lundi 30 avril 2012

Calibrage : réédition : Celui qui porte & - Peinture -





Celui qui porte


la bataille sous son chapeau ne le quitte que rarement. Il voit les couleurs du monde par le mélange de sa palette. Il prend le monde et sa beauté à travers un objectif, car il connait derrière le glacé sa misère et sa rudesse. Il sait faire chatoyer les clairs et les obscurs, rendre lumineux les ternes et les gris. Sur le tableau dérisoire de son visage, il cache la touche de révolte qui le travaille, et œuvre en art pour colorer son monde. Il a porté le trop plein et conquiert le débordement, le goûte comme à ses vingt ans, pigmenté de l'expérience du presque sage.
Ainsi, il voit comme il peint et vit comme il peine, il compose le rire, et s'il donne peut-être à sourire, à connaître, il fait grandir.


Ma reconnaissance et mes amitiés au peintre et ami Joël Verkempinck



dimanche 29 avril 2012

Des dissolutions




Au-
paravant,
j'étais cap,
falaise, je
défiai la mer.
Puis je fus colonne,
puis je fus trompe.
Je ne suis plus qu'aiguille.
Je me lève, haute, à nue ,
Je me dresse, isolée, insolente.
Je ne serai bientôt que le chas,
souvenir piquant. Je défie la mer
qui me dissout, la mer où je me fonds.
 A qui m'a vu s'en souviendra.



samedi 28 avril 2012

Des aiguilles



Étroit Etretat déroule son fil littoral que l'on suit jusqu'à  l'aiguille,
jusqu'à se piquer l’œil au vif, jusqu'à se faire avaler par le chas

vendredi 27 avril 2012

Du convive matinal

J'apprécie, au matin, boire les grains de terre noire qui luisent dans la tasse comme l'herbe fumante. Qui luisent comme le merle qui déjeune avec moi, des vers de terre noirs qu'il extirpe de la terre. On pointe tous les deux une mine d'or vers le fond noir de notre réveil.
Mais je n'ai rien à raconter de plus clair que sa trille.

jeudi 26 avril 2012

Des annonces

 - cherche pied à terre en bord de mer, les pieds dans l'eau, le derrière au sec
cherche plein pied bordé d'eau de mer, perdu dans le piétement des pierres
cherche à sécher l'amer sur un pier, pleinement ancré en bordure du dehors
cherche pied en mer en bord de terre, derrière un pier de l'eau, les yeux au sec -

mercredi 25 avril 2012

De la cueillette : De l'équilibre du micro-monde

Le courage, ce n'est pas si extraordinaire que cela. Ce n'est pas de l'héroïsme, c'en n'est qu'une part. Il fait faire des choses belles, propres, mais aussi les sales, celles qui laissent des traces. Longtemps. Le courage, ce n'est qu'une banalité, c'est remiser la procrastination, et faire plus que se dire « puisqu'il faut le faire », c'est-à-dire, le faire.
Ce n'est pas non plus une justesse, une justice. Il s'aligne sur la vue de celui qui s'en munit, se met sur sa propre balance. Et il cherche courageusement l'équilibre. Il n'apporte pas forcément une reconnaissance, au contraire. Souvent même, il est et reste anonyme. Le courage, ce n'est pas une gloire, c'est peut-être une certaine capacité de vivre.

mardi 24 avril 2012

Des emprunts



Il y a longtemps que je n'ai mangé la grêle sur le grève.
passé l'air emprunté
passer le pont
dépasser l'air
l'ai retrouvé
le retrouverai
l'empreinte
des grêles et du sel
des grêles et de celle
passé de ponts, d'embruns
la grêle sur la grève déserte
Il y a longtemps que je n'ai mangé la grêle sur la grève



Des remembrances des membres

J'adore éclore
dans ton bouton
égaux au fond
nous étions fort

autant qu'au temps
de ce premier
pré en sommier
le premier temps

au creux du bois
première veille
nuit sans sommeil
au creux de toi

un toit d'étoile
toile de fond
toit sans plafond
peau boréale

j'adore éclore
à ton bouton
aller tâtons
parmi ton corps

ainsi léger
que souffle court
que soupir lourd

désagrégés


lundi 23 avril 2012

Des pêches miraculeuses



Ce qui m'amène ici
l'air de la mer
ce qui me ramène ici
le mouvement
qui amène ici
la pitance même
la courbe d'elle
qui mène ici
la danse du vent
en courant sur l'air
ascendant en descente
le moyen et l'objet
le boyau et le moment
le coup d’œil, d'ailes
ce qui amène ici
le chant des mers
les sirènes ne sont
que sous gros temps
que derrière les brumes
à la corne
ce qui ramène ici
l'instinct du vent

Des accalmies

Après la pluie, il tombe des cris d'oies sauvages. Les tourterelles applaudissent à l’accalmie, le claquement de leurs ailes résonne sur le sol humide, remplir le silence en place du chant de l'eau.
Avant la pluie, c'est pareil.

dimanche 22 avril 2012

Des machoires ouvertes




La bouche du monstre montre à voir pareillement chaude quiétude.

