mercredi 10 octobre 2012

De la fabrique

  
  
Dans un monde de fabrique de jardins domestiques, où la surface est dressée à l’ego du contentement, jouer un peu à Dieu, en te dispensant de petites pluies dessus ta petite tête, pour te montrer les pluies chaudes d'été, sorties du gant de toilette. Entre ces jardins clos, ouverts sur des allées faussement négligées, aux fleurs taillées qui semblent avoir oubliées de faner, voir encore les faulx se balancer, dans une jungle qui sèment ses graines d'anarchie sur les couvertures de gazon aseptisées.

Si ces coins de jardin sont les miroirs de leurs propriétaires, il ne faut pas voir dans la tenue militaire, dans la tenue millimétrée la grande maîtrise de l'être sur la nature, de l'être sur l'être. Il y transparaît inversement l'angoisse de l'être à la recherche d'un contrôle de son environnement. L'angoisse intérieure et profonde qui cherche prise sur ce qui l'entoure, pour la contourner, mieux se détourner du soi-même. A contempler ainsi la géométrisation de quelque chose qui était et sera là avant eux, un contentement rassurant s'empare de leur regard, de leur hagardise de n'être que des hommes. Il n'y a plus de jeu, plus la question de « jouer » à Dieu, mais celle de se prendre pour Dieu. Et celle de ne pas supporter ceux qui préfèrent le jeu au trop sérieux. Ceux qui tentent de se jouer des angoisses, de jouer comme ils peuvent avec elles, plutôt que de tenter de les tromper, de se tromper.

Être bon jardinier consisterait-il à s'employer stérilement à une domestication artificielle de l'environnement ? Il apprend la nature et son fonctionnement. Peut-être. Il apprend aussi à aller contre, et à fausser son dénuement.

Alors plutôt que de se prendre pour Dieu, y jouer, afin que tu découvres tout ce qui naît sans qu'on ait besoin de le composer, que tu apprennes à composer avec. Jouer ensemble à regarder les choses évoluer par elle-même, comprendre comment elles grandissent, et leur grandeur. Puis te regarder créer ta propre composition, en toute connaissance, ton propre jardin.

Puis pouvoir par toi-même te dire : « a vécu », comme on dit « a voté ». Sans jugement aucun, qui serait à la fois insuffisant, et suffisant. Mais vivre souverain au possible, et surtout en conscience.
 
 

2 commentaires:

  1. S'abstenir n'est pas de mise. Mort ou vif, a vécu.

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  2. Pourtant, d'aucun arrive à n'être pas même citoyen de leur propre vie...

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