mercredi 29 février 2012

Les nuits jeunes

Je me souviens de la départementale qui circulait entre les champs
de ces phares éteints, les lignes blanches aveugles
de la lumière ronde de la lune, la fenêtre ouverte
Je me souviens de ce brise-lame, et la brise marine
du vertige grisant sur l'avancée dessus les rochers
le courant faible et le tonnerre de l'érosion en action
sans frémir et sans périr, sans frémir et sans agir
faisant parti, un

Des Labeurs terrestres I

La terre absorbe sans effort les reliquats de nos vies
c'est à l'extraction qu'on en paye le prix.

mardi 28 février 2012

Des lignes


Des esquifs, des esquisses, des bouées. Une, deux lignes lancées du quai. Parfois la prise d'une raie, d'un rai, un sens saisi, revenu dans l'encre et la brume. Pour des tonnes de plombs lancés, couchés, échoués. Cloués sur des planches, rongées par le sel, des restes d'instants et des écueils, des écailles reflétées. Derrière le gris des mines, les vagues grises, incliner la tête et refléter des lumières éteintes ou ténues. Tenir la canne et sortir une seiche. Sécher sur le quai, le pied trop ancré pour retrouver, se retrouver. Et patienter, revenir, replonger, ressentir sous la ligne la vibration, remonter, reposer. Reposer la ligne, l'abandonner et laisser flotter puis dériver. Renoncer. Reprendre. Sur les mailles élimées, lier de nouvelles lignes, tisser deux courants et tenir le tirant. Reprendre le mot pour ce qu'il est. Vider, écailler, tanner le reste d'instants, d'écueils. Actionner des verbes pour poser une inertie et la rappeler à la souvenance, car le sable marche et ne trace pas. Des croix sur le temps. Sur du temps. Senser la marche et saisir le sable.

Important

Le retour chez soi

- le retour en soi -

Du discours

Dédire n'est pas uniquement revenir sur le dire,
ce serait mentir.
C'est aussi emplir d'un nouveau dire.

lundi 27 février 2012

Du gardien

Calme tu soliloques
un langage ancestral
évocation magique
dans l'aube spectrale
Sans rancune
interrompu
tu hisses à la hune
un regard rompu
à la science d'accueil
et tu renfermes
grâce d'orgueil
le jour en germe.

Décennie

Le sens de l'expression
''C'est un bon jour''
en l'espace d'une décennie
s'est inversée, révolution,
d'apache à fermier.
Je suis laboureur.

dimanche 26 février 2012

Important

Le partage du jour

De l'insensé

Tout principe de vie se base sur celui de création. Insensée la vie de celui qui ne crée pas...

L'engagement



Tu ne peux pas piger, tu ne peux pas penser
Ce schéma de panser, ce triangle d'attaque,
Pas un joujou extra, car quand tout autour craque,
Ça ne fait pas boum, non, car quand tous autour huent,
Je n'ai à opposer qu'un silence engagé,
Un silence que très peu supporte d'écouter.

Souviens ! Nous sommes chiens, et bien plus, un bestiaire.
Afin de consoler, de combler nos lumières
Nous cherchons des images, de rapides pixels
Pour détourner nos yeux fatigués, infidèles,
Tous nous assourdissons le ciel de bips, de sons
Afin de n'entendre le vide du plafond.

Tu peux pas le piger, tout juste l'observer,
Cette capacité à tendre vers dehors,
A ne pas attendre d'être ainsi absorber
Par le monde et le nombre ainsi rejeter hors.
Sur la face lisse du silence engagé,
Les emprises glissent et te font enrager.

Souviens ! Nous sommes loups, et plus, une misère.
Afin de contourner nos vaines conditions
Nous cherchons des rivages et des fugues corsaires
Pour encore y croire et tromper la perdition.
Face à ton absence je ne peux qu'opposer
Le vide matériel du silence engagé.

Face à leur présence je ne peux qu'ériger
Le mur immatériel du silence enragé
Face à ton absence je ne peux qu'opposer
Le vide matériel du silence incliné.

samedi 25 février 2012

Lustre marin

Régiment blanc
sur le blanc sale
des cieux cernés
quarantaine en paire
d'ailes atones
droites circulaires
tornade lente
suivant le rouleau
vertical et chaud
du courant aérien
perdue lointaine
fusion indolente
dans le plafond
vers les mers reposées
labours engourdis
fusion indolente
qui éclaira l’œil
en plein jour

La prochaine fois



Adieu, encore
A tantôt ou tard
La prochaine fois.
On va prendre l'air,
Et puis on verra.
On prendra des airs
D'une mer changeante.
Ça vient et repart,
Comme une marée
Érodant les pieds.
Ça baigne la tête,
Borde les pensées.
Et parfois fait chier.

Adieu, encore
A tantôt ou tard
La prochaine fois.
On va prendre l'ère
Nouvelle des fois
Qu'elle nous arrive.
On prendra le large,
On n'en mènera
Pas large, pour sûr,
On s’emmènera
Ou pas c'est à voir,
Ou chacun sa part
De l'autre avec soi.

Adieu, encore
A tantôt ou tard
La prochaine fois.
On échangera
Des pas, des sommets
Des printemps dunaires.
On changera peu
D'ici à là-bas.

vendredi 24 février 2012

Coccinelle

Cinq points rouges flottent dans la brume légère et rosée de la ville assoupie
cinq coccinelles suspendues, immobiles, sans ailes vibrantes
elles attendent le matin, elles luttent contre l'évanescence, été perdu
dans la douceur de l'hiver
observant le défilé rapides des lumières jaunes, blanches
elles disent, attention à la grue...