Où perdre le regard




Sur l'un arrêté par l'espace, de l'autre par l'arrête. A l'un l'impossibilité d'aller plus avant, reconduit par les marées, de l'autre, sommets à surmonter, inlassablement. Le chemin double à mener, sous chaque pas, le sable se recule d'un demi, le pied appuie d'abord pour s'extraire, puis s'élancer.
Et en haut, la vue sur l'espace, de nouvelles crêtes, se montent en tête.

- voir plus loin, la trace à projeter, en gardant, à portée du bâton, le rivage salé -
- accrocher l’œil courbe à la ligne
accrocher la ligne de l’œil à la courbe
endurer, tantôt courbé, tantôt dressé -


Des dents du lion

C'est encore une boursouflure dans l'obscurité, les crinières sont encore tapies en bouton. Pourtant déjà, déjà. Les crocs sont plantés en terre. Longues dents avides se maintenant au sol. Indécelables, indéscellables. La morsure indolore les tient à la vie, et d'une, véloce, se multiplie en meute.
Chaque matin attend pour éclore, une myriade de dents de lion jaunes et édentées.


- et je dis, humble, je ne suis qu'un autre pissenlit -

samedi 21 avril 2012

Interlude



Ce n'est pas le blanc au fond d'un cristal qui traine, ce sont les pas du retour.
Le pied qui claque le comptoir et reclaque jusqu'à être creux, vide. Peu à peu. Trop vite.

2002



vendredi 20 avril 2012

Des repas




De tout temps
nécessité de
se substanter
dans les halles
dans les voies.

j'ai la dalle
- de toi -

Des barres de tensions II





- C'est l’œil qui colore
il y a plus à voir
toujours à gagner 
la main suit l'oeil
l’œil barre
avec ou sans cap-

- juste être cap -


Des réimpressions

Au crépuscule, si je n'ai rien à te chanter, viens mon ange écouter le silence de mon bras. La peau aura à te conter, d'autres faits que la journée. Si nous oublions le temps des jours, on saura bien retrouver le temps de notre adolescence, l'impression de nos corps inexpérimentés.
Au crépuscule quand le jour se sera tue, tu pourras entendre ce secret connu, de ceux qui n'ont pas besoin de partager. Alors ce temps impromptu liera le sel en baiser.

jeudi 19 avril 2012

Des barres de tension I




Le seuil s'incline. Sais-t-on ? C'est le jour, la lumière, ou la Terre.
La barque tend le fil de l'eau, l’œil y étend le linge comme il peut.
Le linge propre, le sale, l'élimé. Le vent contrarie le fil, lui donne
la force de sa propre tension. Le vent tord le fil tendu de la barque.
Le lime et le creuse. La couleur est en sus. C'est l’œil qui la donne.
C'est la dilatation qui la colore. La tension de la pupille. Et malgré
tout, si c'est le vent qui offre la corde, si c'est le vent qui gonfle le drap,
c'est la main qui tient la barre. Et malgré tout si le vent maugrée, si
le gréement est manquant, c'est la main qui tient la barre, c'est la
main qui barre vers le port, qui barre au rivage.
L’œil barre. La main suit l’œil, l’œil colore.



La marée

mercredi 18 avril 2012

Du conte goutte II


je suis l'écho atomique de chacune
des surfaces aérées, livrées à la nudité

je suis le réceptacle du fondement né
le volume de la carcasse des cellules

je suis le nid nourrissant de la bactérie
l'assurance de sa longue conservation

je suis la carotte qui livre l'Histoire et
le bâton de noyer de la présomption

je suis l'éternité liquide des sommets
le scalpel informel des rocs telluriques

je suis la première noix d'hydratation
sur le derme sec et craquelé de repli

je suis le fantasme intérieur du cactus
la vue dure et bernée du sable et du sel

je suis le rappel du rouleau lorsque je
me familiarise, me réunifie en bouquet

je suis l'hypocras infusé de la marne,
fusant pour saouler les rigoles et rictus

je suis le supplice chinois qui manque
mord, déborde, dévore, vocifère, verse 



Brève, Quotidien

De la mise en place

Il y a des matins où l'on joue plus longtemps qu'à l'accoutumée au jeu du taquin,
avant de pouvoir passer à la partie d'échec quotidienne.



