lundi 28 avril 2014

Du ciel de traîne



 
Le ciel de traîne sa gueule
contre la mienne
une gueule d'orage éclaircit
la mienne
d'une affection humide
lape la couenne et les pas
le vent jaloux jappe
à la gueuele
du ciel de traîne savate
la mienne



 

dimanche 27 avril 2014

Des tronches de viande



 
Une pièce de viande qui s'émiette
entre deux tronches de demi-jours
se demande déjà comment faire
pour ne pas se faire bouffer
compte à peine saucée déjà
compte ne pas se laisser bouffer
entre deux tranches qui tournent
sur elles-mêmes alors qu'elle-même
fait sa petite espère faire sa petite
révolution d'elle-même entre ses
sales deux tronches de demi-jours
qu'elle rejoint à la fin de chacune
de ses petites révol-révolutions
où chaque matin tout recommence
la sauce salade con-condiments
en s'disant tournant sa langue
qu'c'est pas encore aujourd'hui
qu'elle ira se faire bouffer



 

vendredi 25 avril 2014

Dans le dos



 
faucher
défaner
amasser
ramasser
labourer
égaliser
semer
attendre
que sur le dos de la terre
les premiers brins des mots
percent 



 

vendredi 18 avril 2014

La marche 1.1



 
La première fois c'était aux caisses d'un Mammouth je n'ai pas compris de suite la sueur dans le dos les huées dans les yeux les entrailles qui coulaient d'entre les cuisses jusqu'aux chevilles collaient aux jambes du pantalon les huées dans tous ces yeux l’écœurement d'un huitième verre d'alcool dans un corps de sept ans. Il fallait partir et vite. J'ai supplié ma mère de retourner à la voiture jusqu'à ce qu'elle cède, laissant mon père régler la subsistance hebdomadaire en m'invectivant. Je crois que tout a commencé lors de cette fin d'après-midi.

Je me demande si cela tient à la génération. X, Y, un truc comme ça, pas de reconnaissance ni vraiment de compréhension pour l'une ou l'autre. Des questions d'époques surtout. J'appartiens surtout à la génération qui a grandi avec « une télécommande à la portée de main ». Les copains voyageaient dans des mondes en 2D sur des super-nes. Une génération zapping, un monde plat, en somme. Cette génération qui quinze ans plus tard ne se définit plus essentiellement par sa profession. Qu'il a du mal à décider, d'ailleurs. La première vraie génération à ressentir le contre-coup des années glorieuses pour maturer dans les années glorioles. Celle qui assumera le papy-boum. Celle pour qui bosser n'est pas surtout qu'une contingence intrinsèque, qui soit connive, soit permet de s'adonner à l’épanouissement personnel. Un habile mélange d'individualisme et de quête de satisfaction plus ou moins merchandisée. Parce que ça au moins ça n'est pas vendu, c'est éduqué comme une marche inéluctable. L'évolution technique abonde dans le sens. Heureux celui qui est à la pointe. La pointe de tout, surtout si elle embroche des billets. Dans ce marche ou crève, j'ai même fini par adopter la bécane. Ne pas être totalement largué. Déjà on lui a substitué d'autres artefacts de connectivité accéléré, un nouveau bracelet électronique au poignet. C'est cela, il faut aller vite. A grand frais, peu importe le prix du pétrole, la dette du plastique. La vie se connecte, t'en es. Sinon, t'es zappé.

