifie peut-être -j'en doute- mais démystifie. Instaure un nouveau mythe personnel. Ça ne peut pas être faux, une intimité. Approfondissement du trou dans la poche. Clefs tombées dans la doublure. Stop. Chacun ses impératifs, ses sujétions. Et ses libérations. C'est bien. Ça reste dans le thème. Nous initions un nouveau brisant. Nous augmentons les retours d'eau. Il va falloir céder. De toute façon, érosion. Le beffroi n'a encore rien dit, mais ne devons pas l'entendre.

Il restait des cités, des pays à voir, visiter. On devinait les faîtes d'autres auto-cuiseurs blancs sur la Grand-Place, et sur l'autre, et l'autre encore. Et des termitières de papier et de sueur sur les pavés des rues étroites. Mais la vie d'une après-midi est trop courte. Sur la route, l'autoroute, automatisme, digestion cognitive. Tourbillon de tout ce qu'il y a d'humain à l'intérieur. L'aspiration, ses dérivés, ses antonymes. Il me faut encore creuser. Y-a-t-il un travail en cours plus long ? Une sorte de travail au long cours, je sais. Pense. Espère. De quand la promenade a été bonne. Peu importe la mer et ses états, au contraire. Il faut encore creuser. Alimenter les braises, le barbecue. Cuire lentement. Un feu de sable. Puis peut-être, creuser son trou dans l'arc-en-ciel noir et blanc, nuancé ( nuancier ? ) haut en couleur des auteurs, se colorer, percer, percer comme un bouton et libérer le pu, le plus, à tâcher un peu plus que les doigts, détacher un peu plus loin de soi du soi.

Ouvrir encore.



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