lundi 16 septembre 2013

Un mot sur

On ne lit plus. C'est pas vrai. Les meilleures ventes de l'été 2013 sont décrochées par Nabila et ses phrases. Des Guillaume Levi et Marc Musso publient de façon régulière, voire effrénée. Mais il y a le sentiment qu'on ne lit plus. D'ailleurs souvent quand on lit, on lit mal. De travers. C'est à dire de biais, mais aussi même du début à la fin, les mots ne sont pas compris pour ce qu'ils sont. Je ne comprends pas moi-même le tiers de ce que je lis. On lit mal. On sur-lit.
On écrit mal aussi. Pas uniquement syntaxiquement. Lexicalement aussi. On emploie des mots pour d'autres, prêtent des sens et bien souvent, omet ou déforme des sens de mots. On troque des mots nouveaux, dans le vent, éventés, contre de vieux mots désormais désuets. On sur-écrit. On lit mal, on écrit mal.
On ne s'intéresse plus à la politique, ou mal. Toutes les semaines de nouveaux rebondissements, la majeure partie ne concernant la patrie. Juste la petite grande vie de figures. D'apparentes lois soulevant de fausses questions masquant mal leurs allures de cache-misère. Parce que les questions reposent sur de mauvais fondements. Mais tant que l'homme n'a pas véritablement besoin de survivre, pas suffisamment faim, on sur-politique. On politique mal.
Vit-on mal ? On vit. L'homme connaît des alternances de survie et de vie. Et quand une partie connaît une trop longue période de vie, il oublie ce qu'est la survie. Et la vie ne le satisfait plus. Il se crée une sur-vie. Une vie dessus la vie. Plus besoin d'attendre une vie après la vie. Étrange période que celle où beaucoup quitte peu à peu la vie et entre peu à peu dans la survie, tout en courant après la sur-vie.
La sur-vie, qu'est-ce ? C'est une vie distendue, distanciée de ce que devrait être « naturellement » une vie ( non normée, chacun en a son idée, mais basée de raison ). Et cette sur-vie est le point où tendre à se rompre le cou. Vendue comme désirable. Ce qui fait qu'on la désire. Le mécanisme de la violence et du désir étant mis à jour, plutôt d'en faire profiter, on s'en sert pour créer du profit. On montre une image d'être à atteindre, avec ses accessoires, ses attitudes. Seuls ceux qui en ont les moyens s'y baignent jusqu'à miroiter eux-mêmes, les autres s'éclaboussent maladroitement et se donnent l'illusion de l'illusion des premiers. On sur-vit, balbutie à sur-consommer.
De ceux qui veulent prendre du recul sont perçus d'arriérés à vouloir trop regarder en arrière, soit d'utopistes à vouloir voir plus loin. On sur-vit parce qu'on doit voir cela. A s'en remplir, encore d'idées, d’artefacts creux. On sur-vit parce qu'on veut le voir, et nous le montre. Faudrait-il ne plus voir ? Voir par soi-même. Il faudrait arrêter de sur-voir. Il n'y aurait plus aucun sens à regarder. Il y aurait la place pour voir ce qui est. Et trouver quelque équilibre.
En attendant, voici sans doute un billet mal écrit, qui sera mal lu, parlant mal d'une politique mal comprise, sur des vies mal cernées et des hommes mal encadrés. Un sur-billet pour ne pas dire grand-chose, consommé immédiatement, et chassé immédiatement.

8 commentaires:

  1. que nenni ! Très bien lu :)
    Bon tu aurais pu développer ou envelopper la chose,
    je te donne à creuser, en spécialise de la sous-vie,
    en sous-sol de ton billet,
    la tentation du sous-marinage

    la vie, un grand mystère
    une pierre ronde et lisse
    sans odeur, ni saveur

    dense contemplation
    des signes comme des traces d’insectes sur le sable

    grave rencontre
    des mots comme courant incertain,

    point de concentration
    des pensées-ricochet fondues au bleu du ciel et de l’eau

    alchimie du cœur et de l’esprit

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  2. Homme sable
    peau de grains

    amarré arène
    nouvel animisme

    déminéralisé
    nombre agglutiné

    les uns les autres
    enfoncés engoncés

    quelques-uns
    à rouler aux

    larmes de mer
    - les vagues -

    voient
    et le trouble



    - j'aurai pu, mais entre la cuisson du repas et la clope du soir, temps court. En dehors, temps court (tu connais ces périodes de rush...). Je ne voulais pas perdre le fil, à trop attendre de jeter pour enrober. Voilà, jeté, déjà passé. Sous-vie, ou vie, simplement. Vie arraisonnée, sans doute. Là n'est jamais assez encore pour moi. Mais du moment que ça nous va. -

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  3. On s'est trompé.
    Et tu l'écris bien
    et je t'ai lu
    5/5
    :-)











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    1. Merci Lidia, vous êtes trop bonne (avec moi).
      Vous êtes ce qu'on pourrait appeler une "concrétisation du plaisir du partage".

      (parce que parfois, on s'demande...)

      Justement hier, quelqu'un répondant à l'invitation sur réseau social à la parution d'une plaquette : "désolé, je ne pourrai être présent, passez un bon et agréable moment". Oui, parfois, on se demande si les gens voient vraiment ce qu'ils ont sous les yeux...

      Bref, au plaisir partagé,
      à tantôt !

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  4. "l'ecrivaillerie semble être quelques symptômes d'un siècle débordé" écrivait déjà montaigne

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  5. "l'ecrivaillerie semble être quelques symptômes d'un siècle débordé" écrivait déjà montaigne

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  6. "l'ecrivaillerie semble être quelques symptômes d'un siècle débordé" écrivait déjà montaigne

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    1. C'est trois fois dit, nous n'accordons plus de temps pour vivre.

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