Dans un monde de fabrique de jardins
domestiques, où la surface est dressée à l’ego du contentement,
jouer un peu à Dieu, en te dispensant de petites pluies dessus ta
petite tête, pour te montrer les pluies chaudes d'été, sorties du
gant de toilette. Entre ces jardins clos, ouverts sur des allées
faussement négligées, aux fleurs taillées qui semblent avoir
oubliées de faner, voir encore les faulx se balancer, dans une
jungle qui sèment ses graines d'anarchie sur les couvertures de
gazon aseptisées.
Si ces coins de jardin sont les miroirs de leurs
propriétaires, il ne faut pas voir dans la tenue militaire, dans la
tenue millimétrée la grande maîtrise de l'être sur la nature, de
l'être sur l'être. Il y transparaît inversement l'angoisse de
l'être à la recherche d'un contrôle de son environnement.
L'angoisse intérieure et profonde qui cherche prise sur ce qui
l'entoure, pour la contourner, mieux se détourner du soi-même. A
contempler ainsi la géométrisation de quelque chose qui était et
sera là avant eux, un contentement rassurant s'empare de leur
regard, de leur hagardise de n'être que des hommes. Il n'y a plus de
jeu, plus la question de « jouer » à Dieu, mais celle de
se prendre pour Dieu. Et celle de ne pas supporter ceux qui préfèrent
le jeu au trop sérieux. Ceux qui tentent de se jouer des angoisses,
de jouer comme ils peuvent avec elles, plutôt que de tenter de les
tromper, de se tromper.
Être bon jardinier consisterait-il à
s'employer stérilement à une domestication artificielle de
l'environnement ? Il apprend la nature et son fonctionnement.
Peut-être. Il apprend aussi à aller contre, et à fausser son
dénuement.
Alors plutôt que de se prendre pour
Dieu, y jouer, afin que tu découvres tout ce qui naît sans qu'on
ait besoin de le composer, que tu apprennes à composer avec. Jouer
ensemble à regarder les choses évoluer par elle-même, comprendre
comment elles grandissent, et leur grandeur. Puis te regarder créer
ta propre composition, en toute connaissance, ton propre jardin.
Puis pouvoir par toi-même te dire :
« a vécu », comme on dit « a voté ». Sans
jugement aucun, qui serait à la fois insuffisant, et suffisant. Mais
vivre souverain au possible, et surtout en conscience.
S'abstenir n'est pas de mise. Mort ou vif, a vécu.
RépondreSupprimerPourtant, d'aucun arrive à n'être pas même citoyen de leur propre vie...
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