mardi 12 juin 2012

Fin du jour



Le ciel s'est endolorie d'une vaste hémorragie. Son sang est gris, de la peau de son assassin. Piètre mine qu'ont tous deux, une vieille cigarette filtrée avec avidité par des poumons arides. Ainsi se colore le monde. Des cieux ascètes pour une terne gloire au sol. Amer le goût de la poussière. Sous les flots rouges et noirs qui se déversent et se lient, une ivresse aveuglante, une griserie pharisaïque embaument les têtes qui ont perdu la joie d'être hirsutes. Le train vient de partir. Le vent aussi. Et pourtant, comme une punaise de sacristie, l'écume saumâtre continue de s'épancher vaporeusement sous les kilomètres qui courent vainement, pour se rejoindre tôt ou tard sur le même entêtement, sous les mêmes sanglots. Identiques. Piètre course qu'ils ont. Le train est parti, le vent ne l'a pas attendu. Et les nues brûlent sans outrecuidance ni humilité, évoluant comme un cétacé engouffrant les rares vaisseaux bleus encore chantant leur immense éclair strident. Piètre pourvoi au dessus des membres frénétiques. Sera-t-il possible qu'il souffle encore son verbe, flattant les joues et conduisant le pas ? A ne trop s'élever, il finit recouvert, la peau à vif, de sa propre sève.



2002

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire