samedi 22 septembre 2012

Ceux qui sortent de terre



On les dit à profil bien qu'ils se tiennent bien en face.
On médit le profit de les voir remplir tout l'espace.
Ils n'ont pas l'art dans les manières ni les manières de l'art,
c'est qu'ils doivent vivre dard-dard lardés des messages
d'un monde de modèles immondes dont on les inonde.
Ils n'ont pas eu tous les codes ni n'encodent tout l'abécédaire,
pour cause ils décodent sans logique, à marcher aux pieds des lettres.
Ils feraient perdre la boule avec leurs mille casquettes,
dont ils se parent pour parer les roulés-boulés
pour masquer les facettes grises et argentées
de leur bouille en bouillie estampillée d'étiquettes.
Ils n'ont jamais vu la mer, les pieds ancrés dans la terre,
ils n'ont que l'air de la cité dans laquelle ils sont cloisonnés
et respirent les cahiers, les bagnoles brûlés, et l'éther.
Ils aspirent à sentir le sel des beaux quartiers
et les parfums sucrés des grandes surfaces
où ils viennent chercher les griffes dégriffées
et racler sur les baies leurs visages baffés.
Ils ne s'arrêtent pas à la barrière,
ils soufflent sur les bronches et les frontières
et se taillent comme ils peuvent des murs
pour protéger du dehors leurs engelures.
Ils sont nés brut et sans coffre-fort,
dans un couffin rude où les fées ont oublié le réconfort,
sans rentrer plus dans les moules où les autres les placent.
Loin des cousins rouges, ils ne savent pas lever les bras,
ne connaissent pas les coussins du ciel mais la loi de l'étroit.

Les enfants de terre luttent peut-être à l'abstraction,
pourtant, il faut leur rendre, forcent l'attraction.
  
  

4 commentaires:

  1. Un bel hommage que tu leur fais là ; tout le monde n'est pas si "aimable" avec eux, joli dé-cloisonnage ( dé pour le sort ainsi jeté)

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  2. Très beau texte. En plus je l'ai compris du premier coup!lol

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  3. Bon, ben pas de Stan...

    Beau texte, ou bel hommage, c'est à vous de voir (et merci !!), mais il est vrai qu'il fallait bien leur rendre quelque chose, en plus de leur en prendre et en donner.

    Christine, j'ai suivi : ça en a demandé, du boulot, après, c'est à chacun d'y voir...

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