Quotidien

mardi 17 avril 2012

Truisme méta-langagier : méchants mots pour bon sens




les chiens assis guettent
accoudés qu'ils sont
au pied du mur divin
sans pour autant s'en
remettre dociles, serviles
ils guettent l'abandon
prêt à prendre pièce
sans aumône du reste
du vouloir, ils en veulent
ces doctes dogues
en ont vu, des manches
sous leur courbes dressées
ils ont l'air immobiles
mais sont prêts, prêts
à se jeter à la mer
le corps dans la gueule
le chien reste un loup

on amadoue le bois, l'essence n'en change pas, elle continue de brûler



En fin de compte
faire comme eux
contempler
eût été amplement
suffisant

les mots parfois
ferment par trop
- vivre pour penser
échec compris
non pas penser pour vivre
ni penser vivre -


De l'écriture, D'être

Important

 se garder un jeu des clefs



- les concierges ne sont plus ce qu'ils étaient -

Des gardiens impénitents




les chiens assis guettent
accoudés qu'ils sont
au pied du mur divin
sans pour autant s'en
remettre dociles, serviles
ils guettent l'abandon
prêt à prendre pièce
sans aumône du reste
du vouloir, ils en veulent
ces doctes dogues
en ont vu, des manches
sous leur courbes dressées
ils ont l'air immobiles
mais sont prêts, prêts
à se jeter à la mer
le corps dans la gueule
le chien reste un loup


- on amadoue le bois, l'essence n'en change pas, elle continue de brûler -


Des vues, brève

lundi 16 avril 2012

Du nacre des dents





Le nacre des dents
n'a eu l'occasion
de combattre l'émail
par lui tout juste
honoré d'un baiser
avant d'être foulé
des laborieuses
langues plantaires
pilleuses des chairs
délaissant le lactescent
incendié au soleil
parcellé en grêle crieuse
il se tapit sur l'orient
en attendant de brûler
les yeux du ponant
déchets d'étincelle
des restes splendides


- après le banquet, cariés, nous, blanchirons, sans éclat -



Des vues, brève

dimanche 15 avril 2012

Du piège d'enfant



posés sur le flanc mouvant
s'assembler des restes
à travers les mailles
esquisser l'édifice
du grain

puis s'étendre
à l'ombre tressée
l'un contre l'autre
les flancs tournés
vers le sang des marées





- pêcher des rayons du soleil -



Des vues, La marée

De la part avant

pour se le dire,
faut des claques à l'encéphale
au petit matin, celui d'avant le soleil
boire comme du thé des Ragnaröks
crever de faim son nuage
se démonter du cave, en nigaud
cogner les notes de la portée
se décaler la pomme du poreux
se dépoter le plant, gratter les racines

pour se l'écrire,
faut monter à dos de Bucéphale
regarder de pair les ombres et le soleil
faire du cloche-pied en fleur de rocs
mettre des claques au cartilage
se remonter du caniveau
exciter la cognée de la porte d'entrée
se caler les paumes sur le rugueux
rempoter son mot, planter ce qui fascine

puis se dire de l'écrire
puis l'écrire, ce dire



De l'écriture

samedi 14 avril 2012

Du conte goutte I


             Elle dit la sécheresse du cœur des hommes qui la maugréent. Elle s'emploie néanmoins à distiller la vie dans ces micro-fioles tantôt froides, tantôt tièdes, qu'elle dissémine sur chacune des parcelles de la chute de son aléa. Elle retrace la différenciation d'avec le charriage des souillures imprimées, son lent filtrage dans les intestins minéraux des sous-sols [: ingestion d'organique fangeux et avide d'inorganique]. Elle crève le fil intissé de son tissu suspendu pour raconter le périple de son atome que nul n'écoute. Elle évoque dans l'écho de son choc les sons de terres d'eau d'où l'onde ne vient ni d'une rame ou d'une palme. Elle dit, voilà ce qu'elle se dit, le fleurissement encore latent, à venir, des cristaux d'où jaillit la couleur du monde et sa sève.



