mardi 31 janvier 2012

Sacrifice

    Tu l'exigeais depuis plusieurs semaines. Sa présence pourtant pour toi sans danger t'irritait. Mais silencieuse, tu l'attendais, son sacrifice. Cela se sentait, que tu en éprouvais le besoin.
    Alors ce matin, je me suis décidé. J'ai pris les ciseaux. J'en ai approché, lentement, les jambes effilées près de la gorge. La peau se soulevait sous le flux sanguin. Singulier, régulier. De l'autre main, je la tins fermement. Une première pression, interminable, puis une seconde, moins hésitante.
    Rapidement, surement, la tâche sombre sur le sol s'agrandissait, et contrastait avec le carrelage roide. Plus de marche arrière. Les lames s'accélérèrent, , gagnant aussi en précision. Il n'y avait plus que ce bruit. Un frottement sec et saccadé.
    C'est ainsi, qu'après six mois de cohabitation, en l'espace d'un court quart d'heure, je perdis... cinq centimètres de barbe...

A marée calme

Des pétales, des miroirs sur les joues
Me permettent de te voir, voir en toi,
Aussi l'émoi de ton moi,
Les blessures, les fêlures de notre possible,
Les fissures de nos impossibles.
Et quand tout va se creuse les trous
Et les marées nous éloignent.
De rames, de mains déployer la poigne,
Vainement, jusqu'à l'épuisement.
Que sera-t-il rejeté ?
Que nous laissera la marée ?
De quels déchets repartirons-nous ?
De quoi comblerons-nous les trous ?
A chercher les miroirs, les pétales,
Tu détales, et je m'étale.
Enfin être de la marée, librement
Enfin être de la marée
Et cesser de s'effarer.

Des pétales, des miroirs sur les joues
Me permettent de me voir, voir en toi,
Aussi l'émoi de mon moi.
Des ficelles assuraient l'équilibre,
Le désir, l'illusion d'être libre.
La marée creuse des bâches, des trous,
Accrochée sous la cloche à la bouée
Et soudain par le tocsin désavouée.
Même si l'on croit que l'on s'enferre,
Il reste les courants contraires.
La dérive des pensées a été brisée,
Le gouvernail de nos volontés, une risée
Et quand tout va mal, déjà fous et bas,
L'orage élance ses ébats.
Devant entendu le récit des récifs
Un vent le feu attise actif.
Enfin être de la marée, librement
Enfin être de la marée
Et cesser de s'effarer.

En marche

Sur la semelle qui craquelle,
j'irai sur la terre fendue
jusqu'où se rejoignent
les plaies

Important

Le bruit de la saison sous le pas

lundi 30 janvier 2012

C'est-à-dire

Le dire n'a pas forcément besoin de l'être.

Important

Le pas plus que le chemin.

Du jour

Au point du jour, commencer une nouvelle phrase...

Du jour

D'abord entre la première tasse de baisers et les premières lèvres de café
le jour s'augure sur l'aurore rose de tes joues
tout est lumière aujourd'hui

dimanche 29 janvier 2012

Tibère à quai

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
A marcher trop prés du bord

Il avait les pieds sur terre,
Il a voulu naviguer,
On l'a vu prendre la mer.
Il s'est vite fatigué.
Le brouillard près du rivage
A brouillé tous les visages.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Et les étoiles du nord.

Grisé d'été en hiver,
Le printemps s'est fait automne,
Traversant les neufs enfers.
Embrassé par des fantômes,
Usant de tout son courage,
Tibère a pris bien de l'âge.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Sûr, il s'est créé des tords.

Jouer au pirate, au corsaire
Ne fais pas un loup de mer.
Face au feu ferme le phare,
Et le gouvernail s'effare.
Du butin aucun partage,
Les vagues ont fait le ménage.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Plaisir, désir et trésor.

Loup pourtant dans les manières,
Une plaie sur le poitrail,
Il n'en reste pas moins fier :
Point de frontières ou portails,
Il entend l'appel du large
Et y déverse sa rage.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Et les voiles se perforent.

Sur la peau, tatoués les crocs,
Il en a mangé du sable
Et reprisé des accrocs,
Sur un quai abordable,
posé son sac de voyage,
Semé des plumes au sillage.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port
Et même couché dehors.

Le vent n'est pas démocrate,
Plutôt de caprices emprunt
Il a mis à nu les strates,
Nu Tibère sous les embruns.
Retenu par les cordages,
Tibère songe aux temps sages.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port,
Va passer par dessus bord.

D'ouest ou du nord sans nouvelles,
Il prend la route des nerfs :
Aux pieds, à l'esprit des ailes
Pour s'emmener à la mer
Boire la coupe des mirages
Et y solder son courage.

Tibère a perdu le port
Malgré les rames, l'effort
Tibère a perdu le port,
Un jour nouveau va éclore.

L'heure

D'abord ils tournent, cherchant l'ancrage du puits, puis lorsqu'ils s'allongent, émettent la reconnaissance de la promesse du repos. Avant de clore, tes yeux sourient à la sieste. Ensemble, nous aimons cette quiétude tiède.

samedi 28 janvier 2012

Des mesures

A trop grave, manquer les heurs,
A trop léger, manquer de profondeur.

