On ne lit plus. C'est pas
vrai. Les meilleures ventes de l'été 2013 sont décrochées par
Nabila et ses phrases. Des Guillaume Levi et Marc Musso publient de
façon régulière, voire effrénée. Mais il y a le sentiment qu'on
ne lit plus. D'ailleurs souvent quand on lit, on lit mal. De travers.
C'est à dire de biais, mais aussi même du début à la fin, les
mots ne sont pas compris pour ce qu'ils sont. Je ne comprends pas
moi-même le tiers de ce que je lis. On lit mal. On sur-lit.
On écrit mal aussi. Pas
uniquement syntaxiquement. Lexicalement aussi. On emploie des mots
pour d'autres, prêtent des sens et bien souvent, omet ou déforme
des sens de mots. On troque des mots nouveaux, dans le vent, éventés,
contre de vieux mots désormais désuets. On sur-écrit. On lit mal,
on écrit mal.
On ne s'intéresse plus à
la politique, ou mal. Toutes les semaines de nouveaux
rebondissements, la majeure partie ne concernant la patrie. Juste la
petite grande vie de figures. D'apparentes lois soulevant de fausses
questions masquant mal leurs allures de cache-misère. Parce que les
questions reposent sur de mauvais fondements. Mais tant que l'homme
n'a pas véritablement besoin de survivre, pas suffisamment faim, on
sur-politique. On politique mal.
Vit-on mal ? On vit.
L'homme connaît des alternances de survie et de vie. Et quand une
partie connaît une trop longue période de vie, il oublie ce qu'est
la survie. Et la vie ne le satisfait plus. Il se crée une sur-vie.
Une vie dessus la vie. Plus besoin d'attendre une vie après la vie.
Étrange période que celle où beaucoup quitte peu à peu la vie et
entre peu à peu dans la survie, tout en courant après la sur-vie.
La sur-vie, qu'est-ce ?
C'est une vie distendue, distanciée de ce que devrait être
« naturellement » une vie ( non normée, chacun en a son
idée, mais basée de raison ). Et cette sur-vie est le point où
tendre à se rompre le cou. Vendue comme désirable. Ce qui fait
qu'on la désire. Le mécanisme de la violence et du désir étant
mis à jour, plutôt d'en faire profiter, on s'en sert pour créer du
profit. On montre une image d'être à atteindre, avec ses
accessoires, ses attitudes. Seuls ceux qui en ont les moyens s'y
baignent jusqu'à miroiter eux-mêmes, les autres s'éclaboussent
maladroitement et se donnent l'illusion de l'illusion des premiers.
On sur-vit, balbutie à sur-consommer.
De ceux qui veulent
prendre du recul sont perçus d'arriérés à vouloir trop regarder
en arrière, soit d'utopistes à vouloir voir plus loin. On sur-vit
parce qu'on doit voir cela. A s'en remplir, encore d'idées,
d’artefacts creux. On sur-vit parce qu'on veut le voir, et nous le
montre. Faudrait-il ne plus voir ? Voir par soi-même. Il
faudrait arrêter de sur-voir. Il n'y aurait plus aucun sens à
regarder. Il y aurait la place pour voir ce qui est. Et trouver
quelque équilibre.
En attendant, voici sans
doute un billet mal écrit, qui sera mal lu, parlant mal d'une
politique mal comprise, sur des vies mal cernées et des hommes mal
encadrés. Un sur-billet pour ne pas dire grand-chose, consommé
immédiatement, et chassé immédiatement.
que nenni ! Très bien lu :)
RépondreSupprimerBon tu aurais pu développer ou envelopper la chose,
je te donne à creuser, en spécialise de la sous-vie,
en sous-sol de ton billet,
la tentation du sous-marinage
la vie, un grand mystère
une pierre ronde et lisse
sans odeur, ni saveur
dense contemplation
des signes comme des traces d’insectes sur le sable
grave rencontre
des mots comme courant incertain,
point de concentration
des pensées-ricochet fondues au bleu du ciel et de l’eau
alchimie du cœur et de l’esprit
Homme sable
RépondreSupprimerpeau de grains
amarré arène
nouvel animisme
déminéralisé
nombre agglutiné
les uns les autres
enfoncés engoncés
quelques-uns
à rouler aux
larmes de mer
- les vagues -
voient
et le trouble
- j'aurai pu, mais entre la cuisson du repas et la clope du soir, temps court. En dehors, temps court (tu connais ces périodes de rush...). Je ne voulais pas perdre le fil, à trop attendre de jeter pour enrober. Voilà, jeté, déjà passé. Sous-vie, ou vie, simplement. Vie arraisonnée, sans doute. Là n'est jamais assez encore pour moi. Mais du moment que ça nous va. -
On s'est trompé.
RépondreSupprimerEt tu l'écris bien
et je t'ai lu
5/5
:-)
Merci Lidia, vous êtes trop bonne (avec moi).
SupprimerVous êtes ce qu'on pourrait appeler une "concrétisation du plaisir du partage".
(parce que parfois, on s'demande...)
Justement hier, quelqu'un répondant à l'invitation sur réseau social à la parution d'une plaquette : "désolé, je ne pourrai être présent, passez un bon et agréable moment". Oui, parfois, on se demande si les gens voient vraiment ce qu'ils ont sous les yeux...
Bref, au plaisir partagé,
à tantôt !
"l'ecrivaillerie semble être quelques symptômes d'un siècle débordé" écrivait déjà montaigne
RépondreSupprimer"l'ecrivaillerie semble être quelques symptômes d'un siècle débordé" écrivait déjà montaigne
RépondreSupprimer"l'ecrivaillerie semble être quelques symptômes d'un siècle débordé" écrivait déjà montaigne
RépondreSupprimerC'est trois fois dit, nous n'accordons plus de temps pour vivre.
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