Non, je ne reconnais ni l'époque, ni la génération. Je les noie dans le brouillard pour voir clair.
J'entretiens des brouillards depuis longtemps. Par nécessité. Je les fais évoluer parce que je vieillis. Ils vieillissent, ou pas, avec moi. On adapte, ou on crève. Ils sont une façon d'accepter le monde, de pouvoir le regarder, même en face, malgré la brume. Et dans ce brouillard je marche et je marche. Ce n'est que la distance qui permet de, mais pas de s'aveugler. Marcher de plus en plus loin et augmenter la distance, le recul. Et pourquoi ? Parce qu'à bientôt une moitié de vie, selon ce que laisseront les poumons, je n'ai fait que marcher, sans jamais parvenir à le faire droit. Je m'amuse avec cette image de brouillard depuis quelques semaines, c'était tiède et douillet après les mois d'inconfort. Summum, être capable nommer ce nouveau cap. Ça donne du pouvoir, donner un nom. Puissance du Verbe !
Paradoxalement plus je marche plus je vois, même si la balade répète, là où on dirait qu'il n'y a (plus) rien à voir. « Elle est ennuyeuse, la solitude. Il n'y a rien voir car rien ne bouge. » Les images n'y sont pas les mêmes. Le mouvement n'adopte pas la même vitesse. Il n'est pas question là de zapper

Je me suis aperçu que je marche depuis des années. Je marchais déjà avant les chasses de Mammouth, son dégraissage raté et après et ensuite je n'ai fait que ça. Je dois avoir quelques tours du monde délébiles sous les pieds, à l'image des empreintes que j'ai laissées. Que je laisserai, aussi. Et plus je marche et je croise, parce que forcément je croise, et pire, je vois, plus je trouve mon compte là où il n'y a ni génération ni X ni Y ni zap ni Z ni série. Que les épisodes des pas qui s’enchaînent sans coupures pub que celles que des générations de crétins s'acharnent à amonceler sur les bas côtés de leur air « j'étais ici, s'est mon pack de bière ma bouteille de Jack Daniel's ma boite à pizza mon sommier à latte ». Et ils lattent une terre qu'ils ne sont plus capable de regarder, ni même de faire le rapport un pied de houblon et la canette qu'ils passent par la fenêtre. Le monde est beau, pas trop longtemps, à travers une fenêtre. Et on me pointerait parce que je cultive des brouillards ?

Je me suis aperçu que j'aurai beau marcher, j'irai jamais assez loin qu'il le faut pour éviter tous ces yeux nauséabonds. Que tu peux leur causer avec plein de mots, leur richesse ne se trouve pas dans le vocabulaire mais dans le palpable. Ça ne se saisit pas, un mot. Ça ne se touche pas, à peine si ça touche et encore p'tit con c'est de l'affection connard c'est de l'amical. Puissance du Verbe... Ce que toi tu possèdes ils l'envient et cherchent un moyen de l'obtenir. Tu deviens un rival un obstacle une violence ouverte à leur dénuement. Et la destination de leur propre violence. Ou ils ne le comprennent pas se méfient ont peur finissent par haïr. Tu deviens un embarras un danger une violence insultant leur confort assis semi-allongé. Et la destination de leur propre violence. Tu la sens ? Elle t'accompagne une habitude même plus un rituel, il n'y a pas de sacré, plus qu'un culte.

Nous consommons des produits finis sans plus nous interroger sur le pourquoi du comment de la provenance ce que ça coûte de sueur de terre et de poussière d'hommes comme un dû à la monnaie, tant qu'on en a ou que ça en rapporte. La nouvelle psalmodie combien ça coûte plutôt que comment ça coûte. Parce que la main droite tient sa bourse toujours moins lourde que ses bourses et que la main gauche zappe pour que ça aille vite. Faut rester connecter. Nous sommes de là des produits finis.
C'est lorsque que tout est coupé que je le suis. De la voûte plantaire de l'épine dorsale des réseaux synaptiques. J'en arriverai peut-être pas à faire mon beurre faucher mon blé planter mon tabac, je suis d'une génération X ou Y ou un truc comme ça. Je me console en en ayant goûté les saveurs, les vraies, je veux dire, et ses sueurs. Il n'y a rien à léguer au monde, on s'arrange déjà avec le legs du monde lui-même. On sur-invente juste et le relègue en poubelle. Le brouillard est un tri dans lequel creuser un sillon. Son propre sillon, comme une ombre qui passe et qu'on oublie dans la rétine d'un autre. Dans lequel il peut se prendre les pieds.
Un sillon par une marche comme culture récolte transformation. Et profite et partage. Et profit peu, de quoi les prochains semis à valeurs ajoutés hors taxes. Car sais comment coûte plus que combien. Je marche pour n'être pas un produit fini. Je marche comme écrire suer évacuer cette indicible nausée qui me poursuis depuis l'âge des Mammouths.

