Bon, je trouve finalement ridicule de distiller et découper ainsi le texte. Horriblement moche aussi. Ça ne se lit pas. Ça ne se lit pas comme ça. Alors en ce dimanche blanc, voici le texte dans son intégralité :
Une once de peau
Tu voulais vivre dans le noir mais refusais la nuit. Nous
avions pactisé ne pas faire de promesse, à l'impact ça partait
déjà de travers dès avant le premier biaisé. Nous nous sommes
injectés sans savoir une bulle d'air dans les veines du temps,
pensant seulement y planter un crochet une suspente où s'accrocher
l'infini de l'instant accrocher nos peaux mortes et nos morts, et les
revêtir en ressortant. Ils n'oublient jamais.
C'était sans compter les trous ajoutés à chaque dérive,
ces espaces vidés qu'on ne peut cacher par la pénurie de plis. La
vivacité du derme nous nous la découpions pour mieux en découdre
les baisers, une tendresse une pression une brûlure le brûlot de la
bouche entre les doigts qui ont leur cœur qui bat. Un peu comme des
baisers de vent ça t'emprisonne ça se prend se sent mais sans
prises. Un manteau de vent dans lequel il fait froid.
Nous aurions tout tendu tout tenté pour masquer notre nudité
alors que de l'autre il suffisait l'épaule pour se décrocher des
mondes entiers. Et quand de la leur de leurs épaules nous prîmes
les coups bien plus loin qu'au corps, les accrocs empoignaient encore
leurs fils entre les situations et les circonstances, les culs entre
deux chaises en déséquilibre immobile. La tête du monde n'y tenait
plus même sous le bras.
Nous l'avons bien vu tourner le mobile de nos lambeaux sa
perpétuelle cinétique qui ne nous menait pas loin, même un peu
cynique, et nos lumières au travers qui éclataient ses morceaux.
Fallait-il les rassembler il a fallu sans se baisser sans s'abaisser
après ce que l'on s'était juré tu m'as fait jurer de ne pas me
retourner. Éviter de piétiner des restes de soi.
Va savoir qui qui est parti qui reste, va reconnaître les
faux départs le faux des pas, je n'ai jamais relevé que les
kilomètres au compteur et les mètres carrés du véhicule qui m'a
vécu lorsque nous avons traversé les débris de ce mauvais manège.
Les morceaux je les laisse et les yeux barbelés même fermés
rappellent parfaitement ce qui est griffé.
Déjà plus que nus les croix portées sont des sutures que
l'on aura dessinées, et derrière tout cela il y a la chair qui
croît et le battement continu, au mauvais grain ça revient, ça
ravive. Les fuites en avant à deux sont plus chaudes que les retours
en arrière. Ils elles ressemblent à un hiver. C'est qu'il fait
froid d'être écorché de toi. Il n'y a plus que des doigts pour
cacher, ceux les mêmes là qui servent à pointer.
Elle se rappelle, la caresse que nous avons ébréché dans sa
lame. Elle nous a taillé des sourires gravés dans les os. A présent
si l'on me souffle dans les bronches j'ai le corps ocarina qui joue
l'air de toi. Nous avons échangé nos yeux. A présent les miens
sur les couleurs que l'on n'entend pas, les couleurs qu'ils
n'entendent pas. Le regard ça s'apprend pas ça se prend, comme tu
me donnes du corps par ta pression tes incisions.
Quand
je sors l'absence de ma couenne sécher sur le banc, il ne faut pas
longtemps pour que je l'aperçoive. Il est là tous les
jours l'oiseau sur son poteau à faire le piquet la piqûre de
rappel, à rappeler que transparents, on ne nous en regarde que de
travers. Je m'en fous si mal que ça, que j'entends chaque jour dire
l'oiseau qui n'est jamais le même. On regarde comme on se rappelle,
de travers.
Rappelle-toi que transparents nous n'en avons pas moins le
regard qui transperce à intercepter les lumières et tous ces trous
nous ont rendu photophore de l'autre. Du dehors on n'en voit que les
ombres saillir les érections agressives. Pourtant c'en serait
rassurant. Pourtant voudrait-on que ce soit rassurant.
Tu refusa la bougie il y avait trop d'ombres sur la peau pour
attacher la matière, et cette histoire de molécules pour t'en
séparer. Paraîtrait ainsi le sentiment est sécable pour le moins
miscible dans la larme, ça s'est vérifié. Le temps qui n'était
pas pour nous ne nous a pas cru nous a ravalé, et des deux patères
que nous y avions suspendu nous a planté sans s'y retourner.
