jeudi 3 mai 2012

Des retours d'être allé

          Nous sommes assez vite sortis de Rouen, la route normande fut bien maussade, quoique rapide. La végétation est encore jaune, elle suggère, même foisonnante, qu'il a beaucoup plu ici. Le pays nous a accueilli d'une vaste brume, avant de nous rendre les vues bien connues. Nous avons fait un crochet par notre côte, grise, un peu triste, égale, mais pas assez pour en emprunter l'humeur.
Les bagages sont déjà déballés, le lave-linge tourne, lessive les derniers rayons qui tenaient aux fibres. Les souvenirs peints sur la céramique rangés sur les étagères. Ce sont les dernières traces tangibles de notre errance, celles encore palpables.
          Mon ami, ta région et ta compagnie ont toujours un goût de trop peu. Je sais bien, et retiens bien, qu'il y en a encore autant. Il y a tant de choses à voir, et tant à raconter. On s'en racontera, toutes les pierres ne sont pas retournées. Chez toi, c'est un peu un val sans retour, on n'en revient pas totalement. On t'a pris quelque chose, mais on en a laissé une autre.

8 commentaires:

  1. Ce dernier texte fait peur. Je ne l'aime pas.

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  2. voici ce que j’aime ici la lumière
    e diras-tu encore, ami
    cette même chose toujours recommencée
    la marche en route connue, l’arrêt sous la fenêtre
    les images plantées dans le cerveau comme
    arbres à l’ombre généreuse où venir réfugier
    et parfois, à midi,
    les yeux déployés vers ton rivage

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  3. Rouge Gorge : par sa banalité, sa médiocrité, sa tendresse, sa nostalgie ?

    Christine : et voir ton rivage, ami, me permettra de voir le mien différemment, de voir le mien sous un autre éclairage. De marcher sur ces rivages d'une façon égale, avec des ombres différentes dans la besace, et des pensées plus riches encore d'avoir fouler des routes qui se ressemblent sous ces dires où nous réfugier parfois.

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  4. Qu’il est rassurant ce rivage
    Il ombre la paupière sage
    Goût café en terrasse
    Ne pas perdre la trace

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  5. j'ai laissé
    le cigare inachevé
    dans le cendrier
    je reviendrai

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  6. il est bon de savoir que l'on y reviendra
    peu importe quand et comment
    juste savoir
    la trace là

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  7. Cédric : Par sa fatalité. Il n'est pas banal ni médiocre. Mais j'ai cru sentir ici une tendresse résignée, une fin, pire qu'une fin, un échec vu et accepté. Je ne l'aime pas mais peut être est-ce parce que je ne l'ai pas bien compris... ?

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  8. C'est bien cela, une tendresse résignée, une fin, mais pas un échec.
    La fin d'un épisode, acceptée, ne constitue pas un échec, du moins, pas ici.
    Il y a des passages qui ne peuvent durer éternellement. Ce n'en serait plus des passages. Il y a toujours un retour à l'errance, même si ce n'est pas au point de départ.
    La compréhension est bonne.

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