Le
fait d'être devenu littéralement impotent depuis quelques semaines
amène à ces deux mots trop aisément proches : panser et
penser. Sur la remarque d'une sale année, je n'ai pas identifié les
événements tels des épreuves, ni même des étapes. Ils arrivent,
nous surmontons, et si ce n'est remarquablement, plutôt comme il
faut, surtout nous convient. L'immobilisme forcé met en lumière la
kyrielle d'activités et de travaux simples qui sont devenus
mécaniques, un devoir passionné dans l'engrenage anodin du
quotidien. Somme toute l'impression d'insignifiance et d'absence
d'actes propres à l'être se trouve violemment contredite par la
succession de quotidiens à présent contrariés. La roue s'est
arrêtée, et sur les crans je ne peux que voir ce que je ne peux
plus accomplir. Indubitablement ce que j'ai accompli. Devant la
décomposition de cette chair qui m'a taillé les entrailles au sang,
me réforma temporairement à ce même état de décomposé, devant
la tuméfaction de ce qui me tient mais ne peut plus me supporter,
amendant les répits projetés, couché cela s'est levé. Je me suis
toujours accordé de faire seul, de me faire seul. J'ai toujours cru
que je ne devais ce que j'ai qu'à moi-même. Je n'ai pourtant jamais
eu goût aux études. Je n'ai pourtant jamais souhaité prolonger
l'hérédité. Je n'ai pourtant jamais voulu me lier. J'ai goûté la
facilité de l''autodestruction, j'ai prolongé l'aversion sourde qui
m'a engendré, j'ai détaché tout ce et ceux qui pouvaient me tenir.
Et néanmoins aujourd'hui je me trouve à regarder ces pourtant
défaits et le chemin fait sur lequel je ne suis immédiatement
capable de marcher. Capable de marcher sans toi. Tous ces actes, ces
accomplissements qui mènent à soi sont un je duel. Sans cette force
de femme au bouclier qui t'es propre je n'aurai su et ne saurai
remplir l'envahissement de ce vide dont toi seule a l'aperçu et la
mesure. Tu pares à la fois la dérive et la quille sur laquelle je
ne suis qu'un être raté qui n'accomplit qu'à tes côtés. Je
flottais l'instant d'une condition particulière, exceptionnelle et
ne l'inventais telle. Elle est tout aussi éloignée d'une prouesse
romanesque que d'un article de la mort. Mais elle résonne juste à
l'onde de notre vague. Il y a sur notre route un acte manqué, à
réaliser. Alors après toutes ces années, moi qui ne fais que par
ta main, je te la demande enfin.
Première dédicace pour un plâtre ;)
RépondreSupprimerUne pièce de collection !
L'unique pièce...
"ne mettons pas sous la gorge à Cupidon sa propre flèche" commençait GB dans sa chanson...
RépondreSupprimerBlessé ? Impotent ? Pourquoi se lier alors ? Deux blessés ?
A bientôt,
Hervé le dervé.
Je relis ! Cela paraît un peu vache ma remarque (tout juste divorcé!), mais non, vraiment, chouette texte, chouette projet ! "J'aime l'acte manqué à réaliser".
RépondreSupprimerBon jour,
RépondreSupprimerCe n'est pas une déclaration, c'est un réquisitoire sur soi-même.
Jouer aussi carte sur table et avouer à l'être aimé toute sa puissance,
Et sa faiblesse, à cœur chaud crucifié, à la seule raison d'anathème,
Pour s'ouvrir sous un nouvel horizon, à deux, et créer une naissance.
Max-Louis