Brève, Quotidien

vendredi 13 avril 2012

Des dents de la mer


                               écrin d'huître lissé, lustré
                polies par l'inertie du temps, elles ont leur caractère
                bonnes galiléennes, elles se confèrent circonférence
        bonnes galériennes, elles ont la dent dure, cachent leur trésor d'émail
           au sein de leur chair, cachent leur or de nacre dans leur bordure immobilière
                  point avares pour l'endurant, prolixes pour le pâtissant, elles donnent à luire
                      plusieurs perles, plates, pour faire mentir Galilée, pour compatir des galets
                           et prennent le prix de leur magie à faire rougir les quatre joues
                              à faire honnir les ouïes, à graver des aigus dans le rose, le gris
                                       données de sagesse par leur mûrissement double
                                                 Sans pêche chacun des âges déguste


d'ordinaire, la coquille est plate, la perle unique, centrée
elle a l'ordinaire ronde, la perle multiple, aux bordures



Brève, Quotidien

mercredi 11 avril 2012

Atlas saltimbanque

Hier, il jonglait avec les deux circonférences
bandant les bras avant comme l'arc cordé
lançant alternativement les deux mondes
l'un dessus l'autre en circulation elliptique
Aujourd'hui, il avance l'un contre lui serré
manchot, de l'autre par roulade classique
fait en sorte sans saccades qu'il avance
Tantôt, au pied peut toujours s'y greffer
comme le boulet à la chaîne, à la cheville
Le jonglage en reste une question de grâce

- et dieu n'y est pour moins que ses bras -



Brève

Jeu taquin

Le corps, pièces mécaniques,
                     fluides et filtres,
                     comme un jeu de taquin
                                               taquinant la journée
                     une heure pour
                                               reproduire le dessin
                     ou ordonner
                                                                la gueule
à grand coup de
                                                                               café



Brève, Quotidien

lundi 9 avril 2012

Après tout



nous ne sommes qu'un calcaire
attendant une dissolution
dont il ne restera à peine
que quelques traces crasses
sur des feuilles sombres et effritées



 Brève

Bord à bord

          Je ne peux pas te promettre, juste te dire qu'on le fera ensemble. Que si parfois, on le sent dedans que ce n'est pas ça, ça ne veut pas dire qu'on y est plus. Que si parfois, on s'est oublié, on parvient toujours à se retrouver. A ces instants, il faut tout lâcher, revenir devant nous jusqu'à s'exposer. Fatigués, on affleurera ce qu'on a fait, des temps de jeunesse aux premiers âges, sans passer les revers ni la couleur des aurores. On retrouvera la main de l'autre enveloppée dans l'endurance tendre de la voix. On penchera toujours vers de l'avant en pensant assurer le pied de l'autre, en pansant le corps de l'autre.
           Je ne peux pas te prendre tes orages, mais je peux me déployer sous leur pluie clamer avec toi leur tempête. Comme on peut tresser plus loin ces branches disjointes, ces branches anarchiques confrontées aux impératifs de ces dehors abrasifs. Comment les courber devers nous nous abriter, regarder ces bourgeons sortir des tiges qu'on ne pensait plus voir renaître, et remettre plus loin l'urticant de ces foins qui nous couchent harassés. Comme tu ne peux pas prendre les miens, te confronter à mon débordement, comme pourtant on peux se les ramifier, on peut se les démembrer.
           Tu sais bien, toi, que je n'ai rien de plus que des grains de sable à maçonner, mais ces murs à remonter chaque jour sont au moins les nôtres. La fondation reste soumise aux flux des courants de nos éléments. La mer vient nous ronger jusqu'au pieds, en même temps qu'elle nous nourrit. Le vent nous vient dissocier nos briques friables, en même temps qu'il nous inspire. On pourra toujours baisser la tête haute pour voir un peu plus loin, gravillonner un bout de chemin, satisfaits d'avoir défricher un peu plus de peau, d'avoir émonder un peu plus notre monde.
           Je ne peux pas te promettre, juste te dire qu'on le fera ensemble, bord à bord, jouer aux équilibristes près du bord. On est bien des mers de falaises blanches sur des pages blanches, aux grains fins, aux grains grossiers des galets. On est bien fait de la silice et du calcaire, sur les bords. Ainsi, érodons bord à bord notre dehors, en appuyant notre intérieur sur notre effort. On statuera notre édifice sans forme d'un conte, sous force des vents et marées. Accolant peut-être une vue sur la mer, on précipitera notre statue, bord à bord les précipices. Tu sais, bord à bord, mon ange.



