comme si tout s'emboitait sans effort
comme si toutes les pièces découlaient d'elles-mêmes
comme s'il n'avait pas besoin de rabot, de lime, de papier à poncer
comme s'il ne fallait rogner aucun angle, ni arrête
comme si les mains étaient exemptes de coupures, brûlures, ampoules
comme si le corps, dedans, dehors, ne fournissait aucun effort
comme s'il y avait une notice, un modèle
comme si tout était facile, rapide, sans réflexion, sans erreur,
comme s'il en avait toujours était ainsi
comme s'il ne fallait jamais changer de pièces
comme s'il ne fallait jamais refondre une pièce
comme s'il n'en manquait jamais
comme s'il ne fallait faire sans certaines pièces
comme s'il ne fallait jamais extrapoler un peu, imaginer, inventer
comme s'il ne fallait jamais risquer, échouer, recommencer
comme s'il ne fallait aucune crasse ni sueur, aucune odeur
Le puzzle, c'est un jeu
c'est un jeu long et guerrier
une ébénisterie où l'on monte
une marqueterie patiente
des bouts de soi et d'autres en
perdant des bouts de soi et d'autres
la pièce finale n'existe pas
pas plus que de cadre en bois
et ça y va, et ça ira
j'aime bien travailler le bois
et ça y va, et ça ira
je suis le fil
puis on verra
ce qui restera
des dix
doigt
Ce poème me plait beaucoup, cher Cédric.
RépondreSupprimerMerci à vous, je l'avais proposé en publication, il y a plusieurs semaines, et sans réponses, je le pensai oublié, preuve est que finalement non, ce qui me va très bien.
RépondreSupprimerPublication en impromptu, toujours un grand plaisir de le découvrir ailleurs (plus ou moins) par hasard...
Bien à vous