Je ne pose plus la
question, à quoi bon ? Résoudre le comment est déjà bien
étrange. Dans les rues, les cafés, les cours..., au volant, aux WC,
dans la cour, la ruée, le café, au PC, dans le carnet, un bout de
papier. Avec ou sans, les points, poings, pointillés, point y est,
et même l'idée, avec ou sans. D'avoir commencé, recommencé, on y
prend goût, d'arrêter, reposer, on y prend goût. Sans savoir où
cela mène, si cela mène, les bouts de nez sur les lignes, les bouts
de doigts à la ligne, des doigts en feuilles jaunies, cornés.
Jaunis de tabac et de temps passé. A ce que les yeux brûlent. Ah ce
que les yeux brûlent.
Le petit texte, le petit
rassemblement. Des instants dans un moment, des instances
d'indispositions à disposer. Aux dépens. Tu me suis ? Et la
dépendance. Il me faudrait rassembler. Moins assembler, moins
ressembler. Je m'en suis aperçu. De n'avoir ces quarts d'heure juste
à cela, juste à rien. Pouvoir poser, sans reposer les yeux. C'est
ceux-là qui écrivent. Et qui ont besoin de rêver, de ne plus
bouger pour mouvoir. Avoir ces quarts sœurs pour modeler les fonds
en formes. Ratisser. Qu'ils puissent retomber. Que je puis être
frère. Et moi. Je ne pose plus la question. Si cela mène, mais où
se mène ? Il faudrait rassembler plus que cela, visiter à
nouveaux, remuer encore les traces dans le sable pour ajuster le
chemin, ajuster la ligne du rivage, toucher au tableau. Laisser voir
la vision. Cela mène-t-il à cela ?
On en parle, un peu,
doucement. Ce serait à faire. Ce serait affaire. De délaisser les
fils pour tisser les mailles. Se mettre à tendre la toile et y
appuyer la couleur. Il arrive d'en avoir l'aperçu. Une fulgurance
derrière l’œil. Qui n'existe pas. Qui le pourrait. Une fulgurance
qui a corps au dedans. Et qui attend. Qui pousse aux parois. Crève
les membranes pour sortir. Crève de ne pouvoir sortir. Il faudrait
rassembler. Les instants dans un moment. Un instant d'enfantement. Se
mettre aux dimensions. Mais révéler les facettes. Admettre le
miroir. Qu'il reflète, et les autres dedans en soi. Savoir qu'il n'y
a peut-être pas de reflet. Que la mise dans l'abîme. S'abîmer
encore les yeux. A ce que les yeux brûlent. Ah ce que les yeux
brûlent.
Regarder devant le rictus
qui dit poète. Railler ce rictus. Et quoi ? Et puis ? Et
les dérivés, les dérivations. Encore se faire ramener à. Comme
s'il s'agissait d'une espèce. On en dit bien la particularité, et
l'extinction. Se faire amener à. Exposition encore. Foire. Cage ?
Avec un prix. Code barré. Voir déjà un peu où cela mène. Le
maudit c'est des conneries. Pourtant il effleure, il affleure, même.
Dans la prédisposition de l’indisposition. Dans l'à-côté
d'être. Dans la vie de l'autre. Dans l'égoïsme du partage. Dans la
claustration animée. Dans sa fragilité ferme. Il est pour l'autre.
En étant seulement soi. Et la juste dose d'injuste pour les deux.
Mais il n'y a rien,
suffisance de projection. Que la première ligne blanche de la route
sur la feuille. Il faudrait échanger le crayon pour le pinceau, pour
se faire poète. Transformer le rouge des joues, transformer le rouge
des yeux en encre noir. Mais il n'y a que ces flirts de
semi-écriture, des sursauts d'électrons, de déplacements atomiques
qui n'explosent pas, qui infusent tout au plus. Des satisfactions
instables.
Je sais qu'il faudra.
Mise en pression, à sentir, démentir, y tremper lèvres après
avoir racler la mousse, l'écume. Fracturer d'avec le fantasme et
réaliser. Ne plus maintenir. Laisser derrière pour la première
fois. Tu me suis ? Accepter la paternité d'un abandon. Et sa
vanité.
Comme si l'aboutissement
pouvait être un emboutissement. Un embourbement. A nouveau ce
sectionnement nécessaire. Cesser de s'émouvoir pour voir peut-être
d'autres s'émouvoir. Cesser l'incertitude pour l'incertitude. S'en
remettre à ces autres scènes qui percent aussi vers dehors. Et leur
inconsistance. Miser sur les scènes assoupies. Miser sur ce qui
dort. Jouer à nouveau. Jouer encore. A la gestation. Indéfiniment.
Lassablement.
J'en sais qui ont dormi
longtemps, que tu sais à présent. J'en sais qui dorment encore.
Qu'il y a des tableaux dans les miroirs. Qu'il faudrait les peindre,
les prendre pour les abandonner. Au risque qu'il n'y ait plus rien
après. Il y a d'autres cloisons à démonter à remonter un peu plus
loin de soi. Des cloisons creuses qui cachent, qui ne cachent pas
grand chose. D'autres atomes de l'échec. D'autres fulgures d'échecs
à réussir. Mais d'abord, échouer là. Là où rassembler les yeux
abîmés. Là où les yeux brûlent et les doigts jaunissent à
vouloir équarrir les couleurs en noir et blancs.
Magnifique texte !
RépondreSupprimermerci !!
RépondreSupprimerAligner les mots, les effacer, douter, encore et encore, se taire, s'éloigner, oublier, mais y revenir toujours, car l'impérieux besoin est là.
RépondreSupprimerJ'aurais aimé avoir écrit ce texte.
merci Annel'eau, et bienvenue en ces bords de mer
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