mercredi 1 août 2012

Du dialogue



         - Un beau jour, je te dirai, tu le sais, je n'ai plus rien pour toi. Tu m'écoutes, tu m'écoutes, mais je n'ai rien à te dire. Dans le fond, à part pour les lames, à quoi bon venir encore me voir ? Tu t'obstines, t'entêtes, mais n'es pas de tête. Vois-tu, tu crois être le seul, ils sont des milliers comme toi, à guetter chacun de mes plis, à tendre le nez. Tu ne fais que prendre ce que je ne donne pas, et tu n'as que du sable entre les doigts, qui coince entre les dents. Vois-tu, ils sont des milliers, mais à toi, je te le dis. Retourne-t'en, détourne-toi, va-t'en. Je n'ai jamais rien eu à dire, que le grain et le rien. Quand bien même en viendrais-tu à te jeter à moi, que tu finirais par être rejeté. Alors, s'il te plaît, retourne-t'en, va-t'en. Cette belle robe, opale, émeraude, n'est qu'un linceul pour des siècles d'esprits obsédés, dénudés, dénués. Laisse-la aller et venir sans plus suivre cette danse dont nul n'est capable de survivre.

         - Mais je n'y peux rien, ils sont inscrits, ces pas mouillés, il est mouillé, le roc à la rade. Ce grain, que tu donnes, c'est ce mouvement interne tempéré par ce rien, comme un rein à l'orage. Ce rien que tu donnes, c'est cette inertie interne mue par ce grain, comme une graine à la rage. Mais je n'y peux rien, tu es ancrée en moi, comme je suis ancré à tes côtés, à tes côtes. Se détourner de soi ne ramène qu'à toi, se détourner de toi ne ramène qu'à se dérober de soi. Alors je danserai les allers et venues pour survivre, obsédé, dénudé de nues. Et qu'importe que tu ne donnes rien, qu'ils soient des milliers, tu n'es qu'une et tes lames me mènent au fond.


 

5 commentaires:

  1. Bien. C'est reçu.
    Sur ce, bonne et belle vie !

    Enfoiré.

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  2. Du dialogue entre l'homme... et la mer...

    Sinon, enfoiré avec plaisir, un peu con aussi, et très connard à l'occasion, aucun problème, voire, avec service, sans facturation.

    Bonne et belle vie, cher(e) anonyme !

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  3. à la lame de fond
    à la langue de sable
    au ventre du courant fatigué
    confier ses tourments
    des fois ré (signé)

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  4. ça, c'est ce qui s'appelle une attaque en règle
    (c'est-à-dire signée)

    :D

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  5. ça passait mal réZignée...(signé à la pointe de l'épée comme l'autre)
    :D

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