Je
pense pouvoir affirmer sans hésitation qu'avant son internement, le
sujet a eu une vie sociale, intégrée à la vie en société. Qu'il
y avait même une place, voire un rôle certain. Donc par induction,
une éducation et des principes. Peut-être même une famille. Les
différents facteurs m'incitent à certifier qu'un ou plusieurs
événements sont venus frapper psychiquement et avec force Alembert,
qui dans un premier temps résista, continuant à vivre
« normalement », jusqu'à ce que les premières
manifestations physiques ne viennent déranger son mode de vie
coutumier. D'abord de légères céphalées, qui ont empirées. Son
corps a malgré-lui cherché d'autres solutions, et le monde qu'il
connaissait ne correspondant plus au monde tel qu'il le concevait, il
développa au détriment même de l'esprit du sujet, de son propre esprit donc, un autre mode de
développement. Je ferai ainsi ce parallèle entre la structure
osseuse et la croissance d'un arbre. L'individu, se protégeant de la
folie du monde extérieur, s'est épaissi de l'intérieur,
nourrissant sa propre folie. J'atteste ainsi de la mise en lumière
du premier « homme-arbre », symptomatique d'une inadéquation
à la vie moderne de notre XIXème siècle et de ses formidables évolutions.
Vous
pouvez mandater vos photographes au Museum d'Histoire Naturelle, où
la dépouille du sujet est présentée au public, dûment naturalisée.
Voilà tout pour notre entretien, si vous le permettez, il est
l'heure d'effectuer ma ronde auprès des patients.
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