Après ça après tout cela, les faux départs le faux des
pas, je ne suis qu'un tissu de mots. Tout ce que j'ai c'est de la
force de mes bras, c'est la force de mes bras, la faiblesse du poing
nié. Sans possession permission n'être que l'attribut de mes
obsessions. C'est dans la paume de la main la paume du crâne tout ce
que j'ai c'est toi. Habillant les sapes d'un manteau de vent.
Je ne dirai jamais plus rien que dire, je dis sans promesse
juste dire la force des mots dits la force dans les mots les mots qui
figurent figent le tissu cellulaire dans entre la doublure de
mensonge, et la braguette de songe à relever quand il fait un peu
froid la force de leur absence. On apprend apprend-t-on n'est-ce pas.
Vaisseau et sève qui est qui le mot l'enveloppe et toi le
contenu et toi l'épaisseur le temps de l'écriture l'écriture dans
le temps la rature le tendon à l'os mais que ronge alors ? Ce
n'est qu'un tissu de mots qui ne savent pas se dire dire disloqués
qu'on y voit à travers, qui ne tient pas chaud, ce n'est que les
mots des autres qui tiennent chaud. Entre deux paroi isolée,
économie d'économie passée à l'économe.
Blocs de voix voix rauque de vent des poumons de vent de
poumons à vieillir peau de rides. Est-ce la peau le mot qui se
replie ? Glisser le doigt entre les lignes et y lire lire le
recoin le creux sentir le fin la doublure tannée derrière, s'y
heurter l'impression les traits du racloir les traits noirs signes
encodage frontière se heurter devant au derrière. Les sillages
comme des ornières.
Longer passer la frontière comme un mur à abattre comme
battre soi et quand s'effondre retombe le tissu de mots il y a encore
le mot passé à l'économe fer repassé. Faut-il un plus gros
couteau dégrossir encore le film la finesse ? Passe ça passe
déjà au travers, ça ne perce pas l'opacité c'est de la lumière
éteinte dans la lumière, le fil a la couleur de la réfraction la
couleur de la rétractation. Savais-tu qu'elle avait un goût.
C'est que ça laisse filer autant que ça renvoie qui perçoit
c'est déformé on ne connaît que ça, on ne voit que la déformation
qui n'est plus que la forme et quelle forme alors ? Elle a aussi
un poids. On ne peut quand même pas porter ses mots, on ne peut
quand même pas porter ses mots sur le visage sur le corps on ne peut
pas se dénuder comme ça.
Il en faut du tissu et des lames pour le tailler texture
texturé texte urée absorption et déjection on ne sait plus d'où
vient le travail si c'en est un une la peau du chagrin quand je me
nappe dans la peau de mots c'est toi qu'elle recouvre la peau de
chaleur de mon absence. Dis qu'est-ce que je bave ? C'est pris
dans le filet.
On n'a pas compris comment ça commence et l'exactitude de la
finitude. C'est un tissu sans fin déroulé d'en haut il s'enroule au
bas oui au bas mot au bas du mot le pied de la lettre la fin c'est un
autre début et tout ça... Suis-tu comme je suis ? Comme on
s'est suivi ? On était, toujours, ça a été aurait. Sûr
qu'on se garde à vue la laisse.
Passé de travers on tient chacun son fil par le même bout
touche et boute où peut-on et tire chacun dessus. Ça semble
toujours trop court pour se dévêtir ça manque de corps. On revêt
et même ce qui ne revêt pas est porté avec soi tire on tire on
tire tire à vide. Je tire les mains vides de fil à tenir et les
pieds mouillés des laisses.
Ces trous dans les phrases ce qu'il nous manque de ponctuation
sont ce qu'il nous manque de souffle, ce qui ne peut se reprendre la
fin que nous n'aurons pas eu les trous de nos peaux nos demi-mots
entiers. Nous nous retournons, sans rien dire. Comme nous nous
retournions sachant être la question éphémère. Sachant l'autre
plus que soi, sans rien dire, obligés de chercher à présent qui
est soi.
s'étire
se retire
se tord un peu
se retire
s'entend
sourde
n'ourde
s'ourle
tord un peu
l'autre
son œil
pourtant
reste
là
dans sa
pauvre
peau
de mots
à mesurer
ce qu'il
en
reste
C'est un texte magnifique, il devrait être publié.
RépondreSupprimermerci (beaucoup),
RépondreSupprimeravis à l'éditeur !
pour l'instant, il ne le sera pas par moi.
dans tout les cas, heureux qu'il ait eu écho en vous,
salutations
Alors une suggestion peut-être - pour plus tard, si l'instant n'est pas le bon moment - à défaut d'un éditeur, il existe de nombreux sites internet de financement participatif.
RépondreSupprimerOui, Cédric, c'est un texte superbe et frissonnant. (Il est vrai qu'il est plus lisible dans son entièreté). Bon courage et amitiés.
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