Bon, ben voilà. Ouep, voilà. Ben.
L'insomnie a eu du bon. Elle a pris du
temps, un espace à l'intérieur. Déplacer un part de soi, en soi.
Pas trop loin. Juste assez. Juste assez pour réordonner. Ou
ordonner, tout court. Ordonner un immense bordel en un autre. Pas
mieux ranger. Clair, autrement.
L'insomnie a permis de penser, penser à
réécrire. Et réécrire. Puis d'ouvrir une fenêtre, un passage. Un
peu ailleurs. Ça fait un an là, à quelques heures.
Et beaucoup de choses ont changé. De
place, un peu. De peu. Que je peux regarder. Vu que tout est posé,
ordonné. Parfois je retrace, déroule l'archive. Kitsch un peu, tout
de même. Mais bon. Je me permets, ça fait un an.
Un peu plus que je pose sur des bouts
de papiers, un peu partout, n'importe quoi. Pas n'importe quoi.
D'abord ce qu'il fallait. Il en a fallu. Un travail. De mise en
abîme, ironiquement. Se mettre en abîme. Histoire d'en sortir.
Sortir des histoires, accessoirement. Non, pas en accessoire. Ça a
été un travail, l'ordonnancement. Il venait de loin. Du loin des
nuits dans la nuit. Dans les nuits sans nuits.
Et quand je déroule, et recule, je
vois bien que des choses ont changé. De place. Un peu. Déplacer.
Les mots mêmes ont changé. Il reste
ces thèmes, et les mots qui vont avec, ou pas. Quelques façons de
voir, donc de coucher, et ces autres qui ne sont plus. L'écriture a
changé, ce qu'elle raconte a changé. Enfin, si peu pourtant. Elle
ne raconte que ce que je raconte. Et ce chemin en parti. Et ce partir
sur un chemin. Se récupérer. Faut bien. Fallait bien.
Un peu comme le lecteur. Certains sont
restés, depuis presque le début. Celui qui lit, c'est un peu celui
qui te tient la main, après que t'as écrit. Parce que tu sais plus
trop quoi en faire. Elle te gêne. Elle attend. Alors t'es bien
content, quand même, que quelqu'un passe, et en lisant, te tient la
main, la serre comme un bonjour, un assentiment. Même si en fin de
compte t'aurais écrit quand même.
Et il y a ceux qui passent, ceux qui
arrivent, ceux qui flânent, passent une fois. Saluent parfois en
passant. Comme toi tu passes par ci par là, ailleurs.
Je me suis souvenu récemment pourquoi
j'avais écrit. Ces fois-là. Un enfantement nécessaire. Il faut
bien en tisser, des fils, faire la corde, pour partir en cordée.
Puis avec le temps, tout ce temps qui se déplace, les mêmes raisons
que les autres, à peu de chose près. La nécessité. En quelque
sorte.
Vrai, en somme, le bilan n'est pas
dégueu. Subjectivement. C'est pas mal, ces déplacements, en fin de
compte. Les mots des marées viennent d'un abîme, et se rendaient
droit échouer sur la grève, ventre à l'air. C'est déjà quelque
chose. S'échouer ventre à l'air. A plat, sans plus de recoins. Ces
angles. Mis à plat. Ils viennent toujours des abîmes, mais à
présent, j'y ai pensé, quand on m'a demandé, il n'y a pas
longtemps « Les mots des marées, c'est quoi en fait ? ».
J'y ai pensé. C'est con. C'est kitsch aussi. C'est le monde. Celui
qui ne se voit pas, ou qui se voit justement. Qui ne se dit pas, ou
qui ne dit pas. Disait pas. C'est un monde parallèle sur un méridien
de réalité. C'est une part d'une certaine réalité. Mouep, une
distanciation de soi par rapport à soi. On ne parle mieux que de ce
qu'on connaît. Ou croit ou cherche à connaître. Ce n'est que moi,
et tant pis.
Quand je regarde, j'en aurai réussi à
mettre, des mots au kilomètres, de mots à distance, tissés. Pour
remonter. Parce qu'il y en a eu, des kilomètres. Des marches chaque
jour ou presque. Réussir à aller au devant, à l'avant. Il n'y a
pas que les cors qui tiennent au corps.
