J'ai lu. On ne lit plus la poésie. Je
lis. On ne lit plus la poésie. La poésie se meurt. Je n'y connais
rien. Je suis d'accord. Presque. Pour mourir, la poésie doit vivre.
La poésie se lit. D'abord. Mais pas seulement. Pas comme un roman.
Ni une notice, un article. La poésie se lit d'abord. Puis la poésie
se vit. Je crois. Lire, seul, c'est rester dessus. Ce n'est pas
rentrer dedans. Dans le mot. La poésie se vit, car elle se ressent.
Je crois. Je n'y connais rien. C'est ainsi que l'on dit « ça
me parle », ou « je reste hermétique ». C'est que
l'on a ressenti. On a vécu de l'intérieur. On a pris de notre
humain, associé à l'humain des mots lus. On a associé une part de
notre humain à une part d'humain du poète. Pas toujours celle à
laquelle il s'attend. Il n'a plus de maîtrise, lorsque l'autre lit
et vit. Pas toujours celle à laquelle on s'attend. On n'a pas la
maîtrise, lorsqu'on lit et vit.
Ressentir, accepter de ressentir, c'est
accepter d'être humain. C'est accepter une certaine profondeur, un
gouffre aussi, dont on ne perçoit que rarement le fond. Je crois. Je
n'y connais rien. C'est suivre un courant sans savoir naviguer, sans
connaître ni escale ni débarcadère. C'est accepter ses parts
d'obscurité et de lumière. C'est accepter de mettre ses parts
d'obscurité en lumière, et ses parts de lumières en veille.
Parfois. C'est autoriser un certain abandon de l'esprit, mais aussi
l'effort de le suivre là où il va. C'est autoriser son regard à se
poser sur la condition du monde, sur sa propre condition. Et être
capable de lever les yeux. C'est regarder en face. Devant, derrière,
les côtés. Dessous aussi. Sans savoir quoi comment où pourquoi
etc... Mais le faire.
Ce n'est pas suivre un programme. C'est
rassurant, un programme. C'est rassurant, regarder la vie d'autres à
la télévicon. La misère des autres à la télévicon. Après, on
l'éteint. Puis, les programmes, c'est dirigé. Il y a une ligne de
conduite, un producteur. On sait où on va. On l'attend, le
dénouement surprise. Il arrive à la 36ème minute, après la
coupure publicité de la 22ème minute. Dans les épisodes de 45
minutes. Les programmes, c'est programmé, c'est guidé. Ils suivent
le code. 1-0-1-0-1-1-1-0. Binaire. Puis la poésie, ce n'est pas
télégénique. J'ai vu. « Pourquoi voulez-vous passer à la
télévision, quel est votre but ? » « Pour être
connu(e) ». Je vois. « C'est tout ? » « Quoi
d'autre ? ». Le poète, ce n'est pas télégénique. C'est
même antipathique. Ça fait poser des questions qui font mal au
crâne. Ça fait sortir du code. 1-0-1-0-1-0-1-1-1-0. Ce n'est pas
programmé. Ce n'est pas comme l'application ou le jeu console, le
tout nouveau pour six mois. Qui font suivre au joueur le parcours, la
bille, la balle, la carte, la mission, l'objectif. Ça demande
réflexion, c'est bon pour les méninges. Selon le
code.1-0-1-0-1-0-1-1-1-0. Atrophie cérébrale.
La poésie, c'est abandonner le
programme, les programmations. C'est quitter un peu d'immédiat, pour
un autre type d'immédiat. Pas cet immédiat qui annihile l'esprit,
sa pensée. Cet immédiat facile, accessible, immédiat. Éphéméride de plaisirs. Effeuillage inconséquent, rapide. Rapide. Sans trace. Mais un
immédiat rencontre du troisième type. Celui qu'on veut oublier.
Entre l'auteur, soi, et l'intérieur de soi. Celui qu'on n'aime pas
entendre causer. Celui qui est proche de « Conscience ».
Celui qui en est cousin. Celui qui en est une clef. Qui habite à sa
porte. Je crois. Je n'y connais rien. C'est un immédiat qui relie.
Indirectement. Sans nécessité d'inscription en réseau social.
Celui qui relie au monde. Aux autres. Ce faisant, à soi-même. En
dehors des deux traditionnelles fois par an. Téléthon et Enfoirés.
Gratuitement même. Cet immédiat ne rançonne pas l'individu et son
dedans pécuniairement. Il se fait payer chair. Et il ne rapporte
rien. Matériellement. Alors de là à acheter de la poésie. De là
à acheter un peu de dedans. Un peu de richesse intérieure. Un peu
de profondeur dans le noir intérieur. Qui ne se verra dehors... Je
crois. Je n'y connais rien.
J'ai lu. On ne lit plus la poésie. Je
lis. On ne lit plus la poésie. La poésie se meurt. Je n'y connais
rien. Je suis d'accord. Presque. Pour mourir, la poésie doit vivre.
La poésie se lit. D'abord. Mais pas seulement. La poésie se vit. On ne vit plus assez. Alors. On ne vit plus assez véritablement. C'est plus facile. En surface. Sans être en face. On n'y met plus le temps. De vivre profondément. C'est plus facile. Je
crois. Je n'y connais rien. Du dedans. De l'intérieur. Du dehors.
Des mots. Du binaire. De l'immédiat. Des mots. De leur usage. De la
poésie. Je crois.
Parce que parfois, je croîs aussi un
peu. Et d'autres fois, je vois aussi un peu. Et la poésie n'est pas
loin. Dedans. Derrière. Dessous. A côté. Dehors. Certainement pas assez. Certainement. Sûr.
Il parait que l'amour est poésie.
RépondreSupprimerJe ne sais ce qu'est l'amour.
Peut-être qu'en m'obstinant à lire la poésie des autres l'amour me reconnaitra ...
Je crois. Je n'y connais rien.
RépondreSupprimerCertainement. Sûr. D'ailleurs.
Il paraît, "qui a vu verra".
Dure avec toi-même.
D'autres te lisent.
Un autre t'aimera.
La poésie est en soi, il ne faut pas la chercher dans l'autre.
RépondreSupprimerElle n'est pas affaire de personne , elle est affaire "d'être".
et d'êtres :)
RépondreSupprimer" La vraie poésie", déclarait Bashō, "c'est de mener une belle vie.
RépondreSupprimerVivre la poésie, c'est mieux que de l'écrire."
il déclarait bien.
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