Papier noyé

Couler entre tes hanches
Je veux, qu'on se mélange
Cette scène surfaite
Entraîne à la défaite
De deux corps épuisés
Pourtant je veux puiser
Dans tes cris ma jouissance
De tes râles ma puissance

Je connais pas ton nom
Tu me demandes pardon
Sur un bout de papier
D'être au matin barré
C'est ce qui m'avait plu
Sur ton corps j'avais lu

Couler entre tes reins
Circuler sur tes seins
M'abreuver de ta sueur
ET de tes yeux la lueur
La détresse qu'on lit
Étendue sur le lit
Lorsque tu vas lâcher
Laissant les corps hachés

Tu connais pas mon nom
Je te demande pardon
Sur un bout de papier
D'être au matin barré
C'est ce qui t'avait plu
Sur mon corps t'avait lu

Coulées les meurtrissures
Consolées nos fissures
Les membres serrés, joints
Rythmés de va et vient
Chair violente exposée
N'a cesse d'explorer
Les milles faces de ta peau
Ton souffle pour appeau

J'ai oublié ton nom
Tu m'accordes ton pardon
Sur un bout de papier
D'être au matin barré
Et dire qu'il avait plu
C'est ce qui m'avait plu

Coulée entre tes lèvres
Ma langue comme fève
Entre mes bras t'es reine
Il faut que je t'enchaîne
Pour ressentir encore
Le poids de nos deux corps
Exhaler les plaisirs
les sourires et puis jouir

T'as oublié mon nom
Je t'accorde pardon
Sur un bout de papier
D'être au matin barré
Et dire qu'il avait plu
C'est ce qui t'avait plu

Coulé sur le côté
Tu peux plus respirer
Rivée au matelas
Le teint tout écarlate
Le souffle tu reprends
Puis d'un coup de vent
Tu te tournes vers moi
Susurrant 'cor une fois

Oui j'ai perdu ton nom
Mais pas ta position
Sur un bout de papier
Très vite je l'ai gravé
Rapidement tu l'as lu
C'est ce qui t'avais plu

Coulé dans ma mémoire
Tes cheveux qui laisse choir
Toute tristesse vaine
Puisque là dans nos veines
Reste toujours marquée
La trace toute arquée
De nos corps désavoués
De nos sentiments joués

Oui t'as perdu mon nom
Mais pas ma position
Sur un bout de papier
Je t'ai dit t'es barré
C'est-ce qui m'avait plu
Maintenant j'en veux plus

Important

Le vide du récipient.

vendredi 27 janvier 2012

L'appel

Je veux voir la mer
La prendre entre mes yeux
Et sentir ses vagues
Au creux de mes oreilles
Pénétrer ses dunes
Frôlé par les oyats
L'air salin noyant
Les reliquats d'antan
Fouiller sur ses lèvres
Les cristaux de son iode

Il y a cet appel
Le marin par la mer
La paroi du grimpeur
Cette  épouse qui pleure
Ce cri qui se rappelle
Les choix à prendre amer

Je veux voir la mer
En méprendre mes yeux
Et sentir les algues
Noires au long de sa nuque
Parcourir ses dunes
Bercé par les oyats
L'air marin saoulant
Un orage latent
Lire sur ses lèvres
Qu'elle n'attend rien que l'aube

Il y a cet appel
Le marcheur par la mer
Le vide du sauteur
Cette épouse qui pleure
Ces digues dressées, frêles
Et cette épouse à terre

Réorientation

Calibrer les grains de sable
en se ployant maniaque
à conserver les peu maniables
forteresses des enfants

jeudi 26 janvier 2012

Des comptes

Compte tenu que ne pas compter n'est pas une garantie pour compter sur ou compter pour, faut-il en tenir pour autant un livre de compte ?

Du souvenir du pain

J'ai dans la mémoire des pains de sel, des plates mer
lorsque les dents serrent la vie, l'amer se libère
J'ai dans la mémoire des pains d'épices, des pas de vices

( et je ravale ou je crache, c'est selon.)

Important

Le café dans la cafetière.

mercredi 25 janvier 2012

Biolographie.