Je sais qu'il en reste plein. Je suis
content de ceux-là. Je peux les regarder. Bien en face. Je peux
pointer chacun sans baisser les yeux, comme je peux lever les yeux
maintenant.
Tu sais, ces mots, ils m'ont tenu la
main, avec d'autres. Je commence.
Oui, je commence à tenir les
longueurs. Je tiens aussi aujourd'hui la longueur d'une main
graduelle. Une qui grandit, vers la vie en même temps qu'elle me
promène vers ma mort. Mais c'est bien, tu sais. Il y a des largeurs,
et quelques largesses, sur les longueurs. Et celle-là, elle en
demande du temps, que je déplace-là, maintenant. Surtout.
Sur la longueur, il y aura d'autres
choses, encore, sûr. Je sais bien que rien de sérieux ne peut se
projeter, parce que l'ordonnancement, c'est de l'urgence. Que
j'habite à présent certaines longueurs, et que d'autres ne sont
qu'au début. J'aime bien déjà ceux-là, les chemins tracés sur
cette plage, ces plages. Oui, j'aime bien, et sûr, y'en aura
d'autres. J'y retourne souvent. J'y retourne toujours. C'est jamais
pareil. Toujours un peu, mais jamais.
Comme j'appris à desserrer le poing, je commence aussi à savoir le serrer. Sur la longueur.
Comme j'appris à desserrer le poing, je commence aussi à savoir le serrer. Sur la longueur.
merci à ceux qui passent, ceux qui laissent, ceux qui délaissent, ceux qui ont fait que, qui font que,
à dire comme ça, mouep, c'est bien celle-là qui le vaut.
le jeu des mots de leur agencement tu tiens bien la longueur et tu occupes aussi la largeur Un an ? bon nini versaire ET à la notre ! tu es les Mots moi, je suis bernacle visiteur, la place est bonne je m'y accroche même si je ne suis pas tjrs visible à cause des Marées
RépondreSupprimerOui, à la nôtre, et aux autres,
RépondreSupprimerje vais prendre garde à ne m'étaler, les places à occuper, ça n'est pas mon fort.
mais suivre le courant, ça, un œil sur le tracé, l'autre à la marée,
on s'apercevra...
Amitiés !
"C'est jamais pareil. Toujours un peu, mais jamais"
RépondreSupprimer...Et l'on revient au quotidien goûter et respirer vos textes et vos poèmes. C'est iodé à souhait. Vous savez dire les mots ! Comme déjà dit ici maintes fois, continuez, continuez ! Happy birthday and many happy returns...
ps 1
vos poèmes sont comme la baie de Canche. Tout est dit, je crois, je ne peux me dévoiler plus.
ps 2
dites-nous, les photos qui illustrent sont-elles toutes de vous ?
Merci, et je valide, c'est vrai, vous revenez souvent (ah, la joie curieuse des statistiques !). Et de la première heure en ce qui vous concerne !
RépondreSupprimerJ'ai bien compris l'image, et suis bien d'accord. J'ajouterai la baie d'Authie, mais en moindre mesure (petit apport d'affect à mon tour)
Oui, les photos sont de moi, comme indiqué en bas, tout tout en bas du blog ;) (sauf sur le texte La croisée des pas, où je suis [encore] dans l'incapacité de me dupliquer ;) )
T'as grandi Petit ! Les problèmes de croissance, la poussée des dents, les variations de taille, les tailles du crayon, le changement de calibrage, rien n'y fait, tu croyais nous semer, il va falloir encore nous supporter !
RépondreSupprimerheureusement que j'ai passé l'âge de l'acné, mon dieu (qui s'en fiche) !
RépondreSupprimeret vice verso, mais moins recta, quand on passe au recto, faut remettre les choses à l'endroit (si si, je me comprends, et toi aussi !)
A tantôt virtuel !
et merci ! ( - la confiance en soi passerait par la confiance de l'autre ?... - [fausse question])
Supprimer