Celui qui brandit

l'enfance comme un fer de lance, dit qu'il n'en veut pas. Pourtant, ils représentent son pain, son rire, son attendri.
Sous ses allures de Pan, il rassemble autour de lui toute une bande d'adultes perdus mais pas paumés, prêts à jouer les apaches au premier chant du coq. Toute une bande de grands enfants qu'il parvient à essouffler.
Sous les masques qu'il adore et arbore, il dissimule l'importance de son humanité et joue la comédie comme un tragédien. C'est solennel, le rire. C'est sa tragédie, le rire.
Il ne prête pas son oreille, il te la donne, sans manquer de moquer bienveillant que tu portes alors trois oreilles. Puis il t'ouvrira la porte de cette façade qui cache un nombre insoupçonné de pièces magiques.
Mais là où il ne joue plus, paradoxalement, c'est sur scène. Il transporte l'autre dans ses cordes. C'est sérieux, la guitare. C'est sa maxime, la guitare.
Dans le fond, pour beaucoup, celui qui ne veut pas grandir, a peut-être le dévouement d'un frère, et qu'il le veuille ou non, a surtout la grandeur d'un père.

jeudi 23 février 2012

Important

L'épaisseur de l'écran.

Parole maîtresse

Au quotidien, le talent consiste à commencer
par une majuscule et à finir par un point.
Suspendu entre les deux, ça n'a que peu
d'importance.

Hors les murs

 
Passer des années à arrondir des angles
pour faire parti des murs
rester blanc impeccable
s'étaler, s'éclater, éclabousser
trépasser en salaud, faire tâche
être trépané indélébile
débilité marquée sur la face
marcher de travers, porc sur le grill
en se cognant dans les angles
non plus maquillé dans un coin
porter la marque et lever le front
faire front, scarifié salaud
face à la jetée, ne pas se jeter
et danser sous les embruns
et danser sur les marées
 

mercredi 22 février 2012

Dialogue : Le cuir de la main.

peaufiné au geste
parcheminé au temps
vélin sensible
témoin de nos lignes
de vie
possibles

 calé à l'effort
épaissi à la pelle
conforté au corps
se réchauffant d'elle
en combattant
d'impossibles

à l'impossible
la main rassure
au possible
la main accompagne
caresse le cuir
fait de ses grains
peau
à chagrins

fait de ses grains
de vaines sculptures
des édifices de sables
fait de ses grains
peau
à chagrins
à câlins...

jolis grains...

dans le sombre
de -la croisée des pas-,
c'est bien de ressourcement,
de reprise de soi qu'il s'agit...
Les quelques grains
que je garde au fond
 de la poche,
pour me rappeler
la mer trop lointaine...

on l'a à l’œil,
n'est-ce pas ?
toujours au coin de l’œil,
ça sent bon l'air marin
ça aide à respirer...

au nez
à l’œil
au cœur
aux tripes
les sveltes mouettes
la couleur de l'iode
l'infinité des plages
la résistance à l'urbain
la grandeur fragile des falaises
les parties de soi
la résistance ensemble
la construction des ponts
pour franchir les terres noires
et retourner blanchir au sel de la mer...

De l'hygiène


L'on peut toujours travailler à sa liberté
se dénuder de ses dépendances
ôter le voile de l'envie du besoin
découdre le besoin du nécessaire
j'aime à sentir dénudé
cet habit qu'est l'autre sur mon corps
qui colle à la peau avec déraison
cette autre qui m'habille
et me donne l'épaisseur
le mensonge de l'inscription dans le temps
autonome, il y a des dépendances
que l'on cultive et nous consistent
et je peux marcher nu et libre
si ton regard couve mes pas
et si je parviens à me défroquer
de ce truisme effiloché
c'est qu'après tout
je ne suis qu'un homme

mardi 21 février 2012

Lassitude épidermique

J'y vois les premiers plis
pas encore creusés
tout juste tracés
ce voile ce matin
obscurcissant l'aube
un rai d'écume sale
accentue le trait
Jouons la marée
pour polir les marques
et garder les rides
et la naissance

Important

Le premier barreau

La moisson

Suivre les lignes blanches
Les chemins balisés
J'en ai gagné ma place
Les mégots roulés main
Des soleils pleine face
Des couteaux dans le dos
Les coteaux en déchaînent
Des mers de lin, de blé

Mordre les lignes blanches
Les chemins hérissés
J'en ai perdu ma place
Des mégots plein les mains
Les aubes sans aubaines
Les plaies du corps rythmées
Les pieds tout prêt du bord
Des mers de blé fauchés

Fouler les lignes blanches
Les chemins harassés
J'en ai payé ma place
Cuba au creux des mains
Cuba est démocrate
Des couchants pour s'échouer
Ce triptyque pour dire
Te dire une moisson.

lundi 20 février 2012

De la variété

La politique n'est qu'une variété publique de la pédagogie.
Chacune manipule son public pour l'amener à un point bien défini
sans qu'il en est forcément le sentiment d'y être guidé.

Crise, crisons...

De novembre à aujourd'hui, si peu de changements. Cela a un goût de déjà vu pour certains, pour d'autres, il y a peu ou prou de cynisme ou de pessimisme. De février à quelques mois, voire plus loin, quels changements ?


