D'abord le grand portail du mur aveugle. Puis la porte grillagée. Pièce d'identité, vos papiers. Le portique, videz vos poches. Il y a un casier. La première grille, le sas. La seconde grille, la vigie. La sonnerie grave à chaque ouverture. Le bras tendu pour tirer leur pesanteur. L'odeur de javel qui vient se mélanger à celle âcre du plastique brûlé et celle forte du café. La troisième grille, ouverture de l'aile droite. L'escalier, la coursive qui fait le tour, au milieu, le grillage tendu dans le vide. Elle retient le regard, allonge l’œil, jusqu'au tréfonds de l'aile. Les portes qui s'alignent, numérotées, étiquetées, rapporteuses. Puis, perdue, incongrue, cette salle de classe enclavée dans le coin du couloir, entre cette petite vigie et le téléphone "publique". Chacun circule et vaque, selon l'heure, la tâche, la peine. Bientôt le travail, bientôt la promenade.
On y engraisse la rancœur, le remord, la colère, le muscle, l'espérance, d'une bouillie infâme. Les yeux accrochés aux barreaux, les barreaux qui regardent au ciel. On y engraisse des squelettes filiaux qui s'agglutinent devant le grand portail, attendant l'heure de la parole. L'heure de parler, et d'écouter parler les sacs plastiques. Le portail, la porte, le portique, la grille. T'es où ? C'est toi. Tu sais. Merde.
C'est tout un monde, parallèle, sans autre dimension, la maison d'arrêt. La vie ne s'arrête pas, elle s'y ramasse, intense. Tendue. Elle s'y ramasse sur elle-même. Fraternité des chiens en chenil. I-monde, a-monde. Un concentré du monde.
une artiste attachante, j'ai travaillé sur plusieurs de ses livres et elle a bien voulu me "prêter" ses photos de banc public pour des ateliers d'écriture
RépondreSupprimerhttp://soliquietude.canalblog.com/archives/2011/01/12/20111659.html
Le travail est différent
RépondreSupprimerLe rapport, pas tant
travail sur soi, sur les autres, avec ou pour les autres...
RépondreSupprimerla parole au centre, présente