La marée

dimanche 8 avril 2012

Du tracé des voies




Nul tracé n'est droit pour le pèlerin
nul bâton n'est dressé sans un poing
nul chemin n'a de droit au cœur
que celui qui a la voie en chœur



Des vues, brève

De l'éveil paradoxal

Il y a ce paradoxe de la fatigue, cette oscillation entre l'abattement physique et l'euphorie nerveuse du corps. Un paradoxe de tensions non-intentionnelles, qui s'ébat dans la chape plombée du crâne.



brève

samedi 7 avril 2012

Causerie

J'aurai voulu te causer des rêves comme de réalités, je te causerai de la réalité comme d'un rêve, non pas qu'elle en soit un. Pour peu qu'on en voit, on pourra envoyer la rive. Si on le croit, pourra-t-on le voir, ce sera déjà bien. Un bout de mer pendu sur une lèvre de terre gercée de sel et de sable. Des pierres éparses dans le jardin, et sous les poutres du toit. L'ombre tendue de la toile, du bois flottant au filin libre au vent. Allez, viens, on va causer un peu, tout en brossant un peu plus le réel pour y glisser notre derme.



Brève

Du bain





il arrive encore aux cieux
de venir nous mouiller
il arrive encore aux cieux
de venir aussi se baigner
pas besoin alors pour
nous de venir les troubler
leur haleine suffit bien
pour faire trembler
l'eau fraiche du bain



Des vues, brève

De la cueillette : Du souhait

Mon pouvoir d'achat ne me permet pas le degré de misanthropie aspiré.

vendredi 6 avril 2012

Des tunnels et des puits




Au bas du tunnel
parfois l'on rencontre
un puits de lumière
rétrocédé à l'obscurité
la descente des marches
est un chemin aveugle
où le fond  peut aussi
éclairer l'être d'été



Des vues, Brève

Celui qui garde

un pied dans chaque ville est souvent pris pour un traine-savate. Ce n'est pas qu'il traine le pas, ses pieds en sortent de ses souliers. La première fois aperçu, jeune, il se couvrait de ce chien noir, au ras du seuil sans soleil. La seconde fois aperçu, étudiant, il se découvrait et tendait sa casquette, comme une panse à emplir pour son chie fauve. Nous avons taillé sa vodka, et siffler mon tabac, en discutant de la dernière saison. « Je vais remonter, dit-il, pour la terminer, à l'hiver, redescendrait, il y a une bergerie là-haut. ». La dernière fois aperçu, apprenti, c'était encore ailleurs. Il causait à l'ancien, comme si c'était le sien. L'autre méfiant, n'y montrait pas les dents. Il connait chaque route, chaque porte des villes. S'il a la voix qui porte, il porte le labeur avec honneur. Et s'il n'a pas l'honneur du travail régulier, le jour lui suffit. Je le recroiserais, frappé de sa meute, les traits marqués de la terre et de la lumière. Il fera ses grands gestes, mais le vent ne cache pas les rayons de son or. Il se penchera sur le chien, puis verra à demain.



Par traits

Glose : Des joues tendues

Et si l'homme qui tend l'autre joue ne le faisait par bonté d'âme, pour opposer son amour à cette extrémité du geste, mais plutôt pour opposer la force de sa silencieuse abnégation, de la négation de l'existence de ce geste et de son porteur, et ainsi le soumettre à la force de volonté de sa propre prise. S'il reste droit, tout comme la perce-neige transperce la neige de février, ils opposent tout deux leur position, leur existence comme un possible autre et fort, rage et violence dissoutes et vaines devant l'assurance tranquille d'une droiture assise. En cela il y a une attitude bien plus élevée et riche qu'une énergie perdue et épuisée. La joue tendue a alors valeur de poing.



