De l'autre côté de la barrière, c'est une autre époque. Une survivance d'un temps révolu. Un îlot figé au milieu de la procession pavillonnaire qui s'étire toujours plus loin, plus ordonnée, décontenancée. D'antan il ne reste autour que quelques murs de brique aux joints qui s'effritent. Les demeures campagnardes 1900 s'amenuisent, dispersent leur poussières aux intempéries et aux crépis et enduits manufacturés.
De l'autre côté de la barrière, c'est deux frênes qui résistent. Deux majestés des pâturages qui s'étirent dans l'étouffement terrassier des clôtures tissées. Deux cloitres accueillant ce que l'humain ne décèle plus. Pic-vert, chouette, merle, tourterelle et autres. Deux cloitres qui ne connaissent plus le meuglement, plus que la menace de la meurtrissure, l'ombre portée d'une persécution vache.
De l'autre côté de la barrière, c'est une moitié d'hectare qui connait encore quelques gestes d'avant. Qui regarde la friche pousser, les graminées monter, les herbes folles bruisser et les insectes fourmiller en bon garde-manger des tribus volatiles. Ce sont deux frênes qui ne cillent pas lorsqu'ils aperçoivent la faulx se balancer. C'est la lame courbe qui résonne comme les vêpres au loin. A la fois étreint et rassurant. C'est la faucille qui dégage le plant des pousses et engage le bras à l'ardent labeur.
De l'autre côté de la barrière, c'est l'absence du temps machinal. C'est le colloque de l'oubli qui nargue la déliquescence d'une nature ordonnancée. C'est la pousse séculaire qui dit : "je suis là". C'est l'affirmation vétuste et simple d'une essence tenaillée. Le palpable et la résistance d'une essence délaissée. Et le bruit de son effort pour continuer à se perpétuer dans la vue et le corps.
Ce demi hectare est légende à mémoriser, telles nos vieilles légendes par ici heureusement conservées par des gens jugés un peu fou en leur temps tel Félix Arnaudin qui a couru les landes pour interroger ces vieilles gens et constituer de riches recueils de contes. A la nuit tombée, à l’heure où la veillée commence, il s’asseyait auprès de paysans et de métayers pour transcrire leur impalpable trésor.
RépondreSupprimerhttp://www.photolandes.fr/index.php/galerie-1-felix-arnaudin.html
Et pourtant il existe des êtres qui rêvent de voir disparaître ce côté de la barrière... quelle tristesse!!!
RépondreSupprimerAlors je serai un peu le fou d'un conte
RépondreSupprimercon/temporain
résistant contre de bien plus vieux que lui
in/con/tinents