Je ne demande qu'un petit effort, celui d'une lecture consciente. Pas d'adhésion, ni critique, ni invitation à un quelconque engagement moral ou d'acte. Juste la capacité de partager une constatation, voire un sentiment.
Du bas de mes pauvres vues, et de la piètre conscience que je puis avoir des faits et de l'ordre mondial, il y a comme un clignotant dans le brouillard, faible et fluet, qui turlupine mon regard. Sans faire étalage de la situation actuelle, que tout à chacun à cet instant connait ou presque, nous traversons une nouvelle période de crise économique historique, et par conséquent sociale. Cette dernière est liée, comme les précédentes (liste non exhaustive : 1929, 1974, …), aux contingences des mouvements boursiers, du jeu d'un nombre restreint d'individus aux prérogatives bien trop importantes pour être concentrées en si peu d'avidité de pouvoir et de richesse. Mais passons, il ne s'agit pas d'un plaidoyer anticapitaliste.
Les brises de protestations s'élèvent, doucement, voire doucereuses, des mouvements d'indignés, des avis partagés, quelques mouvements sociaux, et globalement une insatisfaction générale et purement occidentale. Chacun voit fondre ses acquis sociaux presque aussi vite que les glaciers de l'Antarctique, son ''pouvoir d'achat'' stagnant au mieux, voire plus fréquemment en baisse face à l'inflation des prix, bref, le ''coût de la vie'' augmente, devient cher. Mais depuis quand la vie devrait-elle avoir un coût, ou plutôt depuis quand a-t-on accepté de payer pour vivre ?
Oui la vie devient difficile. Nous payons sans cesse, c'est un fait. Nos aïeux se sont battus pour obtenir des droits sociaux que l'on pensait acquis. Mais ces droits ne sont-ils pas aller trop loin ? Les ''pays développés'' n'ont-ils pas trop profiter de ce confort, jusqu'à en perdre le sens qu'ils avaient lorsqu'ils furent obtenus ? A trop tendre la corde de l'arc, il se brise. Alors oui, ce n'est pas juste de ne pas être payer lorsque l'on est malade, parce que l'on n'a pas choisi de l'être et que l'on a le droit de se soigner, mais il ne s'agit pas de faire une liste de tous les dysfonctionnements émergents et ceux à venir, mais de décentrer un tant soit peu de ces préoccupations pour regarder un peu ce petit clignotant que j'ai éludé depuis le début.
La crise est une affaire occidentale, mais dont les vagues viennent aussi lécher et éroder les pieds des autres populations. Nous voudrions maintenir une certaine ligne de vie, en incorporant des notions de développement durable, parce qu'il faut être politiquement correct et appartenir à son époque, nous acceptons des ''efforts'' en fait imposés, qui en fin de compte servent plus à maintenir une ''note'' et un engrenage bien établi auxquels de toutes leurs forces s'accrochent, ou plutôt se pendent quelques individus sus-évoqués.
Alors nous éludons, en dehors des sacro-saintes fêtes, les populations décimées de guerres civiles et vaines, de famine et des maladies que l'on croit disparues chez nous. Ils ne nous apportent de toute façon tout au plus qu'une réduction d'impôts de part notre don annuel, voire une conscience tranquille si l'on fait parti d'une association militante. Les plus débrouillards finiront bien par échouer dans les jungles en périphérie de nos foyers, à profiter de la grâce alimentaire de quelques hors-la-loi (oui, il est interdit de nourrir ou de loger un sans-papier). Mais cessons là le pathos, je poursuis.
Alors nous éludons les sociétés qui depuis leur établissement vivent sans les devises, sans les acquis sociaux, mais aussi sans laisser de traces, dans les traces du développement durable (En Terre Inconnu est un exemple de vulgarisation de ce qui est ici évoqué). Alors certes cette vie peut être plus difficile, sans électricité courante, parfois de maigre pitance, avec un système de santé plus chamanique qu'autre chose... Le malheur et la misère frappent-ils, ou plutôt frappaient-ils ces populations ? Étonnamment non, et pas si étonnant que cela. Mais ne devons-nous pas tirer les enseignements de nos pères et de nos pairs ? Comme si le tout puissant homme blanc, pardon, homme moderne était incapable de concilier le meilleur de ses avancées avec le meilleur du mode de vie des sociétés dites finalement péjorativement primitives.
Alors pleurons nos misères, nos factures et nos fractures, cherchons du jeu et des applications nouvelles, convoitons la dernière technologie superfétatoire, contractons des crédits afin de nous acquitter de notre participation à l'effort national, ou tout simplement pour avoir un meilleur Noël que notre voisin. Payons notre voiture, payons le droit de la conduire, payons le carburant pour la faire avancer et par la taxe, payons le droit de payer ce carburant (c'est marrant, ça marche aussi avec le logement, les loisirs, la santé, et même le travail dis donc...).
Car il est bien plus facile de rester sur ce que l'on connait, courir après une certaine idée de l'ère moderne dont en fin de compte de moins en moins de personnes profitent, et ce, ce qui tout de même abracadabrantesque, au détriment de ces sociétés qui n'ont jamais demandées à être incorporées dans ce nouvel ordre sociétal. Donc ce qui survécut de façon autonome et séculaire, et là j'étends de la dimension communautaire aux écosystèmes, a un prix véritablement moindre que les évolutions occidentales abrasives et insatiables. Peu nous importe somme toute les considérations relatives aux modes de vie autonomes, la perte de traditions et de savoirs ancestraux, les poumons de notre planète et sa richesse végétale et animale.
Nous emplirons nos cerveaux de médicaments, et nos poumons d'huile de palme, équipés de lunettes 3D qui nous projetterons soit dans un ''monde meilleur'', soit dans le souvenir de mondes qui furent, mais dont si peu eurent conscience. On remerciera l'Unesco d'avoir cataloguer ce que nous laissons souiller et dissoudre. Nous nous satisferons du jeu en courant après le pain. Parce qu'il est tout de même plus confortable, même ruminant à propos de ses dysfonctionnements, de rester dans cet ordre connu, où se désagrège ce que devrait véritablement être la vie : la conscience de ce qui nous entoure, la sagesse et le savoir d'en profiter, et l'enseignement de cela à nos enfants.

dimanche 19 février 2012

Lever l'encre

Quotidiennement arracher
une part de sa voix, son langage
se séparer d'un informe
comme d'un fiel, d'un ciel
Se désolidariser, perdre
jusqu'à sécher, ancre sur papier.

