Les
soins apportés se résumaient à des repas réguliers, nous
attendions d'établir un diagnostique fiable avant de prescrire tout
traitement. Je notais cependant que le sujet absorbait la nourriture,
mais sa condition physique s’obstinait à décliner, jusqu'à
devenir préoccupante. Je notais aussi que ses déplacements, la
mesure de ses gestes, se raréfiaient. Se mouvoir suscitait un
grimacement. Curieusement, plus les séances se multipliaient, plus
nos conversations s'emmêlaient. Le sujet se renfermait visiblement
sur lui-même : discours, postures, cela semblait presque se
faire malgré lui. Cette incapacité à me transmettre ses sensations
physiques et psychiques, de toute évidence, le frustrait. Mais
bientôt je dus écourter, puis me contenter de l'observer à travers
les barreaux de sa cellule, sa condition physique et mentale ne le
permettant plus.
Internement physique, où
la conscience de la chose ne provient plus d'abord de la vision de
l’œil, mais d'abord du corps. La sensation comme une annonciation
non pas de la venue, mais de la vue. L'os donne à sentir puis à
voir.
Internement physique, où
la chose devient consciencieuse et lente déflagration, intégrée
dans la chair. La chair comme exposition de la programmation
anarchique de l'os qui se modèle à l'envie. L'os donne à voir sans
être vu.
Ne m'émeut plus
ne me meut plus
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