 extrait d'un travail (?) en cours

 


jeudi 17 avril 2014

La marche thème 2.3.2



 
la marche émince le monde passe le jour à l'économe le pas coupe décape ajoure l'oignon monde, le sel coule sur les joues du dos les heures suent
l'ombre effile et le pied entre dans le sol-fil entre du jour craquelé, un pas un seing dans poussière ou boue tantôt consumé dès le membre se soulève déjà l'encre du pas évanoui
tandis l'ombre effilée, une ombre au sourcil sur le tableau de l'attardé, dehors et dans le décor le mensonge d'un œil qui s'en retourne s'accrocher au cadran s'en retourne dedans
la marche émince le monde au long des saules têtards l'écorce accessoire effondrée à même la mare, crevure d'une cellule inutile tantôt portée au ru nourrir vase ou boite noire
l'épaule l'empreinte le mot et l'ombre fondu dans le sol-fil la marche épand le souffre l'être gratte à la main la lumière la canne le clope la cale ce qui reste sèche la viande
le plus épais
les instants pemmican

extrait d'un travail (?) en cours

 

 

mardi 15 avril 2014

La marche thème 2.3



 
la marche émince le monde
le pas coupe décape ajoure
l'ombre effile et le pied
entre dans le sol-fil
entre du jour craquelé
un pas un seing consumé
dès le membre se soulève
une ombre au sourcil
sur le tableau de l'attardé
dehors et dans le décor
mensonge d'un œil
la marche émince le monde
au long des saules têtards
l'écorce accessoire effondrée
à même la mare
tantôt portée au ru
l'épaule l'empreinte le mot et l'ombre
fondu dans le sol-fil
la marche épand le souffre
l'être gratte

thème 2
extrait d'un travail (?) en cours


 

dimanche 13 avril 2014

De ce qui passe



 
il prenait une heure ou deux
à s’asseoir regarder
s'écrire le temps passer
il prend une heure ou deux
à marcher
qui du temps ou de lui
passe à présent
passé la rue des saules
et le ru de Bray
s'étend puis s’éteint
un dernier rai


  
 

vendredi 11 avril 2014

La marche thème 2.1

  

 
Il marche depuis
le soleil a un nom
il marche mille pattes
dans les ans
il marche des yeux
sur le silence sonore
illusion de l'autre
posé en ligne
papillons qui s'envolent
dans la tête
lorsqu'on les regarde
il marche avec les mains
sur des fils de bois
le long des doigts
les copeaux frisent
et se recroquevillent
sur lui-même
digitale empruntée

thème 2
extrait d'un travail (?) en cours

  
 

jeudi 10 avril 2014

mardi 8 avril 2014

Des-compositions



 
futaie furent-ils
là couchées
quelques branches
saisies se brisent
plus que ne viennent
n'est alors en main
qu'un morceau
sans début ni fin
un angle de souvenir

- on compose
(des)
décompositions -



 

lundi 7 avril 2014

Des airs détachés



 
Ça sent le propre et la lavande
les patates à l'eau
et le repos d'enfant

près, plus près de la baie
humidité d'herbe
et odeurs d'écorce sèche

dans la géographie d'amas
quelques mémoires
craquelées contractent
se réveillent les muscles

quelques stères
mémorielles soustraites
surprennent l'effort
de l'avoir été si aisément

quelques stères paginés
qui surprennent l'effort
d'être
si secs

dorénavant brochés
par la place
de l'absence

ça sent le propre et la lavande
les patates à l'eau
le rire d'enfant
et les aires détachées



 

mardi 1 avril 2014

Des impressions



 
Sable impressionné
de l'absence du pas
la marche oblongue
au soir
et se couche
l'impression absente
du sable distant
tandis la marche
au sens se rendre
rendu
semble la rotonde
du monde tant retorse