Renaissance

Après la crevaison hebdomadaire
déchirant la glace de rigueur
la trille salue les traits nouveaux.

samedi 18 février 2012

Du chien et du loup

"Tu vois  / il y a l'histoire de ce loup / qui se laisse apprivoiser / civiliser / Et puis il y a l'histoire de ce chien / qui retourne à l'état sauvage / qui se libère dans la forêt / et moi je préfère / la seconde histoire / même si ma vie / ressemble de plus en plus / à la première / ..."

Thomas Vinau, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, 2011, p. 23


Et si l'oscillation entre ces deux histoires ne se marquait pas d'une façon définitive, ni temporairement inscrite de façon remarquable. Qu'il s'agissait d'un équilibrisme constant entre ces deux états où l'individu préserve la santé de son être et de ce qui l'entoure en sachant passer de l'un à l'autre selon que l'environnement, le tréfonds lui demandent.  Marcher à pas de loup sur un fil, dessus un chenil. Des bras tendus dans l'effort continu, des bras tirés où l'équilibre demande parfois de s'écarteler.
Plus l'urgence de trancher pour le croc. Celle de se servir du croc, ou pas. Toujours malgré tout l'appel pressant, l'oppression. Et le soulagement aussi.

Des brumes

Si je regarde assez loin
je peux la voir
l'iris de ses vagues
qui m'ont appris
le goût du gris.
Si je tends l’œil
suffisamment
au-delà décentré
je peux l'entendre.
On s'apprivoise
avec les brumes.

vendredi 17 février 2012

En voile


Au matin frais et clair mettre les voiles en vue
Vers l'ouest et revivre sur la route, les rues.
Plein de spiritueux, tabac et plein d'essence,
Tous les besoins primaires à en soi satisfaire,
Effacer les routines et les déroutes rances,
Changer les formules contre un vent somnifère.

Les départementales alignent blanches lignes,
Rejoignant les oiseaux de mer vers la marée
Tous se suivent par dessus les champs longilignes,
Jamais aucun arrêt de plus d'une journée.
Anonyme en ville mais en retour la vie
S'adresse et redresse les sourires servis.

Dans les périphéries, un passage obligé,
Se rançonnent en tribu l'histoire des cités.
Les façades alignées racontent les passants
Plus qu'elles ne dévoilent la vie des habitants.
Les vieilles enseignes côtoient les néons froids,
Les regards de travers et les pavés rudoient.

Sur les murets les chats sirotent les soleils,
Chaque couchant change de parking, de falaise
Et sur tous les pays on trouve les vermeils
Comme en chaque lèvre ces conformes foutaises.
Kérouac avec Thoreau accompagnent l'errance,
J'ai déjà perdu Knulp dans un coin de la France.

La Bretagne ralliée, le réservoir vidé,
Je peux enfin toucher les avancées ridées.
Le tabac presque froid n'l'est pas autant que toi,
Le soir tombe déjà, je suis seul et j'ai froid.
Le manège des phares affranchit les brouillards,
La nuit tombe déjà, putain ce qu'il est tard.

De l'ambition

Chaque jour plus contraint de baisser les yeux là où on les a ouvert,
Trouver de nouveaux points de fuite pour continuer inlassable
à tracer de nouvelles perspectives, sous peine d'être absorber.

jeudi 16 février 2012

Courants contraires

Lorsque les courants se confondent à cran,
Ils se joignent en vague en un mouvement
S'ébranler entiers sur les crans côtiers.
Les dents absorbent l'élan furibond,
Y abandonnent des pièces calcaires.
Ils lient l'inertie de leur évidence
Jusqu'à l'élever dessus ses sommets :
Les lames éclatées ne sont plus qu'embruns.
Lors la roche sort une gorge sourde.
Et si la voix se trouve confondue
Dans le tumulte, la pensée unique,
Elle se muera en silence engagé,
Sur lequel même le nombre ne peut
N'avoir ni prise, ni poids, ni raison.
Qu'en raconter donc à ceux qui n'entendent
Qu'une réponse, langage invariable ?
Oui, l'eau reste l'eau, mais dites, dites-le,
Dites aux marins qu'une seule mer,
Couleur,un seul vent ou courant les portent :
Silencieusement, dents serrées, ils rient...
Inconnu, d'accord ! Altérité, oui !
Du moment que l’œil supporte le filtre,
Se pare de ses représentations
Bien étanches et bien pensantes...
La Pensée reste les pieds près du bord.
La Pensée très fort se tient au rebord.
Elle est droite, en droit, en inquisition,
Réquisitionne les vues comme siennes.
Quand on ne peut pas parler on se tait.
On se tait oui, mais, mais au moins on sait.
Piètre peut-être consolation certes,
Mais intérieure, à soi souveraine,
En soi supérieure au tumulte, au nombre.
L’a-pic en aplomb ne sollicite pas
A rester debout, il est de nature.
Il ne combat pas, il est le combat.
Alors les courants se confondent en vain,
Ils se joignent en vague en un mouvement
Se branler entiers sur les crans côtiers.
Les dents résorbent l'élan furibond,
Et leur sacrifient des pièces calcaires.
Ils lient l'inertie de leur évidence
Jusqu'à élever dessus ses sommets
Des lames éclatées n'étant plus qu'embruns.

Sur la table

       Dans la mare de la barquette en plastique, la cendre s'est étalée, sous l'effet du dégel. A son côté, le pot de terre vomit ses mégots jusque sur la table vermoulue. Le pot aurait-il résister sous la pression du froid ? La barquette aurait-elle tenu sous l'effet de la braise ? A chacun son vide et son plein.
Quel est le plus sale ?
L'un n'a pas plus de raison que l'autre.