De la cueillette

jeudi 5 avril 2012

De la cueillette : Des rites II

Jusqu'au XIXème siècle, le statut de l'enfant était plus proche d'un non-statut. Puis on lui reconnut un statut et en lui accorda de l'importance. Il fut élevé à égale mesure avec ses pères. A ceci près qu'aujourd'hui, ce statut d'enfant lui prête une impunité qui le place dessus ses pères. Il n'en a plus crainte, c'en est un bien, il n'en a plus déférence non plus. Il réussit là où sa mère n'a toujours pas atteint l'égale considération de ses pairs. D'un non-droit, il est passé au plein-droit.

mercredi 4 avril 2012

De la cueillette : Des rites I

L'obscurantisme attribué des rites passés permettait une distinction certaine qui ne passait pas par des codes établis par le mercantilisme. Il existe toujours des initiations, mais qui valident tout autant un statut qu'un avoir, ainsi un passage vers l'uniforme et le confus violent. Le média marchand est la nouvelle Église.

mardi 3 avril 2012

Des Mayas et de la fin du monde, ou éxagération élucubrée

Nous ne voyons pas encore assez loin, l'immédiateté est la campagne politique et les 5 prochaines années, comme si l'avenir allait s'y jouer. Je ne suis pas d'accord. Nous allons vivre le début de grandes choses dont nous ne verrons pas la fin. Toutes les grandes et brillantes (et moins) civilisations se sont éteintes fautes d'une capacité soit au renouvellement, soit à la résistance. Mayas, Grecs, Romains, Égyptiens, Étrusques, Amérindiens, Aborigènes, et j'en arrête là une liste qui peut encore s'allonger. Toutes basées sur un système qui a pu fonctionner parfois sur un ou plusieurs millénaires, avec une sciences parfois (souvent) supérieure à la notre au vu des moyens disponibles, toutes essoufflées, ou écrasées, faute de résistance ou de renouvellement. Assimilées, intégrées et désintégrées... La civilisation occidentale n'en est pas moins différente, d'autant plus que cette société est basée sur une course à l'évolution et à la technologie. Petit point : dans les 50 dernières années du précédent millénaire, cette civilisation a causé sur terre plus de dégâts que toutes les précédentes civilisations en 5 millénaires, et de façon durable. Le débat sur les 5 prochaines années est un faux débat, c'est un sursaut dans la lente et sûre agonie. Nous projetons dans un avenir basé sur les mêmes paradigmes qui ont provoqués la déchéance, rattrapés par les pays émergents qui comptent bien suivre nos pas et ne plus être en reste... La Vème République s'essouffle, comme chacun des systèmes étrangers, car tous basés sur un système économique qu'il faut changer en profondeur. Ce n'est pas un retour en arrière que je prône, d'ailleurs, je ne prône rien, je me contente ici de constater et de prendre du recul. Mais il faut de nouvelles colonnes économiques pour soutenir l'édifice branlant de nos sociétés. Et les solutions se trouvent certes dans les innovations, mais doivent s'appuyer sur les expériences séculaires passées. Le nucléaire est une impasse dangereuse, de même que l'exploitation pétrolière, etc... Et ce n'est pas les politiques, assujettis à leur carrière, ni les consortiums et conglomérats qui tenterons à éviter ce qui nous pends au nez (ou à celui de notre descendance), mais bien un mouvement du bas, un mouvement du peuple. Et pour qu'il ait lieu, il lui faut d'abord ouvrir les yeux. De grandes choses, masquées par de grands écrans et des petites tablettes, de grandes choses, masquées par des annonces politiques et de faux débats.

Le mouvement est là, allez, gronde, gronde, gonfle, la voile vers le voile de la face, tu es une face cachetée du peuple. Gonfle et gronde !


"Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne (...)"



Mers extérieures

lundi 2 avril 2012

Des brins de mer




- la mer est revenue sur le passage du rivage -
- les blés ne font que percer lentement la terre -
- la pensée sauvage doit encore mûrir -
- les pousses vertes doivent grandir pour jaunir -
- les pages blanches doivent noircir des varechs -
- le bois doit griser à l'air salin, au soleil gris -
- les falaises s'effritent mais tiennent droites -
- les falaises sages distribuent les parts de brut -
- les falaises lèvent le front du vent et son message -
- l'amarre se tord, se tend, le nœud est bon, est là -
- la main la mer brûle et tend bon, est là -
- sur les blés bas, sur les blés là-haut -
- le bât blesse le pas, et le sel, la main est là -



Des vues, La marée

dimanche 1 avril 2012

De l'immuable




Ce n'est pas moi qui suis vieux
c'est le temps qui passe
ce n'est pas la voix qui parle
c'est l'organe et le vent, ou
le vent de l'organe
ce n'est pas le pilier qui croise
c'est la lumière qui toise
que soutiennent les colonnes ?



Des vues

De la cueillette : De la justesse

La justesse ne ménage pas, or elle peut faire le ménage.