    D'abord les westerns, et les légendes. Les livres, puis la lecture. Le mythique et le mystique. La forge du cocon et de l'altérité. Le coup modèle toujours plus profondément que la plénitude. Le schème des Écritures et le semblant du réel. Les plaines et les collines, les promesses de l'horizon. Le silence. La fondation. Le silence de l'horizon soufflé par le vent. La poussée du vent, sa force et son humeur. Les ballets de rien et les balais aériens.
    Le labeur de la faux, le rythme des labours et des récoltes. Les fleurs flétries et séchées. Les fruits trop mûrs et les sucrés. Les correspondances dépassent les temples, jusqu'aux pèlerins émancipés. L'horizon élargi. Les démystifications et la chute des mythes. La maturation solitaire. Les pierres assemblées, la tour grandit. L'écriture, puis l'étude. Des sacs noirs à vider sur des pages blanches. Des décharges élégiaques et des ampoules. Puis l'étude.
    L'essoufflement et la reprise. Les reprises et le souffle, son humeur. L'étude et l'altitude. Des lucarnes, une fenêtre. Les pavés, le sable, puis la mer, déroulés par le pas. Les brouillards abyssaux. Les pas de concert, le concert des souffles. Le retour aux temples, soutenu par l'ogive des falaises. La tour haute et adossée. L'électricité entre les pierres, reflétés sur des cristaux. L'aperçu d'une cheminée et son cocon. Le mûrissement lent.
    La reprise et son essoufflement. Les bancs, l'autre côté. La tour haute, le vent plat. Le mortier usé, les fonds de pantalon et les manches. Les montagnes noires et les plaines pleines. L'horizon éteint sur la terre noire, qui s'enroule sur le pas. La relève, sa pression et sa présence. Les bancs des deux côtés. Les équilibres, cernés, les yeux, puis le rhum. Les pierres lourdes, les poutres rongées. Le faux éperdu et les faux perdues.
    En route, les grains, les ruines, le parcellaire. La sente du loup, puis l'écriture. La griffe sur les décombres, le trou dans le sombre et la terre qui sombre. Des poignées de sel et des pas, et des verbes blancs sur des tableaux noirs. Des cris doux sous la lune. Des tours en tanières. Les présences pleines et les échines droites. Des verbes blancs et des labeurs rayés. Des labours ouverts.
Sur la route, des poignées de sel.

2012

Important

Le noir dans le café

mardi 24 janvier 2012

Du rêveur

Le rêveur a ceci de Saturne qu'abusant du rêve, il n'en est pas moins désabusé de la réalité.

lundi 23 janvier 2012

Des pourquoi, ou pas

Récemment, on m'a demandé : "Et quel est le but (du site) ?"
Très bonne question, à laquelle vient naturellement la réponse, "et pourquoi pas ?".  Pour la même raison que le blog. ou presque, car il manquait au site un espace plus spontané, sporadique, un lieu où perdre des mots et des échanges plus rapidement, confronter en dur un peu d'objet brut.

Pour la gloire et l'argent, pour associer mon nom qui n'apparaît pas à une publication, un projet, un objet issu de je ne sais trop où, et qui prend forme lentement. Pas réellement, quoiqu'on y pense toujours forcément un peu. Parce que l'écriture est une catharsis qui s'épanche seule comme le pus que l'on a besoin d'essuyer sur une page blanche ou virtuelle et  inconsistante. Parce que l'afficher sur la toile pourrait permettre d'en avoir des réactions extérieures qui n'arrivent pas. Parce que seul, en couple, en famille, il y a toujours une part de l'esprit qui est seule avec elle-même et qui a besoin de se débattre et de débattre, de sortir sous une quelconque forme. Et que l'écriture est la seule forme qui me soit un tant soit peu familière au dressage, comme pisser debout en pleine nature face au panorama qui ne cesse de défiler ses horaires feuillus. C'est ce qui soulage, de tout et de pas grand chose. Elle permet de fixer une quelconque trace que l'urine ne laisse pas dans la terre, quoique chacune sera finalement absorbée.

Parce que peu habitué à parler, les mots s'organisent mieux couchés, lissés sur le papier, où le sens peut s'y reprendre, reprendre son souffle et sa matière. Nous sommes tous compliqués, ce peut être une façon de s'inscrire, tardivement, en avant de son époque, appartenir à cette époque évanescente, où hier a déjà cent ans, et demain n'arrive jamais assez vite.

Ce qui pourra perdurer, si je ne sais pas parler, si je ne sais pas partager, quelqu'un, mon enfant, saura certainement lire, et relire avec le sens. Celui que souvent je cache, car là-même, souvent sous la ligne prend une déviation, les lignes blanches ne sont jamais satisfaisantes, le permis n'a pas suffisamment de points.

Très vite, on s'aperçoit que l'on est un numéro, une inscription à un examen, encore mineur, puis on prend un numéro pour la santé, pour travailler, pour gagner et pour payer. Il y aura, pour un instant, un numéro impalpable, un nom creux sur une liste tissée de fil binaire, au sein d'une énorme matrice. Encore.
Puis, enfin, quand cela est possible, en toute franchise, on a tous plaisir à essayer de pisser le plus haut possible...

Peut-être moins anonyme, selon ce que finalement le scripteur, mais surtout le lecteur, voudront bien en faire, ou pas. Alors, à votre bon cœur...

dimanche 22 janvier 2012

Le vif

Brut rude, pour la qualité du vrai, délivré avec ses aspérités. La respiration de l'essence pour sa préhension, puis l'enjolivement du superfétatoire comme agrément au bloc de sel.

Espaces

Sous le couvert d'un nouvel espace, voici ouvert de nouveaux dires et de nouveaux lires.

Lorsqu'on se lève à 4h00 du matin, on a forcément un peu de temps à tuer... Puis un nouvel espace devenait nécessaire pour ouvrir à un autre mode d'échange, plus interactif et ponctuel.

Ainsi, bienvenu pour cette première...