Clair-obscur

L'obscurité matérialise la lumière.
           La lumière excave l'obscurité.
         Chacun donne la valeur de l'autre. 
                           Ainsi, elles se valent bien.


- truisme -

mercredi 15 février 2012

Des tartines

    C'est ça, beurrer des tartines. En prenant un raccourci, certes, mais ça peut se résumer à beurrer des tartines. Choisir l'immédiat, en pseudo-qualité, ou bon marché, ou se donner la peine de faire sa confiture. Doser, équilibrer, goûter, ajuster. Se décider pour la margarine, le beurre, le sel dans le beurre. Beurrer des tartines sans oublier le geste que l'on accomplit, en ôter la banalité et en conserver l'impression, partagée ou solitaire. Presque religieusement. Comme une première fois. Puis, lorsqu'il s'entend, se soigner au pain de figue, s'aventurer au pain de noix, risquer le pain aux céréales.  Manier le couteau, les dents. Racler du doigt, au besoin, sortir le canif. Se décider temporairement pour la baguette, un peu, beaucoup. Gourmander. Abandonner la tranche gâtée car tombée, ou la récupérer, la nettoyer. Lui donner sa chance. Savoir profiter du pain blanc et de ses miettes, en pensant au pain dur. Ne pas reculer devant le pain bis. Connaître le pain noir. Peut-être semer ses propres graines en vue de pétrir, au sein d'un pays producteur qui prend plus qu'il ne donne. Reprendre l'essence d'un geste fondateur, nourricier. Préparer des tartines, puis un jour juvénile, regarder cette cérémonie inaugurée fièrement, généreusement. Se dire que d'autres perpétueront.
    Certainement, beurrer des tartines.
    Le café est fini, c'est un nouveau jour. Je vais à la boulangerie.

De l'amitié

L'amitié ? Une sorte de partouze platonique à durée non définie, où chacun des partenaires ne sait jusqu'où il va se dévoiler et être pénétré par les facettes de l'autre.

Droit de réserve, droit de préserve

    Je dois m'estimer heureux. Je me pensais relativement blasé, apparemment, ce n'est pas le cas. Juste désabusé. Ce doit être lié au fond profondément humain que j'ai le tord de subir encore. Je suis tenu au droit de réserve, de par la profession. J'inciterai volontiers au droit de ''préserve''. Il ne s'agit pas d'une critique, mais d'une constatation froide, quoique un peu à chaud tout de même. Sans m'étaler, je dois m'estimer heureux, et dès aujourd'hui, je compterai les jours, les jours où l'on n'a pas atteint à mon intégrité physique, contrairement à une collègue. Certes, le geste n'implique pas d'hospitalisation, ni arrêt de travail. Mais cela reste un geste physique matérialisant une certaine violence. Si peu d'effets dans la suite. Qu'on ne parle pas des suites possibles à différents niveaux. Pour moult cas, ces différentes dispositions ont déjà nécessité moult dossiers, et moultes heures de constitution. Seulement ces niveaux sont submergés, et par conséquent, étouffés. Nous, devons juguler, prendre des bouffées d'air lorsque cela est possible. S'estimer heureux de n'être atteint dans notre intégrité physique. Et l'intégrité du moral ? L'intégrité morale ? L'intégrité d'être humain ? Peu importe, en fin de compte, il n'y a pas de bleu. Juste la violence de la contradiction des impératifs d'une mission institutionnelle rencontrant l'impunité graduelle du ''j't'emmerde, je fais ce que je veux, où je veux, quand je veux''. Et pourtant, quel droit de préserve ? Qu'on me parle de dispositifs... Qu'on me parle de résistance pour cette institution laïque et égalitaire... Qu'on me parle, qu'on me parle... Ça restera des mots parmi d'autres, des concepts pour aveugler le miroir d'un microcosme reflet d'un macrocosme. Comme si le tempérament était à la passivité, au passéisme, à l'abandon de la liberté pédagogique. Liberté certes, mais pas de celui qu'on croit. Qu'on me parle, on peut toujours causer. Mouiller de façon inconditionnelle sa chemise en observant qui va mouiller le pantalon. Ainsi, je fais prévaloir un droit de ''préserve'', ma préservation. La résistance au sein du corps, contre ce qui se véhicule de façon croissante, contre l'image qui se forge de plus en plus précocement et profondément. Contre un champignon qui nous transforme en espèce en voie de disparition. Une gangrène dans un système sans cesse remis en question. La résistance, oui, mais pour se garder soi, rentrer sans que ce microcosme ne pénètre trop avant dans le cercle privé, dans ce qui m'appartient encore, et que je ne suis pas encore obligé de donner sans conditions, sans que cela soit une attribution de mon poste.  Allez, donc, on verra bien demain si je rajoute une pierre blanche plutôt que bleue, en attendant, je vais cuisiner mes avocats, au sens propre, tant que ça le reste...

mardi 14 février 2012

Plaine mer

    Sais-tu qu'il reste des mers de plaines à traverser, des îlots de bosquets à rallier ? Sais-tu qu'au-delà des bassins de plaisance, il reste des ruisseaux libres, que les essences des forêts sont déjà bien raffinées, qu'il faut nous les protéger. Sais-tu qu'il reste des bosquets de récifs à  parcourir, des bâches à draguer. Il reste tant de futaies à franchir, sur des suspensions raides, pour se blanchir. Il n'existe de province qu'en métropole. Toutes les campagnes se jettent à l'eau. Ne restons pas là, les mouettes sont si silencieuses sur les terres noires et concentrées.


Encore, à chaque cadran, chaque cil, chaque oscillation...

Des rencontres

En marche, croiser les idoles
et s'en illuminer, non pas les enluminer ;
En marche, s'assoir sur les falaises
et s'écarteler, non pas siéger.

