lundi 24 décembre 2012

De la dépossession

  

  
Cinquième jour d'incontinence céleste continue
encore étonné de pouvoir circuler
sur les routes qui ne dégorgent plus l'eau
et les voir ricocher ainsi entre les étangs
ici les marais ne connaissent pas l'estran
c'est la terre qui doit absorber
elle n'a plus soif
je pense
je pense encore
à la rencontre d'hier soir
rentrant de la ville
un peu comme dans un film
post-technicolor
le long du canal
je veux dire le long de la route
longeant le canal
avant de bifurquer vers le bois
avant l'orée pétrole du bois
je dis pétrole
d'habitude à cette heure ça se joue
plutôt pomme caramélisée
aux extrémités de cannelle
dans la poêle beurrée jusqu'à ras-ciel
est-ce la bruine qui tombe
ou la brume qui monte ?
tout est bleu
et la terre retournée scintille mauve
avant l'orée pétrole du bois
un loup, un résidu de loup
une sorte de berger à la démarche
nonchalante balance ses poils poivre
gris et blanc devant les phares
qui décélèrent et qu'il ne regarde
même pas
tandis que mes yeux recomposent
ses pas déthérés
et le geste calme de son assurance désintéressée
je me suis souvenu alors
combien de temps j'avais cru
posséder intérieurement un loup
en moi
je me disais j'ai un loup
il agissait sur une partie des actes et des pensées
enfin je croyais
c'est idiot
jusqu'à ce que je comprenne enfin
que je n'avais pas un loup
qui me possédait parfois souvent
mais que
somme toute
j'étais un loup
je me suis souvenu dès lors
que tout alla mieux
dans la plage horaire
de mes plaines
  
  
  

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