dimanche 8 décembre 2013

Le cas Leleu # 6







           Lorsqu'il revint à un état stabilisé, nous décidâmes de ne pas lui laisser d'accès aux livres, mais lui avons laissé à disposition du papier et un morceau de charbon. Comme je m'y attendais, il se saisit, entre deux crises, du morceau pour écrire. Il s'y prit à plusieurs tentatives, mais ne traça jamais plus d'une lettre, une première lettre d'un mot qui restait à chaque fois interdit dans sa main, dans son esprit. Bientôt, il chiffonna chacune des feuilles, gémissant qu'elles apportaient trop de lumière. C'est là que je remarquais que ses cernes, malgré tout le repos apporté, continuaient de s'allonger. Je crus d'abord qu'il s'agissait de la crasse du charbon, mais compris bien vite qu'il s'agissait en réalité de la propre ombre du sujet, de son humeur bileuse qui marquait physiquement ses joues. Je lui prescrit quelques cuillères de confiture de haschisch aux repas pour tenter de le soulager. Mais face aux plaintes à demi-mots répétées du sujet, sur ses yeux qui le brûlaient, son crâne qui le serrait, je décidai d'une trépanation pour le soulager. Je mandais donc les soigneurs.
 

Il y a un mauvais esprit dans le sang qui se transmet qui me meut j'ai sang mauvais qui prend aux jambes jusqu'à la tête sang qui ne se voit mauvais en moi personne pour le voir et le croire je suis moi je crois je le crois encore mais plus seul qui m'isole encore je ne crois plus être le sang mauvais expulse m'expulse l'esprit du corps qui ne peut sortir suis-je ainsi si mauvais homme mes amours d'être parti maintenant je pars de moi-même



 
 

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