dimanche 26 août 2012

Lettre à B.



Fin mai ce ne sont pas mes clefs, ni mes lunettes (ce sera pour plus tard) que j’ai perdues,  mais ma tête.
Un mardi matin, sans crier gare, elle m’a lâchée brusquement. Il est vrai que, depuis pas mal de temps, quelques mois, elle ne tournait plus très rond, battait de l’aile, enfin, était en perdition.
Mais de là plier bagage si vite, si lâchement…

Il y eut des départs, des retours, des silences.
Il fallait rassembler tous les petits bouts de moi égarés, éparpillés.
Echouée, seule, sur la plage, je retournais aux sources, à mes racines. Les pieds portaient, arpentaient les chemins, traçaient leur sillon jour après jour. Mais rien ne bougeait en dedans, rien ne prenait corps.
Les journées étaient rythmées par les coups de fil inquiets et suppliants qui me taraudaient et les textos amis, fil d’Ariane qui guidaient mes pas, évitaient l’égarement.
Pourtant la tentation du courant salvateur fut grande !

Retour halluciné, départ début juillet sans laisser le choix, un sauve-qui-peut qui ne voulait pas s’avouer.
Alors, j’ai cherché sur la plage ce petit caillou rond et lisse, pour toi, mon amie.
J’ai fait cette quête comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort parce que tout foutait le camp, que plus rien n’avait d’importance.

Le 9 juillet vers 20 heures, mes parents sont venus, j’ai compris de suite, ne pouvais que répéter « Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible… »

Fin août, le caillou est encore dans son enveloppe avec une fleur séchée et deux brins de bruyère.
Bientôt, Bella, à la terrasse d’un café à Bordeaux, je te donnerai l’enveloppe. Tu l’ouvriras et tu caresseras avec toute ta délicatesse, du bout des doigts, la forme lisse et ronde en disant : » C’est exactement celui-là que je voulais… »

                                Mimizan, le 27 août 2012.

Christine
  

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