Des promesses

Promettre, c'est donner la possibilité de se compromettre.

lundi 13 février 2012

Important

Le cuir de la main.

Honneurs du bonheur

Enfants fiers affranchis des pères,
magnifiés des ministères,
sujets à l'arme et la larme
nous sourions édentés au destin
qu'on passe de gain, de vain,
et d'hypocras et d'alarme.
Ainsi princes méhaignés,
l'abnégation de notre plaie
est la grandeur de notre épée.

dimanche 12 février 2012

Chemins à part

Je n'emprunte plus les chemins
Où le soir l'on s'était rejoint
Où le soir la lune fidèle
Venait nous apporter des ailes
Et s'employait en réverbère
La conscience pour tout cerbère
Les enfants se tiennent la main
Ils ont peur, ils oublient demain

Il manque une part de soi
Elle est trop mince la part
Qui me reste de toi

J'en emprunte de ces chemins
Où le jour au soir se rejoint
Où le soir la lune fidèle
Vient apporter sa ritournelle
Et s'emploie comme lampadaire
Dressée en conscience sévère
Les enfants recherchent des mains
Ils ont peur, ils voient à demain

Que peut-il manquer, à part soi ?
Elle est trop mince la part
Qui me reste de toi

Cité de sève

A prime
quitter le foyer
l'effusion chauffée
entrer humble
discret, déplacé
aux portes de la cité
ouvrir les yeux
passif, effacé
face au peuple
agité, bigarré
offrant sans retour
l'émulsion rodée
équilibrée autour
des deux tours
ensommeillées
que sont ces frênes
enchantés de tant
de fébrilité plurielle.
A prime
c'est l'heure volatile...

samedi 11 février 2012

Important

L'humain dans le miroir.

Des yeux

Le cyclope a ceci qu'il voit droit devant lui.
Le borgne a ceci qu'il voit de travers.
Le bigleux a ceci qu'il ne voit qu'à travers d'autres yeux.
Le louche a ceci qu'il voit mal partout.
L'aveugle a ceci qu'il ne voit que ce qu'il touche.
Celui qui a les yeux en face des trous a ceci qu'il n'en voit pas forcément le fond.
Mieux vaut parfois avoir les yeux fermés.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faille s'empêcher de voir.

vendredi 10 février 2012

Celle qui reflète


    Empreinte les reflets des demeures adorées. Elle brille sans concéder à la lumière, effarant parfois les fenêtres. Elle porte sur elle les heures du jour et les humeurs d'amour. Sans emphase, sa féminité voile, maternelle, son berceau, soutenu par deux colonnes faussement enfantines que drapent des tissus taillés dans des nappes de repas du dimanche.
    Elle est l'empreinte du palpable du songe vécu. Elle reflète les facettes du miroir de mes personnes. Sans son teint pour m'y mirer, sans son teint où se heurtent et prennent consistance les parts de l'existence, l'écho de mon vide se renvoie de parois en parois. Pas plus de bon que de mauvais, elle permet à chacun des moi d'être, les tendant à devenir.
    Elle est la sortie des écumes, des brumes, et l'entrée des bois et le faîte du labeur des parfums. Devenir son miroir tour à tour, nous nous reconnaissons, sombres et scintillements, maturation et déliquescence. Celle qui reflète est l'essence de l'aube et de son cheminement.

Des rondes blondeurs

Sans plus figurer d'orbite,
tu tires sur la nuit
une couverture d'étain clair.
Un linceul pour couvrir
des traces
de crimes et d'outrages,
des aveux déglacés
de vin vitreux.
Le lin seul pour couvrir
les carcasses de jour
sans retour.

jeudi 9 février 2012

Des blondes rondeurs

Gyrophare satellite,
tu alertes la nuit.
Ongle blanc à minuit,
tu rougis de ces heures
passées, dévoilées,
volées du regard.
Au matin, joue sanguine,
tu avoues à demi
le crime que la glace
tait.
Éclair graphite
qui s'évanouit
à l'heure lumineuse,
On en reviendra
à l'heure du loup
s'en raconter,
toi,
des cris nocturnes
moi,
des outrages du jour.

Important

La démesure du degré.

Important

 La peau de l'ours.

mercredi 8 février 2012

Important

      La place du gel.

- ne pas geler sur place -

Du bonheur partout

Relance actuel du moral,
nouvel investissement
peu onéreux.
(L'argent ne fait pas
le bonheur, ni les présidents).
le bonheur semble-t-il s'apprend.
Pléthore de conférenciers et de séminaires.
Quitte à jouer les écoliers,
que ce soit en laborantin :
Alors expérimentons,
plutôt que de suivre
une pseudo absorption passive.

Cynique ? Cynique.

Celui qui connait et fait l'énonciation avec humour d'un fait,
ou celui qui connait et fait la dénonciation avec humeur du premier ?

mardi 7 février 2012

Important

aimer le sucré


- goûter le salé -

Digestes digues

Si j'en reviens toujours aux mêmes lieux, je n'y puis rien.
Je suis des marées.
Il est des digues dont il faudra bien des heurts pour les dépasser.
A accorder trop de crédit à la Science, il est des dettes dont il sera difficile de s'acquitter.

