mercredi 26 décembre 2012

Des fins plutôt que d'autres I

  
  
 
Sorti promener le chien. Le gros, l'idiot, c'est selon. Le médecin a peut-être raison, il faut remuscler ces jambes. Ecouter le doc. Tant pis si elles se sauvent en cours de route. Le terrain est découvert, bleu, il semble enfin. Pas longtemps. Le vent d'ouest est bien là. Le vent du large balayé par les plaines jusque là. Vite, le soir est tombé sur le matin. Route sur les marées. Mais ça semble différent. Pas à cause de ce énième jour de pluie. Ni d'être dessous. Les maisons s'espacent, mais sont là, jamais très loin. Chaque hameau dépassé laisse entre eux en pointillé ses petits étangs privés, avec ses cinq panneaux rouges et blancs de propriété privé. La route étroite est bordée d'arbres nus, les pieds trempés dans l'eau croupissante nourrie des nouvelles averses. Les champs perdus entre les marées cherchent un peu d'air, suffoquent sous les eaux et les briques. A chaque bouche qui passe le courant qui ne file pas entre les fossés, l'eau noie l'alcool en vain. Dans le creux des bois, les restes consommés empilent leurs restes d'os et de mousse polyéther. Quand la distinction ne se fait plus d'avec les tourbières, on aperçoit la danse des mousses à la surface, sur la scène des branches flottantes et des pneus affleurants. Les averses s'amplifient, le jean plaqué sur les cuisses sert de mandataire au froid. Le reste, ça va. Une écharpe, aurait été bien. Le gros tire. La seule atteinte se situe dans ses yeux, qu'il plisse. Le reste, ça va. Pas froid, même ruisselant. Le nez file partout, comme mes yeux. Pas sur les mêmes choses. Le Davidoff réchauffe l'intérieur. Incongru, mais c'est fête, quand même. Ce sera tout, il pleut trop pour réussir à garder un galo au sec, même sous le chapeau. Partout la route, du goudron, sale, gras, huilé. Même là où il n'y a rien. Marais, bois, tourbières, friches. Là où il y a tout. Clôturé, ceint, barré, pannoté et barbelé. Les voitures soulèvent des vagues qui s'écrasent dans les rigoles, puis retournent doucement sur le macadam. Il est brave, il s'assoie au passage.
Non, ça n'a pas été la fin du monde. Mais à y regarder, d'avoir un peu tracé, c'est la fin d'un monde. Peu importe où il se trouve, en fin de compte, les marches sont bien trop peuplées de tout ce qui n'est pas lui, le monde est bien trop occupé de monde. Faudra pousser un peu plus loin.
  
  
  

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