Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
A marcher trop prés du bord
Il avait les pieds sur terre,
Il a voulu naviguer,
On l'a vu prendre la mer.
Il s'est vite fatigué.
Le brouillard près du rivage
A brouillé tous les visages.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Et les étoiles du nord.
Grisé d'été en hiver,
Le printemps s'est fait automne,
Traversant les neufs enfers.
Embrassé par des fantômes,
Usant de tout son courage,
Tibère a pris bien de l'âge.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Sûr, il s'est créé des tords.
Jouer au pirate, au corsaire
Ne fais pas un loup de mer.
Face au feu ferme le phare,
Et le gouvernail s'effare.
Du butin aucun partage,
Les vagues ont fait le ménage.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Plaisir, désir et trésor.
Loup pourtant dans les manières,
Une plaie sur le poitrail,
Il n'en reste pas moins fier :
Point de frontières ou portails,
Il entend l'appel du large
Et y déverse sa rage.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Et les voiles se perforent.
Sur la peau, tatoués les crocs,
Il en a mangé du sable
Et reprisé des accrocs,
Sur un quai abordable,
posé son sac de voyage,
Semé des plumes au sillage.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Et même couché dehors.
Le vent n'est pas démocrate,
Plutôt de caprices emprunt
Il a mis à nu les strates,
Nu Tibère sous les embruns.
Retenu par les cordages,
Tibère songe aux temps sages.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port,
Va passer par dessus bord.
D'ouest ou du nord sans nouvelles,
Il prend la route des nerfs :
Aux pieds, à l'esprit des ailes
Pour s'emmener à la mer
Boire la coupe des mirages
Et y solder son courage.
Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port,
Un jour nouveau va éclore.
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