lundi 6 février 2012

Engagement domestique

      Bien entendu, Inspecteur, des dispositions ont été prises.  Le pelage a été taillé, et la crinière est nouée. Oui, cela aussi, les griffes ont été coupées, ça n'a pas été si difficile que cela à faire. Les crocs ? C'est bien plus problématique Inspecteur, c'est génétique, nous n'y pouvons pas grand chose. Mais je vous rassure, tant qu'il n'est pas dans la lune, cela n'a aucune incidence sur son travail.
Bien entendu, il est sous surveillance, ils le sont tous, n'ayez aucune inquiétude là dessus. Il n'y paraîtra rien. Il est bien des manières de contrer la nature, nous suivons naturellement les directives officielles. Vous pouvez être conforté dans l'idée que tous, lui y compris, seront rigoureusement conformes, conformément à l'esprit en vigueur. L'initiative est un penchant pervers quasiment éradiqué au sein de notre institution, et les factions résistantes sont en passe d’absorption. Ce n'est qu'une question de temps. A court terme, ce ne sera qu'un vague souvenir historique noyé au sein d'autres du même acabit. Les rapports en seront rédigés en ce sens, soyez-en assuré et rassuré.
 Au plaisir, Monsieur l'Inspecteur.
Se supporter est déjà une bien grande entreprise, qu'il faille de surcroit porter en soi l'espérance d'autrui en surcoût.

Important

Les pleurs de la faim

- la fin des pleurs -

dimanche 5 février 2012

Teinte

Sur le pâle visage
fugace ressenti
d'un reste de nuit
trainée aquarelle
de rose sans pétale
qui s'étale et se fond
bientôt dans le gris
des yeux diffus

samedi 4 février 2012

Religieusement

C'est bien ce Bouddha assis
Replet et repu
Sans dents tout sourire
plein et épanoui
qui me rappelle
pourquoi suis-je
et suis-je debout

Régulière absente

De toute température et augure
inlassable mobile
elle se présente sans carnet
d'avancée ou retirée
d'inspiration changeante
comme d'humeur
d'homme ses pas
roulent constants
et inconsistants
et reviendra demain
accompagnée
de nouvelles empreintes
en nouveau peintre

Après

J'aurai voulu écrire
En employant des mots
Qui aurait pu offrir
Des visions de bateaux,
Des galets, de la mer,
Tant d'images éculées
Un peu niaises et amères.
Les mots acculés
Ne veulent plus décrire
Ces tableaux bucoliques,
Ces échappées de rire
D'un temps mélancolique.

Une part à l'arrachée
Un départ à l'arrivée
On voit enfin cet après
Et laisse aller les marées.

J'aurai voulu t'écrire
En déployant des mots
Qui avait pu offrir
Un tas de trucs très beaux,
Des refuges en hiver,
Des flopées de sentiers
Où marcher de travers.
Ces mots pourtant entiers
Ne peuvent plus décrire
Les sereines paniques.
Il y a trop de rires
Devenus mécaniques ;

Chacun sa part arrachée
Quelques restes à l'arrivée
On voit enfin cet après
Regrette-t-on les marées

J'aurai voulu en rire
En oubliant les mots
Qui aurait pu décrire
Un peu plus que des maux :
Des ballades à la mer,
Quelques moments volés.
Mais passée la frontière,
Plus de mots contrôlés,
Ne pouvant plus décrire
Ces trop-pleins faméliques.
S'il n'y a plus rien à dire,
Conservons l'ironique.

Une part à l'arrachée
Quelques restes à l'arrivée
On voit enfin cet après
J'en regrette les marées...

vendredi 3 février 2012

Du temps

Mademoiselle nuit se marie
Elle cache ses yeux ravis
Sous l'apparente froideur
D'une dentelle ciselée
Dont les plis recouvrent
Le moindre endormi
Au premier merle
téméraire
De franchir le pas
Et la déflorer

Des voix

Je ne peux entendre ma voix que si je la confronte aux autres sons, pour ce, je me dois d'écouter ces autres sons. Je me dois de tendre à connaître ces autres voix, pour savoir ce que la mienne raconte, pour ce, elle doit se renouveler au son des autres voix. Si elle n'a qu'une seule corde, elle n'a qu'un seul son, un seul son équivaut à un silence, perverti. La musique a besoin de plusieurs notes, plusieurs notes ont besoin de plusieurs cordes. La voix nécessite de se confronter aux variations, elle prend son ampleur dans les intonations et les variations. Le monocorde est un retour au non-son, le monocorde assourdi. Je ne peux me contenter de la surdité, moi qui puis être entendant. J'emploie ainsi les voix et ma voix à l'entendement. Je suis la voie des voix. Je peux déployer l'être à la musique, et être.
- Que dis-tu ?
- Oh, si peu de choses...
Il m'entendit, je suis, je suis sur...

Important

La divergence qui nous rapproche

Important

l'amplitude et le vide du poignet

jeudi 2 février 2012

Important

Le boire du verre

Important

Le vert du bois

La croisée des pas

    A l'aube du repos, l'esprit épuisé ne peut pourtant que puiser dans l'espoir de la retraite ascète. Comme les diurnes aux canines sanguines, c'est dirigé par le radar que l'on part. Il faut prendre garde à ne pas se retourner, pour ne pas regretter d'abandonner ce que l'on a laissé, ce sera bien là au retour. Et si c'est laissé, c'est aussi qu'il n'était pas nécessaire de le saisir, le conserver. Il faut voyager léger, la pensée lourde pèse déjà, elle fait traîner le pas du marcheur.
    La perspective du repos permet d'appuyer les pas, de repousser le sol sous le pied, et avide nous attendons l'oubli et la vie.
    Fi des avis, des amis ; feu les amants, les amours. Seule la marche esseulée, solitaire saoulera l'esprit, l'étirera vers les idées libérées.
Point de date, d'adresse, plus de chiffres, de codes, d'enregistrement, fin de l'anonymat républicain. A venir les croisées des chemins, les croisements d'inconnus à connaître, de verre à échanger et de bouches à échancrer. A venir le non-connu pour l'inconnu. Restons léger. Bien un jour viendra le retour, bien demain peut-il attendre.
Attendre aussi les technologies, et s'étendre hors du bitume, tendre loin des trottoirs les pas et les regards, très loin vers l'ouest, par delà le rivage, au delà des nuages. Voilà la communication du verbe, du silence. Je te croise, tu passes. Je te salue, tu m'accueilles. Et les godillots sécheront près du feu, et les larmes s'épancheront après la bière.
    Puis si la route s'isole, se fond loin des bruits et des lumières, les cieux s'ouvriront, milles dents pour parler de tous les jours, de tous les temps, depuis qu'il est compté. Silence sera fait sur le suivant, et c'est bien ainsi ; car pourquoi danser si la chanson est chantée, pourquoi improviser si la note est unique. Il y aura bien des possibles, des sentiers, à torturer les mollets, à aller se fatiguer encore les yeux et les godillots.

