Il y a ces textes écrits
pour le plaisir d'écrire, et ceux qui relèvent plus d'une
nécessité. Il y a ceux que l'on visualise en tant que « produit
fini », c'est-à-dire dans l'écrin de ses pages, les mots
noirs sur les pages blanches, ivoires. C'était le cas pour C'est
le matin que l'on grandit. Comme
une graine qui germe l'image de l'objet se dessine peu à peu.
L'objet qui vient achever le texte, le finir. Il y a ces textes qu'on
conçoit ainsi intérieurement de bout en bout. C'était à la fois
implacable, et un plaisir. Pas de jouer à l'éditeur, l'imprimeur,
le libraire, ni l'auteur d'ailleurs. Mais c'est quelque chose de voir
aboutir une (des) pensée(s), avec les traits exacts auxquels on
avait pensé.
Il
y a d'abord l'idée, puis le travail de création. Celui de mise en
page. Les impressions intermédiaires (quand on est un peu handicapé
comme moi, pour abstraire et agencer le livret 3D sur la 2D de
l'écran). L'intercale des photographies. La recherche du support,
les tests sur les différents papiers. C'est aussi de cela pour Le
cas Leleu. Il était
intérieurement conçu à peine la fin de sa rédaction. Quoique
j'avais imaginé le papier un tant soit peu plus jauni. Mais pas si
facile de mettre la main sur du papier bouffant. Mais c'est important
de faire (du moins essayer) quelque chose d'une certaine qualité.
Alors
qu'importe s'il est accessible à la lecture sur le blog. Tant mieux
d'ailleurs. Tout ce que j'ai écrit, ce qui paraît sous une forme ou
une autre, ici ou ailleurs, passe d'abord sur les Mots des Marées.
Je
sais que ces deux livrets
n'auraient trouvé éditeur. Je me suis rendu compte véritablement
du parcours que suit un manuscrit avant parution. Qu'il faut
énormément de patience, et de chance, aussi. Je n'ai pas envi
d'épiloguer ni sur l'un, ni sur l'autre. Seulement ces deux
« textes » n'ont à la base pas un format correspondant à
ce qui peut se faire couramment. D'ailleurs, la publication m'a tout
autant occupé qu'amusé. Autant que de les écrire. L'important est
là, d'abord, adjoint au sentiment qu'il leur fallait une
« existence » palpable, de corps.
J'aime
écrire. « Si l'amour est un opéra, il doit rester comique ».
Mais je ne m'amuse plus. Cela tourne en rond. Les sujets trop
prégnant, trop obsédant, qu'écrire, les écrire ne suffit plus à
chasser. Ça commence à friser un pathos que je n'aime pas.
Vous
êtes quelques-uns à connaître, en tout ou partie, mais très peu,
à connaître le texte Une once de peau.
Un texte qui a demandé beaucoup de temps, de travail. J'en avais une
idée précise, il m'a fallu beaucoup de temps pour l'atteindre. Un
peu comme une idée de la poésie, une idée de l'être. Bah ouais,
je sais aussi être prétentieux, des fois (ou souvent, mais de toute
façon, il n'y a personne pour le dire). Je pourrai dire comme un
connard (ou pas) que c'est l'idée que je me fais de la poésie.
Ce
qui est sûr, c'est que c'est aussi un projet que j'ai visualisé de
bout en bout, jusqu'à l'objet livre lui-même. Un format sur le
modèle de C'est le matin que l'on grandit,
sur papier bouffant, avec une alternance de texte sur du 80 et du 210
grammes. Du 80 grammes pour certaines pages, que l'on puisse voir en
transparence quelques photos issues de la série Text-Urée,
pour ceux qui la connaissent. Les photos sur du 210 grammes bouffant,
parce que le rendu est beau (pour moi). Mais tout cela demande trop.
Trop de temps, d'énergie, d'argent.
J'en
et j'y reviens. Il n'y a plus que peu de plaisir à écrire. J'ai
peut-être trop écrit sur un trop court laps de temps. Va savoir.
Je suis plutôt content de l'aventure, n'ai pas honte des 800 et quelques articles parus ici pendant ces trois ans (déjà 3 ans ce mois-ci, oui). J'ai pu croisé pas mal de gens très intéressants, qui m'ont ouvert des horizons, des portes, et même leur porte. Pour grande partie, je leur en suis et resterai très reconnaissant.
A présent, le plaisir coince véritablement. A l'habitude, quelques jours
et le manque survient. Mais là... Il y aurait même plutôt de la gêne. Donc je renonce au projet de
monter moi-même Une once de peau,
même s'il me paraît être celui qui devrait être, plus encore que
les précédents. Par contre,j'en diluerai les paragraphes dans les jours qui
suivent, du genre un par jour. Comptez une vingtaine. Je voulais pour une fois faire le plaisir de l'inédit, mais ce n'est pas bien important, après tout. Puis ensuite,
on verra.
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