Bientôt des gardes à baisser, des lèvres à baiser, des verres à vider, des pensées à évider. Bientôt, et le repos pour ne pas demander quand, pour ne pas truquer le jeu, débouter le plaisir.

Et sur le chemin s'égrenneront les cors et les poids, se délesteront les douleurs et les peines.

Si la langue s'assèche, le sable râpe la talon, la pluie détrempe et l'humidité roidit, il n'y a de désert infini, de dune infranchissable, de mousson perpétuelle. A la tempête le dos rond répond, et le repli nécessaire. Patience, dont on a fait un nom. Patience, dont il est condition.
Les routes se ressemblent à la fin toutes, tout en étant propres, irisées de leurs passions et autres déceptions. Point de jugement que le sien, l'arrangement ou l'accommodation d'avec sa conscience. Encore faut-il être conscient. Et voir.
J'ouvre les yeux et je vois.
De légères brumes, des brouillards à s'échouer sur les récifs, parfois des cieux d'azur pâle. Et la mer qui appelle et cet arbre qui la regarde, planté séculaire sur ses racines abîmées. Chacun des orages l'incline un peu plus sur la falaise, néanmoins toujours il se redresse, plus haut la vue, l'air il tend.
S'il choit, aux vagues il se donnera, s'il se foudroie, aux cendres retournera, s'il meurt de sa vie, d'humus deviendra. Mais toujours à la terre se rendra, qu'importe la raison. Le vagabond peut-être se souviendra, de cet arbre qui tendait les bras, écartelé du nord à l'ouest. Il repensera aux branches qui l'ont abrité des intempéries, des fruits qui l'auront nourri, des histoires que son écorce lui auront narré, des mots que ses feuilles lui auront susurré.
Il éprouvera la chaleur et la douleur de ce souvenir, et se dira « c'est bien ainsi ». Car il sait bien que cet arbre fit ce qu'il put, et il le comprit, et il l'aimait juste pour ce qu'il était. Le marcheur avait conscience peut-être de la vacuité, mais surtout de la beauté. Cela lui suffisait. Repu, il reprendrait sa marche, les yeux ouverts aux imparfaits, à la prochaine beauté.
    Il est des besaces qui de biens ne se remplissent. Il est des arbres qu'on ne peut croiser. Il est des routes qu'on ne peut goûter, mais d'autres, dans tous les cas, malgré la lassitude,à patiemment tracer.

Café

Oscillation nonchalante des deux hauts frênes noirs, couples d'ombres imprimés sur un horizon arlequin. La nue s'est débarrassée de son photophore de verre blanc fumé. Et on y voit.
S'abreuver de suc plutôt que s'étouffer de stuc.

mercredi 1 février 2012

Duetistes

Deux mesures des temps passés
aluminium empli des pluies
scintillement sale et inertes
il semble
l'hôte exprime avant prime
la plainte de sa captive
rétractée, prostrée
sa douleur rugueuse
crisse dans la pesanteur
pénétrante et froide
et les mesures en pardon
à chaque fois lui répondent
d'un tintement clair
que l'air n'empêche
de résonner

Le sommeil des cabines

Lorsque la lumière ne donne plus qu'un trait
Et que les cabines révèlent leur stupeur,
Les goélands à quai se sont tous amarrés,
Arrimés aux rames chacun compte les heures.

Lorsque le sable enfin souligne ses dessins,
Les cabines rosées, posées peuvent expirer.
Les bâtiments à quai n'oublient pas leurs desseins,
Au firmament les mâts ne peuvent qu'aspirer.

Arrive avant la vague, la vague et la rafale,
La cavale affamée vogue vers le final
Tandis que des veines cent orages dévalent.
Arrive avant la vague, la vague qui avale.

Lorsque le silence s'embarrasse de sel,
Les cabines alignées perdent tout leur attrait.
Les bras nus rayonnent répandent leur appel
Les bras crus en rayon répondent à la marée.

Lorsque le phare arrache à vif la peau des brumes,
Les cabines parées effacent les vermeils,
Les bâtiments à quai s'accrochent à leur enclume.
Les bras vers la jetée s'atteignent les merveilles.

Arrive avant la vague, la vague et la rafale,
La cavale affamée vogue vers le final
Tandis que des veines cent orages dévalent.
Arrive avant la vague, la vague qui avale.

Important

Le noyer du bâton


- ne pas noyer de poisson -

Capitaine crocheté

Du cabaret des nues au théâtre des poissons, un jeu, souvent le même, d'amour et du hasard
dirigés par des crocodiles souriants, larmoyants, des crocodiles entêtés du temps
il en fallut, il en fallut
décoiffer l'amarre, tailler des ponts
affranchir des torrents des sources
du mouvement, du mouvement
à l'interne autour
voleter sous-marin en battant des pieds
louvoyer sur nues en battant des mains
en mouvement, battre la campagne
casser ce réveil, ce jeu, cette scène
sans cible, sans tirer
sensible, sentir
saigner, s'en tirer
en sang, cesser
ensemble
sensé